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Les Minutes de sable mémorial/Paralipomènes

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Fasquelle éditeurs (p. Image-130).

LES PARALIPOMÈNES

i

Pèlerin aux chemins célèbres
Dont des corps morts gardent les bords
Pour égrener de leurs doigts forts
Le chapelet de mes vertèbres,

Le ventouse bourdon de ma main de vélin
S’est fait chauve de ses racines de gorgone

Aux rocs roulés chus de mâchoire qui marmonne

De géant trucidé pour mon tapis félin.

Quintuple chapelet ma main de saule sonne
Damnation de ses feuilles d’espoir, couronne
De lépreux cliquetant du droit serpent câlin
Dormant au déroulement des routes de lin.


Le sable du sérail soumis à mes sandales

Tourne à mes yeux ses yeux de croix gyrant aux dalles.

Le cadran s’est fêlé de l’église au frappant

Double regard à la lune, en la florescence
Du halo de brouillard ainsi que l’on encense
Des lampadaires hauts, plates plumes de paon.

Chute des dés de fer au long des toits pliés

Des cloches bavant leur glas de mort pour la mienne.

Devantures des marchands de vin : oubliés
La conférence des falots rabelaisienne.

Le grand papillon noir afin qu’il n’appartienne
Aux masses de monnayeurs des chevaux liés
Ni de la corne des sabots en lourds piliers
Ricoche des pavés en glace aérienne.

Le vol s’est arrêté droit de la matité
De la noire cheminée au ciel ouaté.
Mais il me faut laisser des traces sur la terre

De la veuve sandale enchaînée à mon pied.
Des lampes, du ciel et du temps m’ont épié
Les inflexibles yeux rond nimbe au solitaire.


Je marche à l’horizon risiblement opaque
Au ricanement des cadrans. Et les bourdons
Ombres de pèlerins en file au ciel de laque
Frappent les gonds de l’horizon gardant ses dons.

La pluie est monotone en l’heure tombant : craque
Au plomb lourd de la pluie, ô Sablier qui vaque
Toujours, gonflant les épines des diodons.
Quand s’ouvrira le Jour qui s’épand en pardons

Irradiés au fond de mer ou de ciguës
Vers qui tournant au vent je vire mes mains nues
Priez : déjà la pluie et l’heure avec son pleur

M’engrillent pour la nuit et le sommeil sans rêve.
Pries que mes désirs dorment : et j’aurai l’heur
Que mon âme qui meurt veuille me faire trêve.

Versé le plat reflet des barbes dans l’eau moire
Des ifs vitraux au ciel s’intersèquent les plombs.
Ô visage si rond de la ville, les fonds
Qui dédaignent les bras plongeurs ont ta mémoire.


Ramant rapide sous les durs remous, la gloire
Se dessine fuyant des falots aux talons
Remontés du liquide à l’air les échelons,
Voici sur l’horizon se dresser la Tour noire.

Tombés plongent les clairs carreaux de deux prunelles,
Les doigts de la fenêtre oculaire infernaux
De l’orbite ont jeté deux larmes parallèles,

Et de douleur la Tour huhule en ses créneaux,
Cependant qu’à son front les aigrettes jumelles
Raides au ciel de laque arment deux sentinelles.

ii

Ne dressez pas vers le ciel noir la flamme de vos cheveux d’effroi quand le hibou tout seul et roi de ses lèvres de fer fait voir le rouge de ses tintamarres ; quand les hiboux dans leurs simarres, aux yeux d’espoir, aux yeux menteurs, dans leurs simarres chamarrées, soulevant leurs ailes d’emphase, dardent leurs yeux de chrysoprase vers le ciel noir.

Éloignez de devant ma face ces yeux vert pâle deux par deux, éloignez de devant mes yeux ces pâles astres deux par deux, étoiles de mort qui s’effacent du tableau noir du ciel de moire.

Et vos cheveux de fer brillant, vos lourds cheveux aux reflets bleus sont attirés par ces aimants qui pendent du ciel deux par deux.

