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Les Monnaies de Confranchette

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Les Monnaies de Confranchette
Rivista italiana di numismaticaAnno Quarto (p. 189-249).


LES MONNAIES


DE CONFRANCHETTE (AIN)




C’est le cas de redire, en commençant cette étude, le vieil axiome de philosophie vulgaire : à quelque chose malheur est bon. La dégénérescence de la vigne, sous les coups répétés du petit insecte dont la science, vainement, cherche à combattre les ravages incessants, nécessite aujourd’hui un travail immense, mais précieux. De nouvelles plantations s’imposent, et, afin qu’elles ne soient point vouées d’avance à une désolante stérilité, il faut purifier, assainir le sol. On l’entr’ouvre, on le déchire sans pitié, et les parties profondes, que n’avait pas atteintes encore le labeur quotidien de l’homme, mises au jour, amènent parfois avec elles des souvenirs caractéristiques et pleins d’intérêt des temps qui nous ont précédés.

Sur la route de Confranchette d’en Bas à St.-Martin-du-Mont, et à mi-côte d’une charmante colline, qui regarde l’orient, s’étendent, à votre droite, des champs en pleine culture. Ils ont sans doute été détachés d’une ancienne propriété féodale[1], car on les surnomme encore le Clos. Là, en décembre 1888, deux habitants du village, Joseph Mortier et son fils, défonçaient une vigne tombée en friche. Soudain, un coup de pic éventra un vase, et ils virent, à leur grand étonnement, s’en échapper en quantité de petites pièces de monnaie. La trouvaille fut dégagée. On constata que le récipient, réduit en fragments, n’offrait plus aucune valeur. C’était une sorte de cruchon en terre, à fond plat et à la panse assez développée. La pâte présentait une teinte noirâtre, et un vernis vert la recouvrait en entier. Au-dessus une anse à plein cintre, allant diamétralement d’un bord à l’autre de l’orifice, en facilitait le port ou la suspension. Vase commun et de peu de prix, il est vrai, mais que son âge rendait digne d’attention, et dont l’étude aurait peut-être fourni quelques renseignements sur ce qu’était l’art de la poterie, dans nos campagnes, à la fin du XVIe siècle.

Leur long séjour en terre, leur exposition à une humidité constante avaient tellement oxydé les médailles, qu’elles étaient la plupart réunies en un bloc compact de poudingue métallique. On les recueillit avec soin[2]), dans la persuasion qu’on avait mis la main sur un trésor. Mais l’illusion s’enfuit et force fut de revenir à la réalité, quand, à sa demande, une personne autorisée, que nous regrettons de ne point connaître, déclara à l’heureux propriétaire qu’il n’avait aucun profit à espérer. Pour un trésor, c’en était un, mais pas au sens où le commun l’entend d’ordinaire.

Les choses en étaient là, quand le hasard nous mit au courant de la découverte. Nous ne fîmes qu’un saut de Varambon à Confranchette, d’où, grâce aux bonnes dispositions de Mr. Mortier à notre égard, nous revenions bientôt nanti de ses médailles, que nous nous promettions de soumettre à un sérieux examen.

Toutefois ce travail réclamait une opération préliminaire. L’épaisse couche d’oxyde, dont elles étaient enveloppées, rendait notre tâche impossible ; il fallait les décaper. Nous les plongeâmes dans un bain d’acide nitrique, étendu d’une suffisante quantité d’eau. L’action dissolvante de l’acide eut rapidement raison des sels, que le temps avait durcis, et même pétrifiés. Nous les en retirâmes parfaitement nettes, les reliefs très apparents.

Avant d’aller plus loin, quelques mots sur l’enfouissement de ce dépôt.

À quelques exceptions près, nos monnaies sont exclusivement savoisiennes ; la collection est donc antérieure à la cession de nos provinces à la France. Il y a plus. Une série de quarts de sept au sol est marquée d’un millésime, et nous la voyons se poursuivre de 1589 à 1594 sans interruption. Ce n’est point faire acte de témérité, croyons-nous, que de reporter à 1595 la date du fait qui nous occupe.

Henri IV avait, en effet, déclaré la guerre à la Savoie, et on était alors au plus fort de la lutte. Pénétrant dans la Bresse par Montluel, — seconde campagne, 1595 — Biron s’était avancé jusqu’à Villars qu’il avait livré au pillage. Mais voici qu’un message le mande en toute hâte en Bugey. Menacé dans Lompnes par le comte de Martiningen, qui arrivait à marches pressées avec une forte cavalerie, le seigneur d’Andert appelait Biron à son secours. Le maréchal ne put le rejoindre assez tôt. En apprenant la reddition de Lompnes, il saccagea bourgs et châteaux sur sa route, St.-Germain, St.-Denis, etc. et se rabattit sur Pont-d’Ain.

Le château n’était pas en état de défense. Après un simulacre de résistance, il se rendit à merci. Biron en fit son quartier général, et, malgré la trêve de Grenoble, que le roi venait de signer, se mit à dévaster la région environnante. Chaque jour, des détachements isolés, s’éloignant dans toutes les directions, brûlaient les villages, égorgeaient les habitants, et ne rentraient à leurs quartiers que chargés d’un honteux butin. Les pauvres villageois, affolés, constamment menacés de pillage et d’incendie, exposés à une mort de tous les instants, n’avaient qu’une préoccupation : mettre à l’abri leurs personnes et leurs objets les plus précieux. C’est dans ces tristes conjonctures, nous n’en doutons pas, que le possesseur de ce petit trésor crut prudent de le confier à la terre, avec espoir de restitution, quand des temps meilleurs, dont on apercevait déjà l’aurore, auraient enfin de nouveau apparu. Il ne revint pas. Qui sait le sort que lui auront réservé les cinq longues années de souffrances, d’angoisses et de perplexités cruelles, que dura encore l’occupation française, avant la paix de 1601 !

La terre garda son dépôt. On sait le reste.

Nous manquerions à la reconnaissance, si nous terminions cet exposé sans adresser nos remercîments à Mr. Perrin, ancien Conservateur du musée de Chambéry. À une extrême obligeance, Mr. Perrin joint une connaissance approfondie du Médaillier de Savoie. Ses excellentes publications en témoignent. Son concours nous a été très utile pour le classement de nos divers types et de leurs variétés.

En outre, nous nous sommes aidés de plusieurs ouvrages, notes et articles spéciaux ; les principaux sont :


Blanchet A., Notice sur quelques monnaies inédites de l’évêché de Sion.

Demôle E., Histoire monétaire de Genève de 1535 à 1792. Genève, 1887, in-4.

Duboin, Raccolta di leggi, vol. XX. Turin, 1851, in-f.

Hoffmann, Monnaies royales de France. Paris, 1878, in-4.

Perrin, Le monnayage en Savoie sous les princes de cette maison. Mémoires de la Société savoisienne d’histoire et d’archéologie, vol. XIII, 1872.

— — Catalogue du Médaillier de Savoie. Chambéry, 1882.

Poey d’Avant, Monnaies féodales de France. Paris, 1862, 3 vol. in-4.

Promis D., Monete dei reali di Savoia. Turin, 1841, 2 vol. in-4.

Rabut F., Notices sur quelques monnaies de Savoie inédites. Mémoires de l’Académie de Savoie, II série, t. I, p. 159 et suivantes, 1851.

— — Deuxième notice sur quelques monnaies de Savoie inédites. Mémoires de l’Académie de Savoie, II série, t. II, p. 47-80, 1854.

— — Troisième notice sur quelques monnaies de Savoie inédites. Mémoires de l’Académie de Savoie, II série, t. III, p. 119-135, 1859.


Telles sont nos références. Daigne le public faire bon accueil à un travail, que nous lui présentons, sous le patronage d’hommes et d’écrits aussi compétents.



Étude et Description.


La découverte de Confranchette comprenait environ dix-huit cents pièces. Quelques exemplaires, abandonnés à l’amitié de quelques-uns, ou accordés à la curiosité de certains autres, en ont réduit le nombre à seize-cents tout au plus. La plupart sont inédites. Le billon règne en maître ici[3] ; aucune médaille d’or ou d’argent n’embellit la collection[4]. C’est que, dans ces temps de guerre et de conquêtes, époque troublée s’il en fut jamais, l’or était rare, l’argent se dérobait, la petite monnaie seule circulait encore, mais discrètement, et on redoutait que, d’un moment à l’autre, tout ne finît par un effondrement lamentable. « Le peuple, — lisons-nous dans un Mémoire présenté au duc de Savoie, le 4 février 1595, par le Conseil d’État, le Sénat et la Chambre des Comptes, — le peuple, n’ayant à présent en son pouvoir que monnoye basse, la plupart fausse et contrefaite et une partie de légitimes, battues aux coins de S. A. (que pour la ressemblance susditte sera refusée sans différence ny distinction par la populace, voir par les plus clairvoyans) il se trouvera tout-à-coup dénué et dégarni d’argent et monnoies, car des quarts, huitains et seizains de ducatons, n’en faut point espérer, vu que le dit maître de monnoye (de Chambéry), déclare n’en pouvoir battre aucuns ».

Trois ducs de Savoie sont représentés : Charles II, Emmanuel-Philibert et Charles-Emmanuel I. Sous ces trois titres, nous devrons grouper la presque totalité de nos piécettes. Viennent ensuite l’évêché de Sion, Genève, Henri III, roi de France, Besançon et Philippe II, roi d’Espagne, mais c’est l’infime minorité ; on le verra au chapitre quatrième.


I.

Charles II.

Ce prince régna de 1503 à 1563, et son règne, l’un des plus longs, fut peut-être le plus malheureux de la monarchie de Savoie. En 1535, l’amiral Chabot s’empara, au nom de François I, de la Bresse, du Bugey, de la Savoie et de la plus grande partie du Piémont. L’année suivante, les Bernois se jetèrent sur les pays de Vaud et de Gex, le Genevois et le Chablais jusqu’à la Dranse. Il ne lui resta donc de ses états que la vallée d’Aoste. Il mourut, abreuvé de douleurs, à Verceil, le 16 septembre 1553. Il était fils de Philippe II de Savoie et de Claudine de Brosses, de la maison de Bretagne.

Malgré les malheurs de son règne, Charles apporta une grande variété dans les légendes, les formules et les motifs de ses monnaies. On peut dire qu’il est de tous les princes de la maison de Savoie, celui dont nous possédons la plus riche série. Promis et Duboin ont reconnu près de soixante-dix types différents. Il est regrettable que la valeur intrinsèque de ses monnaies soit d’une infériorité sensible comparativement à celles de ses prédécesseurs.

Nous n’avons de Charles II que les trois unités suivantes :

1. Module. — Mill. 19[5]. — D. : Entre quatre traits parallèles deux à deux, la devise fert en caractères gothiques ; le tout entouré d’un filet ; + carolvs : dvx : sabavdi entre grènetis. — R. : Croix de St. Maurice ; croix grecque aux extrémités fleuronnées ; filet ; autour : + et : avg : pretorie : n : v, entre deux grènetis. (Quart de sol).
Promis, pl. XXI, n. 67, et Perrin, Médaillier de Savoie, n. 281.


Rappelons une fois de plus, bien qu’on les ait déjà maintes fois signalées, les diverses interprétations, auxquelles a donné lieu la devise de Savoie. Selon les uns, il faut lire : Foedere et Religione tenemur ; d’après les autres : Fides esto regni tutela ; suivant d’autres enfin, on devrait voir, dans ces quatre lettres, les initiales des mots : Fortitudo ejus Rhodum tenuit. Le sens demeure toujours fort obscur. Ce qui accorderait, cependant, un certain crédit à la première leçon, c’est l’adoption qu’en a faite le duc Victor-Amédée I. On lit, en effet, en légende sur une pièce d’or de grand module, au millésime de 1635 : fœdere et religione tenemvr.

2. — Mill. 19. — D. : fert gothique entre quatre traits parallèles deux à deux ; filet, et, entre deux grènetis perlés : + carolvs dvx. sabavdie. — R. : Croix de St. Maurice dans le champ ; + et. avg. pretorie. n. v ; filets et grènetis. (Quart de sol).
Perrin, Médaillier de Savoie, n. 282.
3. — Mill. 19. — D. : fert entre quatre traits parallèles ; filet et grènetis entre lesquels : + carolvs : dvx : sabavdie. — R. : Dans le champ croix de St. Maurice ; + et. avg. pretorie. n. v. ; filet et grènetis. (Quart de sol).

Monnaies frappées à Aoste par Nicolas Vialard, conformément à l’ordonnance du 25 octobre 1549 ; voici l’article qui les concerne : « Quarts de quatre au gros ; loy[6], un denier douze grains ; poids, dix-huit sols, quatre deniers ; pièces, deux-cent-vingt au marc ; remède[7], en loy, deux grains, en poids, six pièces au marc, seigneuriage[8], deux quarts et demi par marc ».

