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Les Chansons de Bilitis, suivies de Chansons modernes/Les Chansons de Bilitis/119

La bibliothèque libre.
Slatkine reprints (p. 142).


INTIMITÉS


Pourquoi je suis devenue lesbienne, ô Bilitis, tu le demandes ? Mais quelle joueuse de flûte ne l’est pas un peu ? Je suis pauvre ; je n’ai pas de lit ; je couche chez celle qui veut de moi et je la remercie avec ce que j’ai.


Toutes petites, nous dansons déjà nues ; quelles danses, tu le sais, ma chérie : les douze désirs d’Aphroditê. Nous nous regardons les unes les autres, nous comparons nos nudités et nous les trouvons si jolies.


Pendant la longue nuit nous nous sommes échauffées pour le plaisir des spectateurs ; mais notre ardeur n’est pas feinte et nous la sentons si bien que parfois, derrière les portes, l’une de nous entraîne sa voisine qui consent.


Comment donc aimerions-nous l’homme, qui est grossier avec nous ? Il nous saisit comme des filles et nous laisse avant la joie. Toi, tu es femme, tu sais ce que je sens. Tu t’y prends comme pour toi-même.