Ô ne dressez pas les cheveux comme sous mon bras triomphant, mon bras aux muscles de potence, la tête vierge de l’enfant dont le sang clair depuis cent ans fond comme la cire d’un cierge sur les trois lampes du silence. Un jour, maudit au regard fou, j’avais crispé mes deux genoux sur ses épaules. Et mes pieds virent leurs muscles en vols pliés battre comme les pleurs d’un cœur ou des paupières. Et je vis s’allonger son cou aminci comme un sablier, son cou dont les tendons partirent avec un bruit de boucliers percés par les clous des fanfares, comme des cordes de guitares sous les doigts qui les ont liées.

Et le roucoulement étrange de l’âme lancée de son cou parmi la phalange des anges siffla dans le ciel noir comme l’essor effeuillé des ailes d’une chauve-souris.

Ô que triste est le chant du hibou, qui hérisse les cheveux intelligents des hommes fous, et que mélodieux comme le roucoulement de ce cou, ou le crapaud flûtiste qui tourne au gré de ma plume de fer et de mon front de marbre blanc, ces pages de ses mains fidèles servantes, de ses mains blanches pareilles à des étoiles de mer à cinq branches.

Crapaud à la peau séraphique, ouvre ton ventre gileté de blanc, offre le noir interne de ton ventre au bec inassouvi de ma plume de fer. Abreuve de ta substance ma plume de fer, crapaud bon serviteur, pour que j’épanche un récit de mon front, utile à ceux qui le liront.

Tous les jours, enlacés amis, nous marchions laissant passer l’heure coulant des sabliers, géantes fourmis, momies debout sur notre route. Et les caresses de ses mains sur ma peau blanche de satin laissaient se convulser les serpents verts des spasmes. Moi qui aurais voulu être assez affreux pour faire avorter les femmes dans la rue ou mettre au monde des enfants soudés par le front, je ne maudis point ma beauté, mettant à mes genoux l’éphèbe prosterné, et ce jour, crapaud bon serviteur, je te tolérai un rival.

Et tous ces plaisirs n’étaient pas avant le jour où sur mes pas la mort s’assit à son chevet le gardant de son œil crevé et tissant sur son lit les fils de ses mains glauques.


Les mourants regardent leurs mains. Les mains des mourants sont des mondes. Les mains de ceux qui vont mourir, gourdes et lourdes, sont fécondes en lutins d’épouvantements sur les épidermes dormants. Sur l’ivoire de leurs phalanges se livrent des combats étranges. Jusqu’à la fin des lendemains les anges gardiens sont des anges corps à corps au serpent d’Héden enroulés comme des bagues autour des mains. Sous le frou-frou des serpents bleus les mourants regardent leurs mains coulant comme un fleuve d’opale d’un regard figé de faïence.

Les mourants regardent leurs mains. Leurs yeux sont rivés à leurs mains et leur ouïe au chant du hibou ; vous n’obtiendrez leur regard fou qu’en posant vos mains sur leurs mains, en posant sur leurs mains de fièvre une caresse de vos lèvres.

Les mains des mourants sont des croix. Qui les souilla fut sacrilège. Mais c’est leur seul espoir contre les Démons hâves.


L’éphèbe regardait ses mains. De ses mains pécheresses seules je souffrais les caresses veules, et j’avais repoussé sa bouche comme un grand papillon macroglosse vers un bois louche. Et voyant remuer ses mains, voici deux chouettes centenaires sur le bois du pied de son lit que leur spectre noir embellit, voici deux chouettes qui marmonnent de leurs pures lèvres de corne, marmonnent et ne chantent pas. Les chouettes retiennent le glas, près de tomber, deçà leurs lèvres.