Ces trois numéros sont des variétés d’un même type. Elles se différencient par l’absence de l’e final, au mot sabavdie, dans la première, et par les points intermédiaires de la légende, posés isolément, au droit de la seconde et au revers de la seconde et de la troisième. Ces variétés indiquent autant d’émissions différentes du même atelier ; elles sont nombreuses. Le seul compte du garde de la monnaie d’Aoste, de 1549 à 1552, en mentionne neuf distinctes sinon de forme, au moins, de poids. On y trouve des quarts de 18 sols, 10 deniers ; de 18 s., 9 den. ; de 18 s., 5 den. ; de 18 s., 6 den. ; de 18 s., 8 den. ; de 18 s., 2 den. ; de 18 s., 7 den. ; et de 18 s., 3 den.

Nous l’avons dit, la vallée d’Aoste était la seule province de la monarchie de Savoie, que n’eussent pas foulée les armées étrangères, lorsque, succombant sous des revers immérités, Charles II dut fuir devant les rigueurs d’un implacable destin. Plein de confiance en la fidélité de ses fiers montagnards, il avait transporté sa résidence et sa cour dans l’antique cité prétorienne d’Auguste. La rareté du numéraire produite par la suspension du travail dans les ateliers de l’État, les difficultés dans les transactions qui en étaient résultées, attirèrent l’attention du prince. Il y pourvut par la fondation de la monnaie d’Aoste. — Eodem anno (1549), dit la chronique inédite citée par Duboin, mense novembri fuit incepta cudi moneta in civitate Augustae, in domo nobilis civis Renati et Michaelis, fratrum Tollenorum, per magistrum Nicolaum Vialardi, dioecesis Iporediae, et fuerunt cusi quarti, fortes ac testones valentes 14 grossos bonae ligae, nec non aurei solis.

Indépendamment des quarts, des forts, des testons, des écus et des gros de 55 à l’écu, prescrits par l’ordonnance du 25 octobre 1549, Charles II tira encore de l’atelier d’Aoste, avant sa mort, des pièces de 4 gros (Ord. du 23 mai 1551), les deniers dits tallars (de 42 gros), des florins, des deniers de 4 gros, des gros de 123 au marc, des forts de 252 au marc, et des quarts de 220 au marc, comme les précédents, mais de deux grains de loi en moins. (Ord. du 15 juin 1553).


II.

Emmanuel-Philibert.

Si la Savoie, avec Charles II, semble aller aux abîmes, elle se relève avec Emmanuel-Philibert. Allié de l’empereur contre la France, et vainqueur à la bataille de St.-Quentin, il obtint, par le traité de Câteau-Cambrésis (1559), la restitution de toutes les provinces de ses États, qu’occupaient les armées françaises. Il rendit à la monarchie l’éclat des anciens jours et mourut le 30 avril 1580.

La numismatique de ce prince comprend environ soixante types actuellement connus ; ce n’est pas la totalité ; plusieurs n’ont pas été encore retrouvés en nature.

Les besoins du règne précédent, avaient fait recourir à l’altération des monnaies, pour alimenter le trésor. Emmanuel-Philibert brisa avec les errements du passe. En relevant le poids et le titre des espèces, il améliora leurs cours, et remit la confiance au cœur de ses peuples. Les ateliers d’en deçà les monts furent rouverts ; enfin, il réorganisa et régularisa complètement le système monétaire en Savoie. Son système, basé sur une progression régulière entre les diverses unités, se rapprochait beaucoup du système décimal, et nécessita peu de changements, lors de l’établissement de ce dernier[9].

4. — Mill. 19. — D. : La devise fert, en lettres gothiques, entre quatre traits parallèles, et entourée d’un filet ; + e. philibertvs. dvx. sab. ; deux grènetis. — R. : Croix de St. Maurice, et, entre deux grènetis : + et. avg. pretorie. n. v. (Quart de sol).
5. — Mill. 18. — D. : fert gothique entre quatre traits parallèles deux à deux ; filet ; autour : e. philiber. dvx. saba. ; deux grènetis. — R. : Dans le champ, croix de St. Maurice, entourée d’un filet ; + et : avg : pretorie : n : v ; grènetis. (Quart de sol).
Variété de Promis, pl. XXIII, n. 18.

Il y a beaucoup d’analogie entre ce quart et le type de Promis. Pour qu’on ne les identifie pas, nous ferons observer qu’au droit, les mots de la légende sont séparés par un point unique, dans l’un, et par un double point, comme au revers, dans l’autre.

6. — Mill. 19. — D. : Entre quatre traits parallèles, et entouré d’un filet, fert gothique ; + e. philiber. dvx. sabav ; deux grènetis. — R. : Croix de St. Maurice dans le champ ; filet ; + et : avg : pretorie : n : v ; deux grènetis. (Quart de sol).
7. — Mill. 19. — D. : fert gothique entre quatre traits parallèles deux à deux ; + e : philiber : dvx : sabav, entre deux grènetis. — R. : Croix de St. Maurice ; deux grènetis entre lesquels : + et : avg : pretorie : n : v. (Quart de sol).

Au commencement du règne d’Emmanuel-Philibert, la monnaie d’Aoste continua de frapper des quarts de gros, sous la direction de son premier maître, Nicolas Vialard.

Il est permis au maitre de la monnoie d’Aoste, noble Nicolas de Vialardis, de fère battre les pièces des monnoies tant d’or que d’argent contenues en l’ordonnance ci soubs actachée, et subscriptes par les maitres généraux d’icelle Réal et Dian, mandant aux gardes et contregardes et à tous autres officiers des dittes monnoies, les observer ung chacun d’eulx jeuxta leur charge.

Faict à Verceil, en la Chambre des Comptes, le 1 jour d’octobre 1554.

Le premier type de quart d’Emmanuel-Philibert est d’un grain en loi plus faible que celui de Charles II ; c’est, avec quelques deniers en moins, dans le seigneuriage, toute la différence, que nous avons remarquée, entre ces petits billons. D’ailleurs voici le texte de l’ordonnance ; on pourra comparer :

Item des quarts de gros, de denier 1, grains 11 en loy ; de sols 18, deniers 4, sont au marc 220 pièces ; de remède, en loy, grains 2, et pièces 6 en poids ; seigneuriage, un grain, trois quarts, par marc ; formes précédentes en changeant le nom de Son Altesse.

Les registres de la garde de la monnaie attestent que, du mois d’octobre 1554 au mois de février 1559, l’atelier d’Aoste mit en circulation 809 marcs de quarts.

L’alliage des quarts d’Aoste fut élevé de 1 denier, 11 grains, à 1 denier, 19 grains, par l’ordonnance de la Chambre des Comptes, du 12 juin 1559. Nous doutons cependant que l’atelier ait émis des quarts à ce titre. En effet, quelques mois à peine nous séparent de la grande réformation monétaire de 1561-62, et, à l’égard de la monnaie de billon, les généraux de Savoie formulaient la défense suivante à laquelle nous ne voyons pas qu’il ait été derogé : En oultre, les pièces contenues aux six derniers chapitres de la ditte ordonnance de non en fère alcunement battre à peine de dix marcs d’argent à toutes les fois qu’il (le maître) contraviendra jusqu’à ce qu’il ait autre exprès commandement de nous.

Les quarts de sol, frappés à Aoste postérieurement à la réforme d’Emmanuel-Philibert, c’est-à-dire de 1568 à 1570, reproduisirent le type des quarts frappés à Nice, vers la même époque, par Bernard Castagna, et que voici : module, mill. 18 ; initiales du prince, surmontées de la couronne ducale ; au revers, croix de St. Maurice, dans un double contour à quatre lobes aboutés[10].

8. — Mill. 18. — D. : Dans le champ, fert gothique, entre quatre traits parallèles ; au-dessous, un b accosté de deux points ; entre deux grènetis : + e : philiber : dvx : sabav. — R. : Croix de St. Maurice ; avxilivm : mevm : a : domin ; deux grènetis. (Quart de sol).
9. — Mill. 17. — D. : Champ meublé d’un fert gothique, entre quatre traits parallèles deux à deux ; au-dessous un  : b :  ; deux grènetis ; + e : philiber : dvx : sabav. — R. : Croix de St. Maurice ; + avxilivm : mevm : a : domin, entre deux grènetis. (Quart de sol).

Dès sa réouverture, après la paix de 1559, l’atelier de Bourg fut affermé par Luchin Réal, maître particulier des monnaies. Lorsqu’il en prit possession, la Chambre ne lui remit ni ordonnance, ni coins spéciaux. D’un côté, des projets étaient à l’étude en haut lieu ; de l’autre, le commerce avait un pressant besoin d’argent ; il importait donc de ménager, à la fois, le temps et la dépense. Bourg imita les prototypes d’Aoste, et livra des quarts exactement semblables à ceux que nous venons de décrire, si ce n’est qu’au revers on lisait : avxilivm mevm a domin. Un b, accosté de deux points, sur les uns, de quatre, sur les autres, indiquait l’atelier d’origine.

La légende : avxilivm mevm a domino, que nous rencontrons ici pour la première fois, appartient en propre au duc Emmanuel-Philibert. Il la fit graver, presque à l’exclusion de toute autre, sur les diverses monnaies de la première partie de son règne (1553-1561) ; allusion évidente aux malheurs de ses peuples et à ses infortunes personnelles, dont il n’attendait la cessation que du Ciel.

Charles-Emmanuel paraît l’avoir délaissée. On ne l’a reconnue, jusqu’ici, que sur des testons de 1581 et de 1585, et sur une belle pièce d’or sans date, que Mr. Rabut déclare être de 1607 environ.

Les princes de Savoie, qui ont le plus multiplié les légendes, sont : Charles II, Emmanuel-Philibert et Charles-Emmanuel. On trouverait aisément, ajoute Mr. Rabut, des rapports nombreux entre ces devises et les différentes phases de leur carrière[11].

Dans l’espace de quinze mois, c’est-à-dire du 25 juillet 1560 au 7 novembre 1561, la production en quarts de la monnaie de Bourg s’éleva à 1050 marcs, titre et taille[12] conformes aux ordonnances des 25 janvier et 2 avril 1560, et du 25 mars 1561.

Bourg était redevable de son atelier monétaire au comte Aymon. C’est en 1338, d’après les comptes des maîtres rapportés par Duboin, que cet établissement fut ouvert.

En 1465, 1467 et 1468, la monnaie de Bourg émit, en même temps que celles de Turin et de Cornavin, près de Genève, ces très rares écus d’or d’Amédée IX, dont on ne possède encore qu’un seul exemplaire. L’atelier était en pleine prospérité lorsque l’invasion de 1536, non seulement en arrêta l’essor, mais en amena la fermeture pour un temps. « Lors de la réorganisation du système monétaire (1561-1562) Emmanuel-Philibert fixa, par un règlement, les conditions et les ordonnances relatives aux monnaies battues à Bourg ; elles durent être aux mêmes titres, poids et conditions, que celles frappées à Chambéry »[13]. Le travail fut de nouveau suspendu à la monnaie de Bourg, en 1586, et, en 1601, la Bresse étant cédée à la France, l’atelier fut définitivement fermé.

10. — Mill. 18. — D. : fert gothique, entre quatre traits parallèles ; e. philibert. dvx. sabav, entre deux grènetis. — R. : Croix de St. Maurice, et, entre deux grènetis : + avxilivm. mevm. a. domi. (Quart de sol).
Variété de Promis, pl. XXIV, n. 27, et Perrin, Médail. de Savoie, n. 321.

L’observation qui fait suite au n. 4 trouve son application ici ; malgré la grande ressemblance de ce quart avec le type Promis-Perrin, on voudra bien ne pas le confondre.

11. — Mill. 18. — D. : Entre quatre traits parallèles un fert gothique, entouré de la légende : e. philiber. dvx. sabav ; deux grènetis. — R. : Dans le champ, croix de St. Maurice ; autour : + avxilivm. mevm. a. domin ; deux grènetis. (Quart de sol).

Le travail avait repris à la monnaie de Chambéry en même temps qu’à celle de Bourg. Pour le service de S. A., bien universel de la république, commerce et trafique avec ses voisins, dit l’ordonnance du 2 octobre 1559, est requis et nécessaire de battre et faire battre à Chambéry, les pièces de monnaies d’argent spécifiées en l’ordonnance cy attachée, qui sont : tallars, gros et quarts.

Nicolas Vialard, que recommandait sa longue expérience, quitta la monnaie d’Aoste et vint, avec son personnel, réorganiser l’importante officine de Chambéry.

Ayant, donc sur ce fait, bien meure considération, par manière de provision, à noble Nicolas Vialard, autrefois maître de la monnaie d’Aouste, lequel avons fait venir icy avec sa famille, et ustensiles, pour la fabrique, en considération de sa légale expérience, et féal service, lui ordonnons qu’il doive forger et battre icy, à Chambéry les espèces de monnaies icy dessus dessignées, que sont des tallars et demi-tallars, pièces d’un gros avec quelque peu de quarts, lequelles espèces de monnoies seront, tant en poids, comme en loy, selon les mêmes ordonnances de la fabrique d’Aouste, et cecy jusques que autrement lui soit ordonné[14].

