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Les Amours, galanteries et passe-temps des actrices/03

La bibliothèque libre.
, Une Bayadère de l’opéra
A Couillopolis. 1700 [i.e. ca 1833] (p. 24-29).




CHAPITRE III.

Opinion de Mlle. Boussifflure.


Mesdames, dit à son tour Mlle. Boussiflure, si vous voulez me permettre d’émettre ma pensée, je crois que telle posture que l’on prenne pour arriver à la jouissance, elle ne vaut jamais le doux plaisir que nous goûtons par les préliminaires : si on était raisonnable, on se bornerait toujours à la petite oie, la jouissance n’en serait pas moindre, et elle aurait l’avantage d’être plus durable. D’ailleurs, nous ne serions pas exposées à une foule d’inconvéniens auxquelles nous sommes sujettes. Nous autres pauvres femmes, dès que nous permettons l’entrée du temple des plaisirs à ces vilains hommes qui ne songent qu’à contenter leur passion, sans s’inquiéter le moins du monde de notre réputation ni des suites que peut avoir pour nous une tendre faiblesse.

— Oh ! mademoiselle la philosophe, interrompit la Bourgoin, ne vas-tu pas prêcher morale et vouloir nous ameuter contre les hommes ; ne dirait-on pas que ton banquier D.... n’a d’autre régime que celui que tu voudrais nous imposer, et qu’il ne se nourrit que de viande creuse !

— Ne riez pas tant, mesdames, reprit Mlle. Boussifflure : mon banquier, qui ne veut que ce que je veux, ménage ma santé, et la petite oie est ce que nous faisons le plus souvent, mais en y joignant tous les accessoires dont ce doux jeu est susceptible. Quand je veux me livrer à ce plaisir avec mon aimable banquier, je fais consigner ma porte à tout le monde, et pour cause, ne voulant être interrompu dans ce délicieux passe-temps. Nous nous rendons mutuellement le service de nous débarrasser de nos vêtemens, et quand il ne reste plus à chacun de nous que sa chemise, nous nous mettons sur le lit et là commence l’œuvre d’amour.

Mon amant relevant ma chemise jusqu’au-dessus du nombril, met à découvert mes appas les plus secrets, et promenant ses mains et ses yeux sur deux tétons fermes, ronds et blancs comme l’albâtre, sur deux cuisses faites au tour, il me renverse mollement, je reste appuyée sur le coude gauche, laissant ainsi toute liberté à ma main droite d’agir et de saisir l’instrument de mon cher D......, qui s’est mis à genoux à mon côté. Quel plaisir j’éprouve à presser ce membre charmant entre mes doigts, que je fais doucement glisser du haut en bas, tantôt coiffant tantôt découvrant sa tête rouge et vermeille.

Pl 26.  
Amours, galanterie et passe-temps des actrices, Pl. 26
Amours, galanterie et passe-temps des actrices, Pl. 26
Quel plaisir j’éprouve a pressé
ce charmant bouton.

Pendant que je me livre à cet agréable badinage, mon jeune amant ne reste pas oisif, et pour me rendre tout le bonheur dont je le fais jouir, il introduit son doigt entre les poils de mon minon, et s’arrêtant sur la petite éminence qu’il y rencontre, il prélude par les plus douces titillations à la félicité dont peu à peu je me sens inondée ; les yeux noyés de larmes du plaisir, nous fixons l’un sur l’autre les plus tendres regards, et bientôt nos soupirs se confondent dans les plus tendres embrassemens, nos mains redoublent d’agilité ; le parfait bonheur n’est que dans la légéreté de la main d’un amant chéri ; il semble que sous ce frottement délicieux de son doigt notre âme va se fondre : on n’existe plus au monde ; on est dans un autre univers, et quelles ineffables délices quand votre voix mourante se joignant à la sienne, l’implore pour que son doigt ne quitte pas cet endroit, siége du plaisir, et lui dit : Ah ! grâce, grâce, mon ami; c’est trop de plai sir à la fois grâ ce ; ah ! je n’en puis plus, je me meurs Ces mots hâtent pour lui le moment de l’éjaculation, et bientôt il tombe dans vos bras, en lançant sur vous la liqueur céleste, et en recevant dans sa main celle que vous-même vous allez lui verser avec une si grande profusion !

— Oh ! la petite bougresse, s’écria la Bourgoin en éclattant de rire, lorsque Mlle. Boussifflure eut terminé. Quel feu elle met dans ses peintures : c’est au point que j’ai failli m’oublier moi-même devant vous, mesdames, et je vous avouerai franchement que cela m’a fait éprouver à certains endroits un chatouillement extraordinaire — Mais, voyons à votre tour, paillarde Brocadini, dites-nous votre avis sur ce point délicat : car je ne pense pas que vous soyez, comme la Boussifflure, portée pour la petite oie ?

Alors la Brocadini prit la parole et s’exprima ainsi :


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