« Elles n’ont point sonné ma mort, n’ont point sonné mon hallali, les deux chouettes au pied du lit, maigres comme des sycomores. Et la mort doit prendre une vie. Quand les chouettes sonneront ma mort, quand leur grasse langue dans leur bec battra comme un battant de cloche, livre à la mort la chanteuse noire. Pitié ! voici jointes mes mains, jointes mes mains qui t’ont servi. La mort ne prendra qu’une vie. Sauve qui t’aime et t’a servi. »

Je tiens le pistolet brillant comme un cierge, avec lequel je coupe en l’air des fils de la Vierge ; c’est avec le même sans doute, pour entendre leurs cris, que j’attendais les femmes et les enfants au bord des routes. Voici les deux oiseaux noirs chamarrés d’hiéroglyphes qui me font des signes. Ils font des gestes de leurs cous, des gestes fous qui incantent.

Et j’écoute dilettante le râle, prologue ouvrant le concert qui m’enchante ; le râle est comme un train qui vibre au loin et surtout comme un cadavre dans un tonneau roulant de l’horizon jusqu’à mes pieds du haut d’une montagne. Et toutes les forces de celui qui va mourir orchestrent ce râle sublime, et ses yeux qui voient les lendemains sont fermés aux deux oiseaux symétriques, mes frères, claquant du bec et toussotant par avance sur le lit déjà funéraire. Et je ne suis point effrayé, sauf mon bras droit qui tremble, mais je le tiens fermement de mon impavide main gauche.

Il est aisé de tuer un hibou au pistolet : son beau front noir brille éclairé de ses deux yeux, ronds luminaires. Je les tuerai, quand ils chanteront, mais ils se taisent et ne me font point peur : car ils n’ont rien dit, ou du moins que ces mots insignifiants sortis de leur bouche de corne purificatrice sous leurs yeux blonds qui me fixaient : « Il est là, qui tient son bras. »


Ces paroles ouïes — nous étions quatre — deux chantèrent, deux dormirent bercés, et à mon réveil, seul humain sur terre, j’écrivis :

« Qu’il est doux leur chant ! Qu’ils chantent bien avec un mort et un vampire pour auditeurs ! Deux jours et deux nuits ils ont chanté, et les spasmes de l’agonisant marquaient des pauses. Le couple a chanté en mesure. D’abord le mâle a expiré un son de fldte ou de hautbois, tenant une note toujours la même. Et sa femelle un ton plus bas lui a répondu de sa voix de velours. Où donc ai-je entendu ce chant, depuis le jour où le cou rompu roucoula, depuis le jour où du crapaud aux mains pentagrammatiques s’éteignit la voix, pour s’être plongé malgré mes avis dans un marais glacé ? »


Hiboux, séraphiques hiboux, je ne puis désormais entendre votre chant : le cadavre en putréfaction empeste la chambre mortuaire, et il y a assez de chair pour que l’odeur reste longtemps. — Je vous ai pourtant octroyé à chacun un des yeux, rond dans les griffes, pour salaire. — Qui donc a jeté dans ce lit cette momie jaune, dont je ne puis séparer les mains, jointes par un ciment plus dur que la pierre ? Il est épouvantable de ne savoir si oui ou non elle me regarde. Hiboux ! rendez-lui ses yeux. — Éternel, je te parle comme à un ami, et je reconnais que tu peux me valoir ; mais ajoute deux ailes noires aux os forts de mes épaules pour que je poursuive le mâle qui s’envole par la cheminée avec l’œil d’où pend le nerf optique comme la queue d’un spermatozoaire. Et pour ravoir le second de la paire dépêche après sa femme le plus radieux et le plus rapide de tes anges, qui envient ma beauté comme j’envie leurs ailes rigides. — Hiboux, rendez-lui ses yeux — ou soufflez dans leur conque votre chant supraterrestre. Hiboux !… Hiboux !…

iii

Il y a beaucoup de livres dans la bibliothèque impersonnelle, et les murs, quand ils sont perpendiculaires au regard, sont de papier à lettre haut-rectangulairement quadrillé. Vulpian dit au Prolétaire à figure hexagonale où s’inscrivent les cercles de deux yeux jaunes (je voudrais ces yeux dans ma main, pour entendre le cri du soufre étranglé) : « Y a tant de livres dans ma bibliothèque, que. » Et la conversation tiraille en tous sens ce mot « livres » qui est à ce moment — et à ce moment seul il sait pourquoi — pour mon héros d’une importance capitale.

Retournant lui aussi cette phrase en tous sens, il y démêle la présence au milieu de la pièce d’une figure non inconnue. C’est la Recluse de la tour octogone qui flotte sur le cri des paons. Pourquoi est-elle si vieille et comme le cartilage du nez de ce fauteuil à triple front surétagé ? Ses mains pendent si bas qu’on ne les voit pas. Son profil (Aster la voit toujours de profil) est noyé d’ombre et il vaudrait tout autant qu’il la vit de dos. Mais non : car il perdrait le phénomène inexplicable qui le tire par l’iris de ses yeux avec un tire-bouton et dont je ne rapporterai que la constatation brève. Si son corps était moins voûté, son profil serait d’une échasse, l’hypoténuse de ses seins, malgré son âge, s’érige. Sachez que les Hommes-qui-ont-de-coutumières-intuitions-géniales ont découvert que cette érection des seins est concomitante avec la mort proche. — La moribonde elle-même le sait, car elle réclame des oreillers dans le dos. À quoi bon, vieille insensée ? L’angle qu’ils forment avec ton sternum sera plus aigu, et la mort viendra, bicycle d’os plus multiplié. Si j’avais un rapporteur, je vous prouverais que le rapport des deux vitesses est constant. N’importe, Vulpian encastre deux oreillers derrière le dos strié de la Vieille Femme.


Mais pourquoi le Jeune Homme les écoute-t-il avec les deux Jeunes Femmes dans la pièce à côté ? — Vous allez voir, Centenaire Recluse, avant de mourir, qu’ils nous écoutent. Et Aster ouvre la porte d’un seul coup, après avoir tourné le bouton sans bruit ; et, l’énergie du bruit inutilisé restant force, l’arrache des gonds, et la voilà qui pend à son annulaire comme une feuille de papier percé. Le Jeune Héritier était bien derrière la porte, et il se retire sur les talons en marmonnant une injure. Il se retire. Comment se fait-il qu’Aster et lui luttent entrelacés ? Mais Aster le dépose sur le plancher — non sans peine, grâce à la dureté de ses ongles et à la grande facilité de l’anche battante du larynx humain à se déclancher. — Il est tombé parce qu’il l’a bien voulu, proteste le Jeune Homme. Assez de tout cela. Retournons vers la Recluse : va-t-elle mourir et cracher ?


Aster reste en bas. Il y aura des apparitions (sachons moudre nos souvenirs sur la Pathologie du Cerveau — mémoire ou volonté — en la Machine à Décerveler de notre mémoire ou de notre oubli, sinon la peur, purgatoriale vertèbre, s’épanouit au crâne de l’enfer). Sa mère le nie. C’est en vain que tu chercheras des apparitions sur la tablette proche de terre, sous la table noire, où dorment les chaussettes que tu y jetas avant tes pantoufles. Mais il y aura des apparitions, clame le soutenant sa sœur en bas en Ophélie. Qu’Aster ne reste pas dans la salle gaie près de la rue, aux tuiles de garance, avec derrière l’écorce des tapisseries tapies, chargeant le mur d’argent, trois têtes de corbeau qu’on n’a pas retrouvées. « Elle vient ! Elle vient ! clame la sœur d’Aster en Ophélie, les yeux tout petits et la tête blonde en arrière ; l’autre ! Plutôt, viens ! » Elle a pris son frère par le bras, où la lutte avec le jeune homme se mire. Mais Aster n’enfonce point son ongle d’ivoire vert sous un larynx — qui n’existe pas, dur comme une pomme de pin ; — il ne la retourne point d’un seul bras, la robe rigide en l’air comme une hache. « Fais-la donc taire, crie-t-il à la porte de chêne, ou je Te la rends étranglée. »

Aster lui ficelle le bras droit avec la jambe droite, le bras gauche avec la jambe gauche, et pose comme un soldat de plomb, sur les dalles luisantes, l’X de l’araignée tétrapode.


« Ma sœur, s’écrie Aster soudain, romps de l’essor de tes radius les fils de fer galvanisés qui chevauchent tes membres entre-croisés, comme une jaune palissade au bord d’un jardin vert. Car si tu ne te détaches pas, comment viendras-tu m’annoncer ce qui se passe dans la chambre des rideaux ? Je sais que mon trisaïeul est mort, car c’est sa chambre. Et voici un baquet de zinc, où j’ai versé l’huile bouillonnante de Saint Jean, qui flambe devant la fenêtre, et les morceaux de zinc volent aux rideaux comme les bulles d’air du fond d’un seau. Peut-être n’est-ce là qu’un volètement loin de l’éventail de l’électricité. Car nous sentons des commotions terribles dans nos mains jointes. Et sans cesse et toujours les morceaux de zinc volent aux rideaux. Notre mère viendra voir leurs matches verticaux, et ne sera plus incrédule. »

Feuilletée par la maternelle approche la porte de chêne, Aster s’écrie pour la seconde fois : « Veux-tu t’en aller de ma chambre ! J’ai un revolver dans ma main, et qui partira sans nul doute. Je tâterai avec sa balle comme avec un tentacule très précis, les bruissements mobiles des ombres spectrales aux murailles. Ou je percerai tout être vivant — veux-tu t’en aller de ma chambre ! — qui fraudera la jouissance solitaire de MES apparitions. —

Car les voici qui commencent le défilé ; et voici que se lève tout droit, sur ma commode, le spectre de cet ami, vivant pourtant encore, à l’air godiche. Veux-tu t’en aller de ma chambre ! L’œil du revolver regarde aux rideaux l’invisible bruit de papier gris froissé.

Sur la deuxième vitre à gauche se lève le soleil de l’araignée nuptiale avec ses quatre pattes. J’allais tirer. Veux-tu t’en aller de ma chambre. Je la couvrirai d’un vase de cristal opaque, à manche spatulé, semblable à une clochette d’élévation. Et je la verrai pourtant, car le plancher est de transparent et blanc verre… — Merci, tu restes et m’aides à rouler le lit de fer à la courtepointe brune loin du mur, car jusque dessous l’araignée dévide le roulement de son peloton tombé. »


Aster furette de ses yeux de pendule. Or voici le larynx de la courtepointe qui se soulève, et l’inanimé qui parle obligeant, dénonçant en termes précis l’itinéraire de l’araignée chue. Aster récite une brève dissertation sur l’opportunité — voici les apparitions Auditives survenantes, elles ne sont plus pittoresques seulement, mais affolent les cheveux en rut — de dissiper le Surnaturel par un Signe. Disparu il le regrettera, mais il aura vérifié la valeur du signe… « AV NOM DV PÈRE… » Le borborygme s’arrache de ses lèvres comme de l’anus d’un chien. Les paroles de rêve étaient parlées avec la pensée rapide, et maintenant il a dû mouvoir des lèvres de chair ; et pour cela rappeler son corps astral voyageant, qui a dû ébranler les lèvres aussi rugueusement que la pile un cadavre. av nom dv père. Le gong prononcé flotte dans les airs en fumée stable, et le bras du réveillé, ébaucheur du geste, soulève le drap comme l’orteil vertical d’un géant mort.

Le réveil de cuivre bat sur la table noire. Aster le voit sans bouger, resté sur le côté gauche. Il est trois heures du matin, une horloge voisine a claqué trois fois ses dents de cuivre bleu.

Le 27 mars à trois heures du matin Aster a su avant tout le monde — et écrit, car sur sa table avec deux lampes éternelles brûle le crayon charbonné — que la Recluse était morte.


Et je l’ai su presque aussi vite que lui, par le Tatou, mon serviteur, qui rentrait par la chatière de ma porte, cliquetant squelette à quatre pattes.