Ainsi, pas plus que celle de Bourg, la monnaie de Chambéry n’eut de coin en propre pour la frappe de ses premiers quarts ; l’identité de ceux qu’elle émit, sauf pourtant la légende du revers, avec les quarts d’Aoste, est nettement établie. Du 17 octobre 1559 au 30 décembre 1561, on frappa, à la monnaie de Chambéry, 9470 marcs de quarts. Là doivent se borner nos constatations ; car vouloir préciser en vertu de quelle ordonnance nos quarts ont vu le jour, serait témérité de notre part. Les pièces d’un quart, les quatre valant un gros, par la dite ordonnance du 25 janvier 1560, conforme à celle d’Aouste, sont à 1 denier, 9 grains en loy, et en poys, à 220 pièces au marc, de remède, en loy, 2 grains, et en poys 6 pièces, et de seigneuriage, 6 quarts. — Et depuis par l’autre ordonnance du 26 mars 1561, a été permis aux ministres des monnoyes de Chambéry et Bourg de battre des quarts, à 1 denier, 6 grains en loy, et en poys 19 sols, 8 deniers, faisant 236 pièces pour marc, avec les droits compris et précédentes ordonnances. Deux ordonnances, prescrivant la frappe de quarts différents, se suivent donc à quatorze mois d’intervalle. Des émissions ont eu lieu aux conditions déterminées par l’une et par l’autre ; à quel groupe rattacher les précédentes ? nous avouons l’ignorer. Si l’usure, et, sans doute aussi, la fraude n’avaient pas altéré le poids primitif de ces pièces, nous aurions pu tenter la démonstration, en prenant la taille pour base ; mais le faire en l’état, n’aboutirait qu’à une conclusion fort incertaine.

Le monnayage était déjà en pleine activité, à Chambéry, vers le milieu du XIIe siècle ; nous en trouvons la preuve dans un compte du châtelain de Montmélian, de juin 1263 à juin 1264 ; — redit computum… CC. L libris receptis de monetariis scudentibus monetam apud Chamberiacum concessam eis pro tanto per annum[15]. De même qu’à Bourg et, en général, partout où existait un atelier monétaire, les privilèges des monnayeurs, leur exemption des tailles et autres impôts provoquèrent fréquemment des plaintes de la part des habitants surchargés. Ces immunités les abritèrent dans le principe ; mais les siècles marchaient, et, un vent d’égalité menaçant de tout renverser, ils durent rentrer dans le droit commun. Les registres des anciens syndics de Chambéry portent la trace de ces luttes d’intérieur.

« Vers la fin de XVIIe siècle, cet atelier fut donné à ferme (1640), puis mis à l’enchère pour un terme de trois ans ; des difficultés, élevées par la Chambre des Comptes, interrompirent la fabrication. Un mémorial fut présenté à Charles Emmanuel II (1660) sur les avantages qu’offrirait le rétablissement de l’hôtel des monnaies de Chambéry ; il n’y fut pas donné suite, et, lorsque Victor Amédée II voulut faire face au besoin de menue monnaie, causé par le retrait des anciennes, le manque absolu de matériel ne permit point de l’utiliser. Il servait d’habitation à l’essayeur de la monnaie, que nous y trouvons encore installé, lors de la vente par l’État (1717) »[16].

12. — Mill. 18. — D. : Initiales du prince, surmontées de la couronne ducale, et séparées par des roses ; au bas, fleur à cinq pétales bilobés ; entourées d’un filet et d’un grènetis. — R. : Croix de St. Maurice dans un double contour, formé de quatre lobes aboutés ; points aux angles intérieurs ; un a sur le double cercle d’en bas ; filet et grènetis autour. (Quart de sol).
Atelier d’Asti en Piémont.

On n’est pas sans avoir remarqué la différence de forme, entre ce quart et ceux que nous avons précédemment décrits. C’est le quart nouveau, le type créé par les ordonnances de réforme de 1561 et de 1562. Il est moins ouvragé et n’est cependant pas sans grâce dans sa simplicité. Reportons-nous, pour en connaître les divers détails, aux lettres patentes, que nous venons de rappeler. Il est énoncé de la sorte dans celles du 29 septembre 1561 : Plus, se feront pièces de un quart, les quatre pour 1 sold, qui seront en loy à 1 denier, 12 grains, et pièces de 248 au marc, avec remède de 1 grain en loy, et pièces de 6 en poids ; le brassage[17], sols 9, deniers 3.

Ce quart aura été frappé en 1562, à la suite de l’ordonnance du 13 mars, qui étendait à toutes les monnaies de l’État la réforme du quart, restreinte d’abord à celles de Bourg et de Chambéry. On verra, par ce que nous dirons tout-à-l’heure, qu’il n’est guère possible d’en attribuer la production à une date ultérieure. Nous allons ajouter, pour compléter ces observations, quelques mots sur les quarts qu’émit la monnaie d’Asti, antérieurement à ces derniers.

Le type présentait deux varietés :

a. — Mill. 18. — D. : fert entre deux nœuds de Savoie ; + e. philiber : dvx : saba : — R. : Croix de St. Maurice : avxilivm : mevm : a : do. — Loi, 0 denier, 19 grains ; poids 20 sols ; 10 deniers ; qui sont 250 pièces au marc ; remède de loi 2 grains, et remède de poids 6 pièces au marc[18].
b. — Mill. 18. — D. : fert, comme le précédent : * e. philiber. dvx. saba. — R. : Croix de St. M. : * pr. pemon. co. ast. — Loi, 21 grains ; poids, sols 82 ; qui sont 252 au marc ; remède, lei, 2 grains, poids, 6 pièces.

À la première variété, que prescrivait l’ordonnance du 28 juillet 1552, l’ordonnance du 1 octobre 1554 substitua la seconde. La vogue de celle-ci dura près de 4 ans ; en juillet 1558, les anciens quarts reprirent faveur, et leur disparition définitive n’eut lieu qu’en 1561, à la création du type que nous étudions.

Asti avait déjà un atelier monétaire au XIIe siècle. Le droit de battre monnaie lui avait été accordé par l’empereur Conrad en 1140[19]. Ses espèces, très recherchées en Piémont, sont fréquemment mentionnées dans les actes publics du moyen-âge[20]. Elles avaient cours dans toutes les provinces de Savoie, et étaient reçues au même titre que la monnaie indigène. Il ne nous appartient pas de raconter les vicissitudes diverses de cet atelier, à travers les âges ; franchissons d’un pas les quatre cents ans qui nous séparent du XVIe siècle. En 1541 Asti fut de nouveau dote d’un établissement monétaire. Ancien comté, Charles-Quint l’avait remis, en 1531, à Béatrix de Portugal, sa belle-sœur, femme de Charles II de Savoie. À la mort de la princesse, arrivée dans les premiers jours de 1538, il avait passé, par voie d’héritage, à son fils Emmanuel-Philibert. Tandis que celui-ci faisait sa première éducation militaire à la cour de l’empereur, son père établit un atelier dans la petite souveraineté, où il fit battre monnaie, au nom du jeune prince. Le travail y fut très actif jusqu’en 1562 ; mais un déclin rapide se manifeste à partir de cette époque. Le nom même de l’établissement, presque oublié, ne reparaît que dans l’ordonnance du 15 juin 1587, la seule du règne de Charles-Emmanuel relative aux monnaies, où il soit question d’Asti. Il est à croire, en effet, qu’il ne fonctionnait pas depuis longtemps, car Duboin dit avoir rencontré aux Archives de la Cour des Comptes de Turin, à la date du 15 décembre 1587, le bail à ferme d’une maison d’Asti, pour l’installation d’une officine monétaire. Il ajoute qu’il n’a trouvé aucun document postérieur, établissant qu’elle aurait été en activité depuis[21].

13. — Mill. 16. — D. : Les initiales e. f ; au-dessus, couronne formant croix avec quatre roses, l’inférieure accostée de deux points ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. Maurice, dans un doublé contour à quatre lobes aboutés ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; un b sur le doublé cercle d’en bas ; autour, filet et grènetis. (Quart de sol).

On croit généralement que le point de relief, dit point secret, observé sur quelques monnaies, était produit par l’une des branches du compas, dont se servait l’ouvrier pour tracer le contour de la pièce et le grènetis. Il faut également voir dans le filet un hors d’œuvre du même genre, ayant la même origine.

14. — Mill. 17. — D. : Initiales du prince ; quatre roses formant croix avec couronne au-dessus ; la rose inférieure accostée de deux points ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M., avec point secret au centre, dans quatre segments de cercle aboutés ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; un b sur le doublé cercle d’en bas ; filet et grènetis. (Quart de sol).

Perrin, Méd. de Savoie, n. 841 et Rabut, 2eme notice, pl. 11, n. 6.

15. — Mill. 17. — D. : Les initiales e. f. ; couronne formant croix avec quatre roses, celle d’en bas accostée de deux points ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un doublé contour à quatre lobes aboutés ; points aux angles extérieurs ; un b sur le doublé cercle inférieur ; filet et grènetis. (Quart de sol).
16. — Mill. 16. — D. : Initiales du prince surmontées de la couronne et quatre roses en croix, l’inférieure à cinq pétales bilobés ; filet et grènetis. — R. : Croix de St M. ; dans un contour de quatre doubles cercles aboutés ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; un b sur le doublé lobe d’en bas ; filet et grènetis. (Quart de sol).
17. — Mill. 16. — D. : Dans le champ, initiales du prince, couronne formant croix avec quatre roses, l’inférieure à cinq pétales bilobés ; filet et grènetis. — R. : Dans un doublé contour à quatre lobes aboutés, croix de St. M. ; point aux angles intérieurs ; b sur le doublé cercle d’en bas ; autour, filet et grènetis. (Quart de sol).
18. — Mill. 16. — D. : e. f. et quatre roses formant croix avec la couronne ducale pour sommet ; filet et grènetis. — R. : Doublé contour quadrilobé ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; croix de St. M. dans le champ ; au bas, un b, sur le doublé cercle ; filet et grènetis. (Quart de sol).

Perrin, Monnayage en Savoie, p. 149, et Méd. de Savoie, n. 342.

19. — Mill. 17. — D. : Les initiales du prince ; croix formée de quatre roses, avec couronne au-dessus : filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un doublé contour à quatre lobes aboutés ; points aux angles intérieurs ; un b sur le doublé cercle d’en haut ; autour filet et grènetis. (Quart de sol).
20. — Mill. 17. — D. : Initiales du prince ; au-dessus, la couronne ; trois roses ; au bas, fleur à six pétales bilobés ; filet et grènetis. — R. : Champ meublé de la croix de St. M. en un doublé contour à quatre lobes ; les angles intérieurs terminés par des points ; un b sur le doublé cercle d’en haut ; filet et grènetis. (Quart de sol).
21. — Mill. 15. — D. : f. f. surmontés d’une couronne formant croix avec quatre roses ; filet et grènetis. — R. : Dans le champ, doublé contour à quatre lobes aboutés ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; croix de St. M. avec point secret au centre ; au bas, un b portant sur le doublé cercle ; filet et grènetis autour. (Quart de sol).

f. f. pour e. f . Nous avons vu, aux musées de Chambéry et d’Annecy, un certain nombre de quarts, identiques à celui-ci. D’où vient cette singularité ? Doit-on en attribuer la cause à l’erreur ou à la fantaisie du graveur ? Fantaisie !… non ; il serait vraiment étrange que la pièce essentielle du type, ait été abandonnée au caprice d’un employé d’ordre inférieur. Quant à l’erreur, elle paraît aussi peu probable, et même matériellement impossible, lorsqu’on réfléchit combien était active et incessante, la surveillance à laquelle se trouvaient soumis, la gravure des coins, la frappe des flans, les ateliers et, en général, tout ce qui concernait la fabrication des monnaies. Ne bailleront, disent, au sujet des graveurs, les ordonnances du 15 octobre 1535, art. 80, ne bailleront ni changeront aucuns ferts à aucuns monnoyeurs, sans la présence et ordonnance des maîtres généraux ou gardes ; ne bailleront aussi aucun fert, qui ne soit entièrement taillé ; tellement qu’il ne faille forme de lettre différente, n’y autre quoy que se soit, et n’empireront leur taille, soit d’or ou d’argent, à request ni poursuitte des monnoyeurs, ny d’autres quelconques, mais la continueront de leur pouvoir toujours en amandant, selon les premières montres ou patrons. — Item, les dits tailleurs seront tenus d’alter une fois la semaine visiter les monnoyeurs, pour voir si aucune faute ils font, ou monnoyer leurs trosseaux et pilles, pour les admonester à les bien conduire et bien marquer. Art. 83.

D’ailleurs, avant leur réception définitive, on s’assurait toujours, par une épreuve, de la parfaite exécution des coins.

À notre avis, il ne faudrait pas être étonné, outre mesure, de cette anomalie, quoique les motifs en demeurent encore inexpliqués. On rencontre assez fréquemment, dans la numismatique de ce temps, des répétitions de lettres semblables. Sans chercher loin : les douzains de Charles IX, roi de France, portent, au droit, deux c accostant un écu fleurdelisé[22], et, dans un instant, nous verrons, avec une ordonnance à l’appui, Charles-Emmanuel faire graver, lui aussi, deux c, sur quelques unes de ses monnaies.

22. — Mill. 18. — D. : Les initiales d’Emmanuel-Philibert ; couronne et quatre roses disposées en croix, l’inférieure accostée de deux points ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un doublé contour à quatre lobes aboutés ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; un b sur le doublé cercle d’en haut ; autour filet et grènetis. (Quart de sol).
23. Mill. 15. — D. : Initiales du prince accostées de deux roses ; rose entre deux ; couronne au dessus ; filet et grènetis autour. — R. : Doublé contour à quatre lobes aboutés ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; croix de St. M. ; un b sur le doublé cercle d’en bas ; filet et grènetis. (Quart de sol).

À quel moment les divers quarts qui précèdent, marqués au différent de Bourg, sont-ils sortis de cet atelier ? Pour obtenir à cet égard une certitude absolue, il nous faudrait des données autres que la nomenclature sèche, aride, extrêmement concise, fournie par les ordonnances. Il nous reste, en effet, plusieurs ordonnances relatives à la monnaie de Bourg, de 1562 à 1580, où les quarts sont spécifiés. Après en avoir fait l’étude comparative, nous avons succinctement condense, en un résumé que voici, les déductions les plus exactes qu’il nous a été possible d’en tirer.

Le 4 novembre 1563, on reçut, à Bourg, l’ordre de frapper 10.000 marcs de monnaie, tant en or et en argent qu’en billon. Un mois après (2 décembre 1563) la Chambre des Comptes transmit à maître Luchin Real, nous ne savons sous quel prétexte, la défense de fabriquer des quarts et des deniers de 12 au sol, sans une autorisation spéciale, qui ne serait donnée que quand verra être à faire pour le bien et utilité du pays. Il paraît que le bien et l’utilité du pays ne réclamèrent pas de si tôt la mesure ; l’absence de ces deux espèces, dans les comptes des maîtres particuliers de Bourg, de 1563 à 1572, permet du moins de le conjecturer. Durant cette période de neuf années, Bourg ne fit qu’une battue de quarts, du 26 mai 1566 au 9 janvier 1568, et encore n’est-elle enregistrée au compte de Pierre de Luan, que pour le faible poids de 100 marcs, en chiffres ronds. À la qualité de l’alliage, qui était d’un denier et demi d’argent et à la taille qui était de pièces 252 au marc, on reconnaît les prescriptions de l’ordonnance du 4 novembre 1563.

Le quart était d’un emploi si commode, l’usage en était tellement répandu, qu’avec sa non fabrication la gêne envahit la province. On construisait alors, à Bourg, la fameuse forteresse, qui devait faire de la ville la première place de guerre de l’Europe. L’agglomération ouvrière, produite par les travaux, souffrant, de son côté, de la rareté métallique, fit à son tour, entendre des plaintes. Les syndics et les habitants, aidés du concours du trésorier de la citadelle, s’en firent les échos auprès des maîtres généraux de Savoie. Leur supplique concluait à ce qu’il plût à la Chambre enjoindre au dit maître de la monnoie de Bourg, de battre et faire battre de la monnoie blanche, nommée sols, quarts, forts et autre prime monnaie, pour le proufit et utilité de la chose publique.

Leur demande fut agréée : Ayant égard à ce que dessus, disent Nos Seigneurs des Comptes, n’empêchons que, par provision, il ne soit enjoint au maître de la monnaie du dit Bourg, de battre toute espèce de monnoye blanche, pièces de quatre sols, sols, quarts et autres, jusques au concurant de six à sept mil marcs, le tout suivant l’ordonnance. (27 mars 1572).

Dès ce moment nous pouvons suivre les émissions du quart. De 1572 au 16 mars 1577, 1745 marcs sont ouvrés par Sébastien Gartisseur, et 3686 par Emmanuel Dian, du 27 juillet 1577 au 27 juillet 1580. Cependant les registres des gardes accusent, pendant le même intervalle, une mise en circulation de 3495 marcs seulement.

24. — Mill. 18. — D. : e. f. ; couronne au-dessus formant croix avec quatre roses ; filet et grènetis autour. — R. : Croix de St. M. dans un doublé contour quadrilobé, avec points aux angles intérieurs ; en haut, un c sur le doublé cercle ; filet et grènetis. (Quart de sol).
25. — Mill. 17. — D. : Initiales du prince ; quatre roses en croix ; couronne au-dessus ; filet et grènetis. — R. : Dans un contour à quatre lobes en méplat, croix de St. M. ; un c sur le double cercle d’en haut ; filet et grènetis. (Quart de sol).
26. — Mill. 17. — D. : Les initiales du prince, surmontées de la couronne ; quatre roses ; autour, filet et grènetis. — R. : Dans le champ, double contour à quatre lobes aboutés ; croix de St. M. ; pointa aux angles intérieurs ; un c porte sur le double cercle d’en-bas ; filet et grènetis. (Quart de sol).
27. — Mill. 16. — D. : Les initiales b. f. ; croix formée de quatre roses semblables, avec couronne au-dessus ; point au-dessous de la rose d’en-bas ; autour, filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans une rosace quadrilobée à double contour ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; un c sur le double cercle d’en bas ; filet et grènetis. (Quart de sol).
28. — Mill. 17. — D. : Couronne surmontant les initiales du prince ; quatre roses disposées en croix ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un double contour à quatre lobes aboutés, avec points aux angles intérieurs et extérieurs ; un c sur le double cercle d’en bas ; filet et grènetis. (Quart de sol).
29. — Mill. 16. — D. : Initiales du prince, accostées de deux roses ; rose entre deux ; au-dessus, la couronne, filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un double contour à quatre lobes aboutés ; points aux angles intérieurs ; un e sur le double lobe d’en-bas ; filet et grènetis. (Quart de sol).
30. — Mill. 16. — D. : f. f. surmontés de la couronne et accostés de deux roses ; rose intermédiaire ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un double contour de quatre demi-cercles aboutés ; les angles intérieurs terminés par des points ; un c sur le double lobe inférieur ; filet et grènetis. (Quart de sol).

Depuis 1559, Chambéry et Bourg marchent, pour ainsi dire de concert, obéissent aux mêmes ordres, travaillent sur les mêmes types, et produisent simultanément presque la même monnaie. Ce que nous avons dit plus haut, sur les dates approximatives des différentes émissions de quarts, à Bourg, est applicable, en partie, aux quelques variétés ci-dessus, sorties de l’atelier de Chambéry.

Extrait des ordonnances se rapportant aux dits quarts. Du 5 décembre 1563 ; ordre notifié à André Morel, maître particulier de la monnaie de Chambéry, de frapper 3, 750 marcs en pièces de quarts, dont les quatre font un gros, et deniers, dont les douze font aussi un gros, à la charge, toutes fois, que le dit Morel, commis en la dite monnoie, ne pourra faire battre des dits quarts et deniers si non s’ars, et quand et ainsi qui lui sera mandé et ordonné par la ditte Chambre. Cependant, sur les observations du maître, la Chambre se ravisa et lui permit : de battre et fabriquer en la dite monnoie et zèque[23] de Chambéry en quarts, jusques à la somme de 100 écus et non davantage, aux conditions et suivant l’ordonnance du général des monnoies du 4 novembre 1563, et ce, par provision et pour le bien et utilité du pays, jusques à ce que autrement en soit ordonné.

Le quart, visé dans ces lignes, n’était déjà plus celui de 1561-62 ; l’ordonnance annexée à cet arrêté de la Chambre des Comptes, en exposait de la sorte le titre, le poids et la valeur : plus, pièces de quarts, les quatre pour un sold, seront en bonté à denier 1 ½, et en pois, pièces 252 pour marc, auront de remède, en bonté, grains 2, et en pois, pièces 8 pour marc.

Quarts frappés à Chambéry, en vertu des ordres précédents, par maître Etienne Burge, du 23 juin 1565, à la mi-mars 1567, — marcs 560.

Quarts frappés, en conformité des mêmes prescriptions, par le dit maître et sa veuve, Antoinette Banotto, du 16 février 1568 au 22 avril 1569 ; du 5 mai 1569 au 6 novembre 1570 ; du 13 novembre, même année, au 31 décembre 1571, et du 5 janvier 1572 au 18 juin 1573, — marcs 114.

1557, 29 juin : autre ordonnance modifiant, une fois encore, le titre de cette espèce : les quarts de sol seront à un denier, deux grains, en loy, et en poid, 240 pièces, aux remèdes de deux grains, en loy, et en poid, en taille dix pièces, qu’est en tout 250 pièces, vallantes 5 florins, 2 sols, 6 deniers.

Les comptes du maître, Jean Miretto, nous apprennent que, du 27 juillet 1577 au 27 juillet 1580, il fut frappé, à la monnaie de Chambéry, 4500 marcs de ces derniers quarts. Mais la délivrance était loin de répondre à cette abondance de production. Les registres du garde, Louis Chambat, constatent qu’entre ces deux dates, il ne fut livré à la circulation que 2636 marcs, en diverses variétés, savoir :

Quarts, de pièces 247 – marcs 370
" " 246 — " 220
" " 250 — " 1425
" " 244 — " 60
" " 245 — " 120
" " 248 — " 220
" " 249 — " 220
31. — Mill. 16. — D. : Initiales du prince, surmontées de la couronne et accostées de deux roses ; rose intermédiaire ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M., dans un contour à quatre doubles lobes aboutés ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; autour, filet et grènetis. (Quart de sol).

Remarquez que la rose inférieure est absente, dans ce numéro, comme dans le précédent. La variété en serait elle dépourvue, ou l’usure l’aurait-elle fait disparaître ? Nous ne voulons rien décider ; en tout cas, malgré de très minutieuses investigations, nous n’avons pu en saisir la moindre trace, dans les trois exemplaires que nous avons en main.

32. — Mill. 16. — D. : Les initiales e. f. ; au-dessus, la couronne formant croix avec quatre roses, celle d’en bas accostée de deux points ; filet et grènetis. — R. : Dans le champ, doublé contour à quatre lobes aboutés, avec points aux angles intérieurs ; croix de St. M. ; filet et grènetis. (Quart de sol).
33. — Mill. 16. — D. : Initiales du prince ; couronne au-dessus ; quatre roses en croix, l’inférieure plus grosse ; autour, filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un doublé contour quadrilobé ; points aux angles intérieurs ; filet et grènetis. (Quart de sol).
34. — Mill. 16. — D. : Les initiales e. f. ; au-dessus, couronne formant croix avec quatre roses à cinq pétales bilobés ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un doublé contour à quatre lobes aboutés, les angles intérieurs terminés par des points ; autour, filet et grènetis. (Quart de sol).
35. — Mill. 17. — D. : Les initiales du prince ; au-dessus la couronne formant croix avec quatre roses ; celle d’en bas accostée de deux points ; filet et grènetis. — R. : Dans le champ, doublé contour à quatre lobes aboutés ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; croix de St. M. ; filet et grènetis. (Quart de sol).
36. — Mill. 15. — D. : Initiales du prince ; quatre roses en croix, celle d’en bas accostée de deux points ; couronne au-dessus ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un contour de quatre doubles lobes aboutés ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; point secret au centre ; filet et grènetis. (Quart de sol).
37. — Mill. 17. — D. : Les initiales du prince ; couronne au-dessus formant croix avec quatre roses ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un doublé contour à quatre lobes aboutés, les angles intérieurs terminés par des points ; autour, filet et grènetis. (Quart de sol).
Promis, pl. XXXI, n. 41.
38. — Mill. 16. — D. : Initiales du prince, surmontées de la couronne formant croix avec quatre roses ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. ; avec point secret au centre, en un doublé contour à quatre lobes aboutés ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; filet et grènetis. (Quart de sol}.
39. — Mill. 14. — D. : Les initiales f. f. ; au-dessus, la couronne formant croix avec quatre roses ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un doublé contour à quatre lobes aboutés ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; filet et grènetis. — (Quart de sol).
40. — Mill, 14. — D. : Les initiales f. f. surmontées de la couronne ; quatre roses en croix ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M., avec point secret au centre, dans un doublé contour à quatre lobes aboutés ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; autour, filet et grènetis. (Quart de sol).

L’irrégularité f. f. pour e. f. s’est déjà présentée à nous, au cours de cette étude. Nous avons exposé notre sentiment à ce sujet. Voyez l’observation qui accompagne le n.° 21.

Il resterait à établir quels sont les ateliers d’origine des neuf numéros qui viennent de passer sous nos yeux. La tâche, d’une exécution facile, avec des différents connus et déterminés, devient ardue, du moment que les ateliers eux-mêmes semblent avoir voulu se dérober aux regards des chercheurs à venir. Nous laissons donc la question en suspens, abandonnant à d’autres, mieux que nous en situation de le faire, le soin de l’élucider et de la résoudre.

41. — Mill. 15. — D. : Ecu de Savoie, surmonté de la couronne et accoste des lettres e. f. ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. cantonnée de la devise fert dans un filet et un grènetis. (Fort).
Promis, pl. XXVII, n. 69, et Perrin, Médailler de Savoie, n. 376.

Selon toute probabilité, cette petite monnaie a été frappée à Aoste, entre 1676 et 1680. Type nouveau, qu’une ordonnance de la Chambre des Comptes, du 10 mai 1676, datée de Turin, avait confié à cet établissement : On frappera des fortes de 8 au sol ducal ; ils seront en loy, de grains 10, en poids, de pièces 304 au marc ; et auront de remède, 2 grains en loy et dix pièces en poids.

Depuis que Nicolas Vialard avait été appelé à Chambéry, la monnaie d’Aoste était restée presqu’inactive. D’octobre 1669, époque de son départ, à mai 1676, elle n’avait guère fonctionné que de 1668 à 1670, pour produire 10, 200 marcs en diverses variétés de gros, et 1160 marcs en quarts, de pièces 260, mais pas de forts.


III

Charles — Emmanuel I.

Le demi-siècle que dura le règne de ce prince, vit de grands événements s’accomplir. L’un des plus considérables fut la cession à la France, en 1601 de la Bresse, du Bugey, et du pays de Gex, en échange du marquisat du Saluces. Par cet acte, d’une haute importance politique, Charles-Emmanuel transporta, définitivement, au delà des monts, le champ, où devait désormais se mouvoir l’ambition séculaire de sa maison. Sa mort est du 27 juillet 1630.

On connaît un grand nombre de types de ses monnaies ; Promis et Duboin en ont fait graver soixante-huit. Par malheur, d’urgentes nécessités firent recourir aux anciens errements ; les émissions à bas titre sont une des plaies de ce règne. La différence entre les coins du même atelier, est souvent peu caractérisée ; les variétés sont, en général, indiquées par des dates, les ateliers par des signes ou des initiales, de même que les maîtres chargés de battre monnaie[24].

42. — Mill. 21. — D. : L’écu de Savoie, avec point au centre, dans trois segments de cercle aboutés ; points aux angles extérieurs d’en haut ; une étoile a cinq rais à l’angle d’en bas ; + carolvs. emanvel entre deux filets ; grènetis. — R. : Champ meublé d’une croix de St. Lazare, croisée d’une petite croix de St. Maurice ; entre deux filets : + d • g • dvx • sabavdie. 1581. m : g.  ; grènetis. (Parpaïole).
Promis, pl. XXIX, n. 17, et Perrin, Méd. d’Annecy, n. 195. Atelier de Chambéry ; Michel Grobert, 1581.

Les frères, Michel et Chiaffrey Grobert, avaient affermé la monnaie de Chambéry en 1580. Voici, évaluée en marcs, la quantité de parpaïoles monnayées et delivrées par l’hôtel monétaire de Chambéry de 1580 à 1586.

1581 à 1583, monnayage, marcs 12190
1580 à 1583, délivrance, " 12210

De pièces 134, 135 et 136 au marc.

1584 à 1586, monnayage, marcs 6570
1584 à 1586, délivrance, " 1175

Postérieurement à 1586, la parpaïole a cours encore, mais elle ne fait plus partie du système monétaire de Savoie.

43. — Mill. 20. — D. : Ecu de Savoie, chargé d’un point au centre, dans un contour de trois lobes aboutés ; points aux angles extérieurs d’en haut ; un b à l’angle inférieur ; + carolvs. emanvel. entre deux filets ; grènetis. — R. : Croix fleuronnée dans un contour à quatre lobes aboutés ; fleurons aux angles intérieurs ; rosettes aux angles extérieurs ; + d. g. dvx • sabavdie. 1586. f. d. entre deux filets ; grènetis. (Parpaïole).
Variété de Promis, pl. XXX, n. 18. — Atelier de Bourg ; Philibert Diano, 1585.

Les Diano se succédaient, en quelque sorte, à la monnaie de Bourg. Après Emmanuel Diano, acensataire de 1577 à 1584, Philibert Diano, son parent, en avait pris la direction, qu’il conserva jusqu’en 1686.

Etat de la parpaïole, à l’atelier de Bourg, de 1680 à 1686 :

Monnayage.
1580 à 1583 marcs 11950
1584, 1586, 1586 "   4450
Délivrance.
1580 à 1581 de pièces 136 au marc 2820
1581 à 1582 " 6705
1582 à 1583 " 2670
1584 " 1665
1584 de pièces 137 1/2 au marc 1225
1584 à 1586 " 1885
1584 à 1586 de pièces 137 au marc 150
44. — Mill. 20. — L’écu de Savoie, avec point au centre, dans trois segments de cercle aboutés ; points aux angles extérieurs d’en haut, et un o dans l’angle d’en bas ; + carolvs. emanvel. entre filets ; grènetis. — R.:Croix fleuronnée, dans un contour à quatre lobes aboutés ; fleurons aux angles intérieurs, points aux angles extérieurs ; + d • g • dvx. sabavdie 1586. d.o. ; deux filets et un grènetis. (Parpaìole).
Perrin, Médaillier d’Annecy, n. 199. — Atelier de Gex ; Benoît Doppet, 1685.

C’est également en 1684, qu’à peine fondée, la monnaie de Gex fut affermée à Benoît Doppet et à Denis, son frère ; le bail ne devait arriver à terme qu’en 1686. Les comptes, présentés à la Chambre de Savoie par les deux frères, nous apprennent que, pendant ces trois années, il fut frappé et livré à la circulation, par la monnaie de G-ex, la somme considérable de 8810 marcs en parpaïoles. L’atelier de Gex eut une durée fort restreinte. On croit que, dans la pensée du duc Charles-Emmanuel, son établissement (1683) était destiné à suppléer à celui de Cornavin, près de Genève, détruit dans un mouvement populaire, en 1530. Charles Goulaz en fut le premier maître ; la taille et les essais furent confiés à Nicolas Legrand. Son ouverture eut lieu le 1 mars 1584. C’étaient des ouvriers monnayeurs, détachés de la monnaie de Chambéry, qui avaient procède à l’installation du nouvel outillage. On sait, par le compte du trésorier général, Emmanuel Dian (1584), que sept d’entre eux séjournèrent à Gex, pendant vingt-huit jours, temps nécessaire pour l’établir et en assurer le fonctionnement. La monnaie de Gex était encore en exercice en 1588 ; mais rien n’indique, conclut M. Perrin, « qu’elle subsista jusqu’à la cession du pays de Gex à la France ».

45 — Mill. 20. — D. : Ecu de Savoie, dans un contour à trois lobes aboutés ; points aux angles extérieurs d’en haut ; un c à l’angle inférieur ; + carolvs. emanvel entre filets ; grènetis. — R. : Croix fleuronnée, dans un contour à quatre lobes aboutés ; fleurons auz angles intérieurs ; points aux angles extérieurs ; + d. g. dvx. sabavdie. (Parpaïole).
Atelier de Gex.

L’empreinte du droit ne manque pas de netteté, mais le revers laisse à désirer ; c’est que le monnayage n’a été obtenu par l’ouvrier, qu’en s’y reprenant à deux fois. Cet accident et les rognures pratiquées au flan, rendant extrêmement difficile le déchiffrement de la légende, et impossible la lecture du millésime et des initiales du maître, nuisent beaucoup à l’étude de cette pièce.

Son attribution à l’atelier de Gex n’est point notre fait, mais l’œuvre de M. Perrin, à la compétence de qui nous déclarons nous en rapporter. Cependant nous avons des doutes, et il est de notre devoir de ne les point taire. Au lieu d’un a que le numismate savoisien a cru distinguer à l’avers, il ne nous a pas été possible, après un examen des plus attentifs, de reconnaître un autre signe que le c. Chambéry, il est vrai, avait pour différent une étoile à cinq raies, mais nous n’avons pas l’entière certitude, qu’à cet égard, on n’ait pas agi quelquefois avec la parpaïole, comme avec le quart. La lettre initiale du nom de la ville, dépourvue de tout sens allégorique, avait le mérite d’être facilement comprise même du vulgaire le moins intelligent.

À quelle ordonnance les trois établissements de Bourg, Chambéry et Gex, se sont-ils conformés dans la production de l’espèce monétaire qui nous occupe ? Autant qu’il est permis d’en juger par le poids de chaque unité, inscrit dans les comptes, nous inclinons à croire que l’ordonnance du 29 juin 1577, rédigée spécialement pour les ateliers de Bourg et de Chambéry, les a, sans discontinuation, régis jusqu’en 1586. En conséquence, dans leur pureté primitive nos parpaïoles devaient réunir les qualités suivantes : Sçavoir les dits parpaïllioles en valeur de neuf deniers qui seront en bonté à deux deniers, deux grains et en poids 130 pièces au marc, aux remèdes de deux grains en loy, et en poids six pièces, pesant, chacune pièce, un denier, neuf grains, et seront 136 pièces au marc compris les remèdes.

Durant les premières années de son règne, Charles-Emmanuel fit frapper des quarts de sol, au même type que son père. Il en existe un grand nombre de variétés, la plupart provenant des ateliers d’en-deçà les monts. Elles sont différenciées entre elles par la disposition et la combinaison des pièces accessoires, roses, points, lettres monétaires, etc. Le lecteur se rendra par lui-même un compte exact de ces variantes, en parcourant, avec nous, la longue série de quarts qui va suivre.

46. — Mill. 15. — D. : . b. séparés par une rose ; couronne au-dessus ; un a au bas ; autour, filet et grènetis. — R. : Dans le champ, croix de St. M. avec point secret au centre, en un contour forme de quatre doubles lobes, avec points aux angles d’aboutement ; filet et grènetis. (Quart de sol).
47. — Mill. 15. — D. : Les initiales du prince, surmontées de la couronne et séparées par une rose ; un a au bas ; grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un doublé contour à quatre lobes aboutés ; grènetis. (Quart de sol).
48. — Mill. 15. — D. : Les initiales c. e. séparées par une rose et surmontées de la couronne ; un a au-dessus ; autour, filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un doublé contour à quatre lobes aboutés ; les angles intérieurs terminés par des points ; un a sur le doublé cercle d’en bas ; filet et grènetis. (Quart de sol).
49. — Mill. 15. — D. : Initiales de Charles-Emmanuel et la couronne au-dessus, formant croix avec quatre roses ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M., avec point secret au centre, dans un contour à quatre doubles lobes aboutés ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; un a sur le doublé cercle d’en bas ; filet et grènetis. (Quart de sol).
50. — Mill. 16. — D. : Les initiales c. e. surmontées de la couronne et séparées par une rose ; autre rose au-dessous ; filet et grènetis. — R. : Contour à quatre lobes aboutés, meublé d’une croix de St. M. ; points aux angles intérieurs ; un a sur le doublé cercle inférieur ; filet et grènetis. (Quart de sol).
Rabut, 2e notice, pl. III, n. 2.
51. — Mill. 15. — D. : c. e. surmontés de la couronne et séparés par une rose ; autre rose au bas ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un doublé contour de quatre lobes aboutés ; un a sur le doublé cercle inférieur ; filet et grènetis. (Quart de sol).
52. — Mill. 16. — D. : Initiales du prince séparées par une rose, et surmontées de la couronne ; rose au bas ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M., avec point secret, dans un contour de quatre doubles lobes aboutés ; un a sur le doublé lobes inférieur ; filet et grènetis. (Quart de sol).
53. — Mill. 14. — D. : Les initiales du prince séparées par une rosette ; au-dessus, la couronne ; au-dessous, rose à cinq pétales ; entourées d’un filet et d’un grènetis. — R. : Croix de St. M., avec point secret au centre, dans un doublé contour forme de quatre demi-cercles aboutés, les angles intérieurs terminés par des points ; un a sur le doublé cercle d’en bas filet et grènetis. (Quart de sol).

Tous les quarts de Charles-Emmanuel, ouvrés à Aoste, que nous avons recueillis, sont en cuivre rouge ou d’un alliage extrêmement pauvre. La première ordonnance de ce prince, concernant la monnaie d’Aoste, est du 12 juin 1581, et la dernière, avant le traité de Lyon (1601), est du 16 juin 1587. Nos différentes variétés de quarts ont donc été frappées dans cet intervalle. Les patentes des généraux de Savoie, du 12 juin 1581, avaient ordonné qu’il serait fabriqué à Aoste des quarts de quatre au sol, c’est-à-dire des pièces de trois deniers. Ils devaient être de loi, un denier, 10 grains ; de poids, pièces 264 au marc ; remèdes, de loi, 2 grains, de poids, pièces 8, soit au total 272 pièces au marc.

Le bail de la monnaie d’Aoste était signé depuis un mois à peine, quand la Chambre des comptes se trouva saisie d’une plainte par le fermier. Il demandait la révision de l’ordonnance en ce qui regardait les quarta. Les conditions à lui faites, disait-il, avaient été empruntées à l’ordonnance de 1575 ; or, l’argent avait renchéri depuis lors, d’où l’impossibilité absolue pour lui de remplir, sans perte, les engagements qu’il avait pris. La plainte était fondée. Devant l’évidence de ses raisons les conditions du quart furent ainsi réduites : — loi, 1 denier, 2 grains ; poids, de pièces 240 ; remèdes, 2 grains de loi, et 10 pièces en poids, dont pièces 260 au marc, remèdes compris.

Le quart se maintint quelques années à cette bonté relative. Mais, lorsqu’en 1687, César Valgrandi amodia les ateliers d’outre-monts, la Chambre lui remit une ordonnance, en date du 16 juin, qui en changea la nature. Elle déclarait, à l’égard de cette monnaie, que le titre ne dépasserait pas dix-huit grains, qu’elle serait de pièces 284 au marc, avec remèdes de 2 grains de loi, et de quatorze pièces de poids. Nos quarta sont antérieurs ; néanmoins, que le lecteur compare l’une et l’autre ordonnance, il verra à quelle infériorité de titre les quarts sont ramenés, même avant que les besoins du règne soient devenus bien pressants.

Deux fermiers se sont succédés à l’atelier d’Aoste de 1681 à 1687 : Antoine Rovata ou Ruata, qui l’occupa de 1681 à 1684, et Gaspard Comaglia, de Chiers, en Piémont, dont le bail également de trois-ans (4 septembre 1684), expira en 1687.

54. — Mill. 17. — D. : c. e. accostés de deux roses ; rose entre-deux ; au-dessus, la couronne, au bas, un b accosté de deux points ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un doublé contour de quatre segmenta de cercle aboutés ; points aux angles intérieurs ; rosettes aux angles extérieurs ; autour, filet et grènetis. (Quart de sol).
Perrin, Méd. du musée d’Annecy, n. 189.

Nous appelons l’attention du lecteur sur cet exemplaire. Son ornementation de bon goût, l’heureuse disposition des détails et sa bonne exécution en font la plus charmante variété de quart, que renferme notre collection.

55. — Mill. 14. — D. : Initiales du prince accostées de deux roses ; rose entre-deux ; la couronne au-dessus ; un b accosté de deux points au bas ; filet et grènetis. — R. : Dans le champ, doublé contour à quatre lobes aboutés ; croix de St. Maurice avec point secret ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; un B sur le doublé lobe inférieur ; filet et grènetis. (Quart de sol).
56. — Mill. 15. — D. : Initiales de Charles-Emmanuel accostées de deux roses ; rose intermédiaire, couronne au-dessus ; un b au-dessous ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un contour de quatre doubles lobes aboutés, les angles intérieurs terminés par des points ; rosettes aux angles extérieurs ; filet et grènetis. (Quart de sol).
57. — Mill. 15. — D. : c. e. et trois roses surmontées de la couronne ; un b au-dessous ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M., avec point secret au centre, dans un doublé contour à quatre lobes aboutés ; points aux angles intérieurs ; rosettes aux angles extérieurs ; autour, filet et grènetis. (Quart de sol).
58. — Mill. 15. — D. : Initiales du prince ; trois roses ; la couronne ducale en haut ; un b en bas ; filet et grènetis. — R. : Dans le champ, croix de St. M. ; doublé contour à quatre lobes ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; filet et grènetis. (Quart de sol).
59. — Mill. 16. — D. : Les initiales du prince surmontées d’une couronne formant croix avec quatre roses, l’inférieure accostée de deux points, entourées d’un filet et d’un grènetis. — R. : Dans un doublé contour à quatre lobes aboutés, croix de St. Maurice, avec point secret au centre ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; un b sur le doublé lobe d’en bas ; filet et grènetis. (Quart de sol).
60. — Mill. 16. — D. : Initiales du prince ; au-dessus, la couronne, formant croix avec quatre roses, l’inférieure accostée de deux points ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans le champ, doublé contour de quatre lobes aboutés ; un b sur le doublé lobe d’en bas ; points aux angles extérieurs ; filet et grènetis. (Quart de sol).
61. — Mill. 16. — D. : Les initiales du prince, surmontées d’une couronne, formant croix avec quatre roses, celle d’en bas accostée de deux points ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un doublé contour à quatre lobes aboutés ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; un b sur le doublé lobe inférieur ; filet et grènetis. (Quart de sol).
Promis pl. XXIX, n. 14, et Perrin, Méd. du musée, d’Annecyn. 188.
62. — Mill. 16. — D. : c. e. ; couronne ducale au-dessus, et quatre roses en croix ; filet et grènetis. — R. : Dans le champ, croix de St. M. en un contour de quatre doubles lobes aboutés, celui d’en bas portant un b ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; filet et grènetis. (Quart de sol).
63. — Mill. 14. — D. : Initiales du prince surmontées de la couronne et accostées de deux roses ; rose entre-deux ; grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un double contour de quatre lobes aboutés ; un b sur les lobes inférieurs ; points aux angles intérieurs ; grènetis. (Quart de sol).
64. — Mill. 15. — D. : Les initiales du prince surmontées de la couronne, formant croix avec quatre roses, celle d’en bas accostée de deux points ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un double contour à quatre lobes aboutés ; points aux angles extérieurs ; dans le haut, un b sur la pointe trèflée de la croix ; filet et grènetis. (Quart de sol).

Sous la direction d’Emmanuel Diano, la monnaie de Bourg fournit, en quarts, un monnayage de marcs 7760 ; mais l’émission fut moindre ; elle s’éleva à 2588 marcs, de 1580 à 1581, et à 1335 seulement, de 1582 à 1583. La direction de Philibert Diano ne fut pas moins prospère. La production des quarts, descend, il est vrai, à 6215 marcs, toutefois, il est constate par le registre de la garde, qu’en revanche cet établissement livra au commerce 5785 marcs de cette espèce monétaire, pendant les années 1584, 1585 et 1586.

Le poids des quarts, ouvrés par les Diano, était de pièces 250 au marc ; les mêmes registres et les comptes des maîtres en font foi. Nous en inférons que la frappe du quart était, comme la frappe de la parpaïole, prescrite par l’ordonnance du 29 juin 1577. De cette ordonnance, nous avons déjà cité l’article relatif au type dont nous parlons. Pour avoir une notion exacte des dix variétés qui précédent, on n’a donc qu’à se reporter au chapitre II du présent travail.

Ajoutons que, si de 1580 à 1584 le poids du quart de Bourg demeure fixé à pièces 250, de 1584 à 1586 il éprouve quelques variations ; il oscille entre 250 et 254 pièces au marc, sans que, d’ailleurs, hâtons-nous de le dire, la qualité intrinsèque du quart ne soit nullement altérée.
65. — Mill. 16. — D. : c. e. et couronne au-dessus, formant croix avec quatre roses ; autour, filet et grènetis. — R. : Dans le champ, entourée d’un filet et d’un grènetis, croix de St. M. dans un doublé contour de quatre segmenta de cercle, les angles intérieurs terminés par des points ; points aux angles extérieurs ; un c sur le doublé lobe d’en bas. (Quart de sol).
Rabut, 2e notice, pl. II, n. 1, et Perrin, Méd. du musée d’Annecy, n. 190.

66. — Mill. 16. — D. : Initiales du prince ; quatre roses en croix avec la couronne ducale au-dessus ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M., avec point secret au centre, dans un doublé contour de quatre lobes aboutés ; un c sur le lobe inférieur ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; filet et grènetis. (Quart de sol).
67. — Mill. 16. — D. : Les initiales du prince surmontées de la couronne, et quatre roses en croix ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un doublé contour de quatre lobes, les angles intérieurs terminés par des points ; un c sur le doublé lobe d’en-bas ; filet et grènetis. (Quart de sol).
68. — Mill. 16. — D. : Les initiales du prince et quatre roses en croix, surmontées de la couronne ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M., avec point secret au centre, dans un doublé contour de quatre segmenta de cercle aboutés ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; un c sur le doublé cercle d’en haut ; filet et grènetis. (Quart de sol).
69. — Mill. 15. — D. : Les initiales du prince, avec couronne au-dessus, et quatre roses en croix, entourées d’un filet et d’un grènetis. — R. : Croix de St. M, dans un doublé contour à quatre lobes aboutés ; un c sur le doublé lobe d’en haut ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; filet et grènetis. (Quart de sol).

Il faut rapporter les quarts, sortis de l’établissement de Chambéry, à la même période de temps que ceux frappés à Bourg, c’est-à-dire, aux six premières années du règne de Charles-Emmanuel. Nous avons dit que la monnaie de Chambéry avait été affermée par les frères Michel et Chiaffrey Grobert. Ils eurent à lutter, durant les quelques années de leur bail, contre des difficultés d’une nature particulière. Par suite du développement, sans cesse grandissant, que prenait l’atelier, les constructions étaient devenues insuffisantes ; de plus, les anciens bâtiments menaçaient ruine. Pour remédier à une situation qui aggravait leurs charges, les fermiers présentèrent aux généraux de Savoie un projet, où l’entière restauration de l’hôtel monétaire et la dépense à effectuer étaient combinées de manière à ne point grever trop lourdement le trésor. On frapperait, en une seule année, 5000 écus de blancs, et, des bénéfices résultant de cet excès momentané de production, d’une part, on réédifierait les bâtiments agrandis, et, de l’autre, on louerait un atelier provisoire. Sans doute que le projet fut mal accueilli dans les hautes régions administratives, car nous savons par Duboin qu’au 5 janvier 1585 les fourneaux tombaient de vétusté et ne pouvaient plus répondre à leur destination. Le travail continua néanmoins jusqu’à la fin de l’année suivante.

Résultat de l’exercice de 1581 à 1586 :

1581 à 1583 monnayage marcs 9970
1581 à 1583 émission " 7990
1584 à 1586 monnayage " 5785
1584 à 1586 émission " 6065

Les règlements, aux termes desquels sont frappés les quarts de Chambéry, sont toujours ceux du 29 juin 1577. Le poids en était fixé, avons-nous dit, à pièces 250, mais nous voyons, par le registre de délivrance, qu’il a varie entre 245 et 254 pièces au marc. Le faux-monnayage avait pris, vers ce temps, une extension inquiétante. Les quarts, d’un type facilement imitable, avaient ses préférences. Les populations s’en étaient émues ; les avoyers de Fribourg, de Berne et de Soleure, eux-mêmes, avaient cru devoir adresser leurs doléances à cet égard au prince et à la Chambre de Comptes de Savoie (6 août 1587), Il importait de rassurer le public et de soutenir une confiance trop justement ébranlée. Déjà, en 1584, un arrêt avait déclaré que : aux fins de lever les abus qui se commetront à contrefaire les quarts et autres monnoyes qui se battent sous le coin de S. A., la ditte Chambre a enjoinct aux reallieurs des dittes monnoyes d’inculper et tailler en coin le nom et devise de S. A. selon que la grandeur du coin poura porter, et y apposer le signe ou lettre de la ville, où les dittes monnoyes seront battues, aux fins que par cy-après se puissent plus facilement découvrir les abbus et fautes qui se sont commises, ou pourront commettre. Devant l’inefficacité de la mesure, on étudia d’autres projets, et, au mois d’août 1589, après deux années de fermeture, la monnaie de Chambéry recevait l’ordre de préparer de nouveaux coins et de réunir le plus d’ouvriers possible pour la frappe d’un type de quart particulier, qui allait incessamment commencer. Effectivement, on se mit à l’œuvre au mois d’octobre suivant.

Quelles étaient l’empreinte et la nature de ce type remanié ? L’empreinte nous est connue par l’arrêt du 19 octobre 1589 : Et pour détourner les susdits quarts d’avec les autres qu’ont été battus en dernier lieu cy-devant, et obvier qu’ils ne puissent être si facilement cantre faits, comme s’en est trouvé, la ditte Chambre a ordonné que ces quarts qui se fabriqueront nouvellement, comme est dit, sera mis de l’autre côté de la croix) la barre à travers avec l’écriture au-dedans f. e. r. t aussi qui étoient les anciens quarts, et en outre qu’ils seront battus de façon que les lettres tout à l’environ des susdits quarts puissent apparoir et être lisables[25].

Quant au mérite intrinsèque de ce billon, il est déterminé par l’acte d’acensement des ateliers de Chambéry et de Turin à Barthélemy Arnaldo, en date du 18 septembre 1591. Parmi les obligations imposées à l’acensataire nous relevons l’engagement de produire, pendant la durée de sa concession, 15 000 marcs, en quarts de Piémont, c’est-à-dire, en quarts de sept grains en loy, et en poids de pièces 288 au marc, remèdes compris.

Par ce simple exposé, chacun est déjà convaincu que nos cinq numéros 65, 66, 67, 68 et 69, n’ont rien de commun avec cette dernière forme de quart ; ils se rattachent au type antérieur, c’est-à-dire, au type des ordonnances de 1561.
70. — Mill. 16. — D. : Les initiales du prince séparées par une rosette et surmontées de la couronne ; un g au-dessous ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M., dans un doublé contour de quatre lobes aboutés ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; filet et grènetis. (Quart de sol).
71. — Mill. 16. — D. : c. e. surmontés d’une couronne formant croix avec quatre roses ; un i sous la couronne ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M., dans un contour à quatre doubles lobes aboutés ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; un a sur le doublé lobe d’en bas, filet et grènetis. (Quart de sol).
72. — Mill. 16. — D. : Les initiales du prince ; au-dessus la couronne, formant croix avec quatre roses ; un i sous la couronne ; filet et grènetis. — R. : Dans le champ, doublé contour à quatre lobes ; croix de St. M. au milieu ; points aux angles extérieurs et un g sur le doublé cercle d’en bas ; filet et grènetis. (Quart de sol).
Rabut, 4e notice, pi., n. 5.

Rabut n’a dessiné que le droit ; ce numéro n’étant distingué du précédent que par les points du revers, nous ignorons quel est celui qu’il a voulu représenter.

73. — Mill. 16. — D. : c. e. et quatre roses formant une croix avec la couronne pour sommet ; un i dans la couronne ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M., avec point secret au centre, dans un doublé contour de quatre lobes aboutés ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; un g sur le doublé cercle d’en bas ; filet et grènetis. (Quart de sol).

i est l’initiale d’un maître dont le nom est demeuré inconnu, peut-être de François Jacquemin ou de Claude Janin, que l’on trouve, le premier, prévôt, et le second, essayeur à Chambéry, en 1584. Ces sont les seuls, parmi les officiers des monnaies de l’époque, dont les noms se prêtent à une conjecture de ce genre. Auraient-ils affermé la monnaie de Gex après les Doppet, en 1586 ?

74. — Mill. 16. — D. : Les initiales c. e. surmontées de la couronne formant croix avec quatre roses ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M., cantonnée de quatre points, dans un contour à quatre lobes aboutés ; points aux angles extérieurs ; un o sur le doublé lobe d’en bas ; filet et grènetis. (Quart de sol).
75. — Mill. 17. — D. : Initiales du prince, quatre roses et au-dessus la couronne formant croix ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un doublé contour à quatre lobes aboutés ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; un g sur le double lobe d’en bas ; filet et grènetis. (Quart de sol).

Nous devons faire sur les quarts de Gex la même observation qu’à propos des quarts frappés à Aoste : tous ceux que nous avons vus ont pour métal le cuivre pur ou allié d’argent, mais en très faible quantité.

Quelques jours avant l’ouverture de l’atelier de Gex, fixé au 1 mars 1584, Nicolas Legrand, tailleur et essayeur de la dite monnaie, demanda à la Chambre des Comptes qu’il lui plût : ordonner au greffier luy expédier extraict des ordonnances, comme aussi luy donner les instructions qu’il suyve affin qu’il ne face chose contre l’intention, règles et volontés de la Chambre et sur ce luy pourvoir ainsy que de raison. La Chambre commit Henri Bay, conseiller-maître qui, en réponse au communiqué du graveur, lui traça des instructions et les fit suivre d’un extrait des ordonnances de la Gour. C’étaient encore celles du 29 juin 1577, mais formulées différemment. On n’a qu’à lire et comparer : Quars a ung denier deux grains en loy et en taille deux-cent-quarante pièces, aux remèdes, deux grains en loy et en pois dix pièces, qu’est en tout deux-cent-cinquante pièces valliant cinq florins, deux sols, six deniers.

Gex frappant des quarts identiques à ceux de Bourg et de Chambéry, n’est-ce pas une preuve nouvelle à l’appui de l’idée que nous avons omise, en parlant des quarts d’Emmanuel-Philibert, que les trois ateliers d’en deça les monts étaient, depuis 1559, soumis aux mêmes ordonnances et produisaient les mêmes espèces monétaires[26]. Le monnayage des quarts est inscrit dans les comptes des maîtres, Denis et Benoît Doppet, de 1584 à 1586, pour marcs 2310.
76. — Min. 16. — D. : Les initiales du prince, surmontées de la couronne, formant croix avec quatre roses à quatre pétales bilobés, l’inférieure, accostée de deux points ; filet et grènetis. — R : Doublé contour à quatre lobes aboutés, et croix de St. M. ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; filet et grènetis. (Quart de sol).
77. — Min. 15. — D. : Les initiales c. e. séparées par une rose et surmontées de la couronne ; rose au bas ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un double contour à quatre lobes, les angles intérieurs terminés par des points ; filet et grènetis. (Quart de sol).
78. — Mill. 15. — D. : Initiales du prince surmontées de la couronne et séparées par une rose ; rose au-dessous ; filet et grèportugais — R. : Croix de St. M., avec point secret au centre, dans un contour forme de quatre doubles lobes ; points aux angles d’aboutement ; filet et grènetis. (Quart de sol).
79. — Mill. 14. — D. : Les initiales du prince, séparées par une rose et surmontées de la couronne ; rose au-dessus ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un double contour à quatre lobes aboutés ; filet et grènetis. (Quart de sol.)
80. — Mill. 14. — D. : Les initiales du prince surmontées de la couronne et séparées par une rose ; rose au bas ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M., avec point secret au centre, dans un contour de quatre doubles lobes aboutés ; filet et grènetis. (Quart de sol).

Des ateliers qui ont produit ces cinq variétés de quarte, des maîtres qui les ont frappés, nous ne dirons rien ; il y a trop d’incertitude sur ces points pour qu’on tente de les éclaircir. Mais nous avons reconnu le poids de chaque exemplaire, et à ce poids, qui est, en V état, de 97 à 98 centigrammes par unité, soit, environ, de pièces 246 au marc, on distingue, sans nul effort, les prescriptions de l’ordonnance, si souvent rappelée jusqu’ici, du 29 juin 1577.

81. — Mill. 15. — D. : Les initiales c c séparées par une rose, et surmontées de la couronne, rose au-dessous, entourées d’un filet et d’un grènetis. — R. : Croix de St. M. dans un contour de quatre demi-cercles aboutés ; points aux angles intérieurs et extérieurs, filet et grènetis. (Quart de sol).
82. — Mill 14. — D. : Initiales e e séparées par une rose ; couronne au-dessus et rose au-dessous ; filet et grènetis. — R. : Croix de St. M., avec point secret au centre, dans un doublé contour de quatre lobes aboutés ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; filet et grènetis. (Quart de sol).
83. — Mill. 16. — D. : Les initiales e e surmontées de la couronne et séparées par une rose ; rose au-dessous ; filet et grènetis. — R. : Dans un contour à quatre doubles lobes aboutés, croix de St. M. ; points aux angles intérieurs et extérieurs ; filet et grènetis. (Quart de sol).

Ce dernier quart a été frappé sur une pièce d’essai ou de réussite douteuse. C’est la raison qui nous l’a fait insérer sous un numéro d’ordre particulier quoique l’évidence de son identité avec le n. 81 ne dût pas autoriser une licence de ce genre. Quelques lettres de la pièce qui a servi de flan, — D. :. . . . . an. se. . . .R. : +. . . gon — se montrent encore, mais pas en assez grand nombre, pour pouvoir sûrement la déterminer. M. Rabut a recueilli des quarts semblables aux nôtres, portant à l’avers deux c surmontés d’une couronne. Il les attribue à Marie-Christine de France et à Charles-Emmanuel II, son fils[27]. À son exemple, nous avions songé tout d’abord à faire honneur de ceux-ci aux mêmes personnages. La couronne aux fleurons de lis, les deux c, qu’on peut, à bon droit, prendre pour les initiales du jeune prince et de la régente, nous avaient paru de suffisants indices pour en justifier l’attribution. Toutefois, une étude plus attentive, jointe à quelques considérations particulières, nous a fait modifier notre premier sentiment, et maintenir ces petits billons dans la série de Charles-Emmanuel I. Les monnaies de la régence de Marie-Christine sont, effectivement, ornées d’une couronne royale ou fermée ; néanmoins, un simple coup d’œil convainc que ce n’est point la couronne fleurdelisée de France, mais celle de Chypre, dont Victor-Amédée I, son époux, avait pris le titre de roi.

M. Rabut a-t-il la certitude entière d’avoir discerné, sur ses quarts, une couronne royale ? Nous en doutons. Malgré la bonne volonté que nous avons mise, nos exemplaires se sont refusés à nous en laisser apercevoir les traces. La couronne présente simplement de face trois fleurons, à l’instar de la couronne ducale des autres quarts. Ces fleurons, sans doute, ont l’apparence des fleurs de lis, mais il ne faudrait pas cependant tirer de là une conclusion trop hâtive. Charles-Emmanuel I n’aurait-il pu se permettre une imitation de ce genre sur ses quarts, pour leur assurer un crédit plus réel, qu’ils auraient emprunté à la vogue de bon aloi, dont jouissait la monnaie de France ? Au reste, n’en déplaise à M. Rabut, Charles-Emmanuel fit quelquefois graver deux c sur sa monnaie basse. Ses lettres du 29 juillet 1597 en fournissent un irréfutable témoignage : Nous avons permis et permettons, dit-il, à Chiaffrey Grobert, maître de monnaie de notre ville de Chambéry, de fabriquer la quantité de 12.000 marcs de pièces de deux quarts, soit demy solds, à la bonté d’un denier, douze grains, deux de remède, et en poids de 180 pièces au marc, dix pièces de remède, chacune d’un denier, et quart d’un grain, lesquelles auront du côté de la pille deux c couronnés, entrelassés d’un las de Savoie et d’une trosseau, la croix blanche timbrée, et pour légende autour carolvs emanvel d. g. dvx sabavdie 1597[28].

L’histoire vient protester, à son tour, et ne tolère pas que notre collection puisse renfermer des piécettes postérieures, non-seulement au règne de Charles-Emmanuel I, mais à l’année 1595. À partir de 1601, on ne rencontre, dans notre histoire locale, aucune époque assez troublée pour rendre probable la remise à la terre d’un dépôt semblable. Dans la supposition même d’un enfouissement secret, opéré au cours des deux derniers siècles, pour des motifs inconnus, la découverte n’aurait dû ramener au jour que des monnaies françaises ; la monnaie de Savoie serait l’exception. C’est précisément l’inverse qui a lieu. Nous reconnaissons volontiers que la force probante de cet argument n’est pas absolue, mais elle a une importance qu’on aurait tort de vouloir dédaigner. Ajoutons que ce type de quart était depuis longtemps oublié, à la régence de Marie-Christine ; la seconde moitié du règne de Charles-Emmanuel I lui-même n’en fournit plus un seul. Notre avis est donc qu’il faut réserver à Charles-Emmanuel I, les quarts en question, malgré les difficultés d’interprétation que présentent les initiales c c, et qu’il y aurait erreur d’en faire l’attribution à des souverains ayant régné à une époque ultérieure.

84. — Mill. 16. — D. : c. d. séparés par une rose et surmontés d’une couronne fleurdelisée ; rose au bas ; filet et grènetis. — R. : Croix tréflée, ou de St. M., cantonnée de quatre points, dans un doublé contour de quatre lobes aboutés ; points aux angles extérieurs ; filet et grènetis. (Quart de sol).

(c. d. au lieu de c. e., forme habituelle du quart, peut s’interpréter carolvs. dvx.)

85. — Mill. 16. — D. : Les initiales c. de (en monogramme). surmontées d’une couronne fleurdelisée et séparées par une rose ; rose au-dessous ; filet et grènetis. — R. : Dans un contour de quatre lobes aboutés, croix de St. M. ; points auz angles extérieurs ; filet et grènetis. (Quart de sol).

Rabut, 3e notice, pl. II, n. 5.

M. Rabut voit dans cette variété un quart de sol de la régente Marie-Christine et traduit les sigles c de par christine de france. Il n’était pas d’usage en Savoie, pas plus d’ailleurs que dans les autres états, que les duchesses, même pendant leur régence, fissent battre monnaie à leur nom, substituant leurs initiales et leurs armes aux initiales et aux armes des princes. On trouve, parfois, leurs blasons accolés à ceux de leurs époux, mais on n’a pas reconnu encore qu’ils les aient jamais remplacés. Nous déclarons donc ne point partager l’avis du numismate savoisien, et croyons que l’interprétation : carolvs emmanvel dvx serait peut-être plus heureuse.

86. — Mill. 15. — D. : c. p. séparés par une rose et surmontés d’une couronne de vicomte ; rose au bas, filet et grènetis. — R. ; Croix tréflée, dans un doublé contour à quatre lobes, les angles intérieurs terminés par des points ; filet et grènetis. (Quart de sol).

Les détails de cette pièce méritent tout particulièrement de fixer notre attention. Jusqu’ici l’irrégularité des quarts n’a point été un obstacle à leur classement. En les rattachant à la numismatique de Charles-Emmanuel nous pensons avoir accompli, comme un acte de justice ; mais nous ne pouvons continuer dans cette voie avec la même résolution, et, le faire dans le cas présent, serait peut-être témérité. Nous le ferons cependant, dans l’impossibilité de trouver une solution meilleure. Toutefois, si nous hésitons à faire hommage à ce prince du quart qui précède, la difficulté, pour nous, ne provient pas des deux lettres de l’avers, qu’on peut lire à la rigueur : carolvs princeps ; mais il y a la couronne, et impossible de s’y méprendre, c’est bien la couronne de vicomte, ouverte et ornée de quatre perles.

À aucune autre époque, chacun le sait, les questions de préséance, d’insignes, de titres nobiliaires et honorifiques, ne furent aussi vives qu’à la fin du XVIe et au XVIIe siècle. Or, est-il admissible que l’ambition, inquiète et jalouse, du duo Charles-Emmanuel, ait poussé le désintéressement jusqu’à faire buriner sur les coins de ses monnaies une marque distinctive, accusant une déchéance de son haut rang ? On ne peut se résigner à le croire. Quelque vicomte indépendant, voisin des États de Savoie, aura peut-être contrefait le type des quarts savoisiens, — de grands seigneurs italiens ne s’en firent pas scrupule en divers temps ; — il est permis de le conjecturer, mais rien ne vient le prouver et l’établir. Nous laissons donc cette monnaie, au rang et dans l’attribution que nous lui avons assignés, tant que des éclaircissements, puisés à des sources sûres, n’auront pas positivement démontré que nous faisons erreur.

87. — Mill. 22. — D. : Ecu fleuronné, écartelé aux armes du duc et somme d’une couronne coupant la légende ; car. d. g. dvx. sab. p. ped. entre un filet à l’intérieur et un grènetis à l’extérieur. — R. : Croix de St. M., avec point au centre, dans un contour à quatre lobes aboutés ; points aux angles intérieurs ; + in. te. domine. confido. 158. t • entre un filet et un grènetis. (Sol de Savoie). Promis, pl. XXIX, n. 8, et Perrin, Méd. d’Annecy, n. 180.


Charles-Emmanuel écartelait au premier et au quatrième, parti de pourpre à un cheval gai et contourné d’argent, qui est de la Haute-Saxe, et fasce d’or et de sable de huit pièces, au crancelin de sinople, mis en bande sur le tout, qui est de la Basse-Saxe, ente en pointe, d’argent à trois bouteroles de gueules, un et deux, qui est d’Angrie[29] ; au deuxième, d’argent semé de billettes de sable, au lion de même brochant sur le tout, qui est de Chablais ; enfin, au troisième, de sable au lion d’argent arme et lampassé de gueules, qui est d’Aoste, et, sur le tout, de gueules à la croix d’argent.

Emmanuel-Philibert est le premier prince de Savoie qui ait écartelé son écu des armes de Saxe et des principales provinces, dont se composait le duché. Cette innovation eut lieu en 1559, à l’occasion du rétablissement de ses États, dont elle semble conserver le souvenir. Antérieurement, l’écu de Savoie, c’est-à-dire, un écu meublé d’une simple croix d’argent, figurait seul sur les monnaies ducales[30].

La légende : in domino confido, n’est point de Charles-Emmanuel ; il l’a empruntée aux monnaies de son prédécesseur. On la trouve sur des écus d’or de ce dernier de 1561, 1571 et de 1577.

Ce sol a été frappé à Turin après 1581, mais avant 1587.

Le 27 janvier 1581, la Chambre des Comptes adressait à la monnaie de Turin une ordonnance où nous lisons : «Pareillement seront fabriqués des sols de 4 deniers, 22 grains en bonté, et, en poids, de pièces 129 au marc ; remèdes 2 grains de loy, et de 6 pièces au marc, en poids, qui seront au total 136 pièces.» Ce sont là précisément les conditions du sol que nous étudions.

Il n’y eut que les ateliers de Turin, Verceil, Nice et Aoste, intéressés dans la frappe des monnaies de ce type ; de 1581 à 1586 ils en livrèrent à la circulation, savoir :

Turin, en sols de 136 au marc, marcs 33504
id. " " 135 " " 27836
id. " " 134 " " 4769
id. " " 133 " " 264
Verceil " " 135 " " 9981
Nice " " " " 3852
Aoste " " 136 " " 795
id. " " 135 " " 5271

Lorsqu’en 1587 César Valgrandi afferma les cinq monnaies d’outre-monts, Turin, Verceil, Aoste, Asti et Nice, les généraux de Savoie annexèrent une nouvelle ordonnance à son contrat, qui substituait à ce genre de sol déprécié un autre type, différent de forme et de bas aloi. Il était, en poids, de pièces 245 au marc, et s’appelait gros, le premier nom qu’ait porté le sol savoisien.

C’est le 21 septembre 1297 que la monnaie de Turin est mentionnée, pour la première fois, dans les documents recueillis par Duboin. On voit, à cette date, Philippe de Savoie, prince d’Achaïe, accorder à maître Durant Carrière, d’Avignon, le droit de battre monnaie pendant deux ans, apud Taurinum civitatem suam. Sur la foi de quelques pièces, reproduites dans son grand ouvrage : Antiquitates Italicae, Muratori en recule l’origine de quelques années encore, mais Promis l’accuse d’erreur, et démontre, par des documents précis et d’une autorité indiscutable, que ces monnaies n’ont pas été frappées à Turin.

Ce n’est pas l’histoire de l’atelier de Turin que nous voulons écrire ; sa fondation seule nous intéresse. Nous ne dirons donc rien de ce qui touche à son passe de six siècles. Il nous suffira de rappeler que, de tout temps, il a été le plus important établissement monétaire de la principauté, et que son importance s’est soutenue jusqu’à nos jours, à travers les vicissitudes orageuses, sous lesquelles manqua plus d’une fois de sombrer le Piémont.

88. — Mill. 17. — D. : fert gothique entra quatre traits parallèles deux à deux ; au-dessous, étoile à cinq rais ; * carolvs • emanvel, entre deux filets ; grènetis. — R. : Croix de St. M., dans le champ ; * d. g. dvx. sabavdie. 1589. entre deux filets ; grènetis autour. (Quart de sept au sol).
Promis pl. XXIX, n. 15.
89. — Mill. 16. — D. : Entre quatre traits parallèles un fert gothique ; étoile à cinq rais au*dessous ; * carolvs. emanvel. entre deux filets et un grènetis. — R. : Dans le champ, croix de St. M., avec point secret au centre ; * d. g. dvx • sabavdie. 1589 ; deux filets et un grènetis. (Quart de sept au sol).
90. — Mill. 16. — D. : fert entre quatre traits parallèles ; filet et grènetis : * carolvs. emanvel. — R. : Croix de St. M. ; autour, entre deux filets : * d. g. dvx. sabavdie. 1589. ; grènetis (Quart de sept au sol).

91. — Mill. 15. — D. : Un fert gothique entre quatre traits parallèles ; * carolvs. emanvel ; filets et grènetis. — R. : * d g. dvx. sabavdie. 1589, entre deux filets ; dans le champ, croix de St. M., avec point secret au centre ; grènetis. (Quart de sept au sol).
92. — Mill. 17. — D. : Entre quatre traits parallèles un fert gothique ; au bas, une étoile à cinq rais ; * carolvs. emanvel. ; deux filets et un grènetis. — R. : Croix de St. M. entourée de la légende : * d. g. dvx. sabavdie. 1590. ; deux filets et un grènetis. (Quart de sept au sol).
93. — Mill. 17. — D. : fert gothique entre quatre traits parallèles ; étoile à cinq rais au-dessous ; autour : carolvs. emanvel ; filets et grènetis. — R. : Croix de St. M., et point secret au centre ; * d. g. dvx. sabavdie. 1590 ; filets et grènetis. (Quart de sept au sol).
94. — Mill. 16. — D. : fert gothique entre quatre traits parallèles ; * carolvs. emanvel ; deux filets et un grènetis. — R. : Croix de St. Mi, dans le champ, avec point secret au centre ; * d. g. dvx. sabavdie. 1590. entre deux filets ; grènetis. (Quart de sept au sol).

Les numéros 90, 91 et 94 sont dépourvus d’étoile. Est-ce à dire que leur atelier d’origine soit différent ? C’est peu probable, car rétablissement de Chambéry parait avoir en, en deçà des monts, le privilège exclusif d’ouvrer cette spèce de monnaie.

Au cours de l’année 1589, Chiaffrey Grobert avait de nouveau pris à cens la monnaie de Chambéry. Au dire de Duboin, les clauses du contrat n’étant pas strictement remplies, la Chambre des Comptes fut autorisée à résilier le bail, l’année suivante. Dans ces conditions on peut donc attribuer, avec certitude, la frappe des quarts de sept, de 1589, à Chiaffrey Grobert. Quant à celle de quarts de sept, de 1590, nous l’attribuons d’autant plus volontiers aux même acensataire, qu’il n’eut pas de successeur avant le 14 janvier 1591.

95. — Mill. 17. — D. : Entre quatre traits parallèles fert gothique ; au-bas, étoile à cinq rais ; carolvs. emanvel. ; deux filets et un grènetis. — R. : Croix de St. M., et, entre deux filets ; * d. g. dvx. sabavdie. 1591 ; grènetis. (Quart de sept au sol).

96. — Mill. 17. — D. : fert gothique entre quatre traits parallèles et étoiles à cinq rais au-dessous ; * carolvs. emanvel ; filets et grènetis. — R. : Dans le champ, croix de St. M. ; point secret au centre ; d. g. dvx. sabavdie. 1591 ; filets et grènetis. (Quart de sept au sol).

Comment saurons-nous le nom du maître qui a produit nos deux quarts de sept au millésime de 1591, puisque, durant cette seule année, quatre fermiers ont passé à la tête de l’hôtel monétaire de Chambéry ? Ce furent, d’abord, les associés Jean-Baptiste Castagneri et Jean-Baptiste Cavallo, par acte du 14 janvier 1691 ; puis, César Valgrandi, par contrat du 8 juillet. La mort de ce dernier étant survenue peu de temps après, rendit une troisième adjudication nécessaire ; elle eut lieu au mois de septembre suivant, au profit de Barthélemy Arnaldo.

Rien ne désigne l’un plutôt que l’autre, celui-ci plutôt que celui-là, à nos investigations ; il est donc inutile de nous attarder davantage à de vaines recherches à cet égard.

97. — Mill. 16. — D. : Entre quatre traits parallèles : fert gothique ; au-dessous, étoile à cinq rais ; * carolvs. emanvel ; filet et grènetis. — R. : Dans le champ, croix de St. M. ; autour : * d. g. dvx. sabavdie. 1592. a. ; deux filets et un grènetis. (Quart de sept au sol).
98. — Mill. 15. — D. : fert gothique entre quatre traits parallèles ; étoile à cinq rais au-bas ; carolvs. emanvel ; filets et grènetis. — R. : Croix de St. M., avec point secret au centre ; * d. g. dvx. sabavdie. 1592. a ; deux filets et un grènetis. (Quart de sept au sol).
99. — Mill. 16. — D. : Entre quatre traits parallèles : fert gothique ; au-dessous, étoile à cinq rais ; * carolvs. emanvel. ; filets et grènetis. — R. : Dans le champ, croix de St. M. ; autour : * d. g. dvx. sabavdie. 1593. a. ; deux filets et un grènetis.
100. — Mill. 15. — D. : fert gothique, et quatre traits parallèles ; étoile à cinq rais au-bas ; carolvs. emanvel ; filets et grènetis. — R. : Croix de St. M., avec point secret au centre ; * d. g. dvx. sabavdie. 1593. a ; filets et grènetis. (Quart de sept au sol).

101. — Mill. 16. — D. : fert gothique entre quatre traits parallèles ; au-dessous, étoile à cinq rais ; * carolvs. emanvel ; deux filets et un grènetis. — R. : Croix de St. M., dans le champ, et, entre deux filets : * d. g. dvx. sabavdie. 1594. a. ; grènetis. (Quart de sept au sol).

Ces cinq variétés de quarts de sept, portent au revers, à la suite du millésime, le différent de Barthélemy Arnaldo ; c’est l’initiale de son nom. Arnaldo était originaire de Pignerol, en Piémont ; il avait affermé les deux établissements de Turin et de Chambéry, par acte passé au palais de Turin, le 18 septembre 1591. Moyennant la somme de 20, 150 écus de 15 blancs l’un, une fois versée, il était autorisé à battre monnaie conformément aux ordonnances et sous le bon plaisir de S. A., à Turin, du 1 janvier 1593 au 31 décembre 1594, et, à Chambéry, pendant trois ans et quatre mois, à commencer le 1 septembre 1591 pour finir à la même susdite époque.

La monnaie de Chambéry émit des quarts de sept au sol, à ce type, dès 1584. Nous l’affirmons sur le témoignage de Promis, car Duboin déclare n’avoir retrouvé, à cette date, aucune ordonnance monétaire qui les concerne.

Les quarts de sept sont une création d’Emmanuel-Philibert. Ils apparaissent, mais de nom seulement, dans une lettre de ce prince, du 19 avril 1567, prescrivant au maitre de la monnaie de Turin d’en frapper la valeur de 3000 écus d’or d’Italie : concedemo… fabricare et stampare tanti quarti, ciascuno dei quali vaglia la settima parte di un soldo ducale di moneta nova sino al valore di scuti tre milia d’oro d’Italia. Ce ne fut, toutefois, qu’en 1576 et 1577, que les ordonnances du 30 août et du 15 avril formulèrent les conditions auxquelles cette espèce serait ouvrée : se feront des quarts des sept au sol, qui auront de loy 10 grains et seront en poids de pièces 256 au marc ; remèdes, 2 grains en loy et 10 pièces en poids… L’empreinte différait sensiblement de celle-ci ; le module était de 16 mill. ; dans le champ, fert en caractères romains, avec rosettes au-dessus et au-dessous ; autour : + e. filib. d. g. dvx. sab. — Revers : croix de St. M., et en légende : p. pedem. 1577. v.[31]. Les ateliers de Verceil et de Turin en monopolisèrent la production sous Emmanuel-Philibert, dont le règne, d’ailleurs, touchait presque à sa fin.

Sauf la légende du droit, Charles-Emmanuel conserva le type de son père, tant au point de vue de la forme que sous le rapport du titre et du poids. Il fit frapper des quarts de sept à Nice et à Turin, en 1580 et en 1581[32]. Mais le faux-monnayage s’en empara. C’est alors que, pour mettre un terme à cette coupable industrie, la Chambre abandonna la primitive empreinte, pour lui substituer celle de l’ancien quart de sol frappé à Aoste. