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Les Chansons de Bilitis, suivies de Chansons modernes/Les Chansons de Bilitis/11

La bibliothèque libre.
Slatkine reprints (p. 29).


IMPATIENCE


Je me jetai dans ses bras en pleurant, et longtemps elle sentit couler mes larmes chaudes sur son épaule, avant que ma douleur me laissât parler :


« Hélas ! je ne suis qu’une enfant ; les jeunes hommes ne me regardent pas. Quand aurai-je comme toi des seins de jeune fille qui gonflent la robe et tentent le baiser ?


« Nul n’a les yeux curieux si ma tunique glisse ; nul ne ramasse une fleur qui tombe de mes cheveux ; nul ne dit qu’il me tuera si ma bouche se donne à un autre. »


Elle m’a répondu tendrement : « Bilitis, petite vierge, tu cries comme une chatte à la lune et tu t’agites sans raison. Les filles les plus impatientes ne sont pas les plus tôt choisies. »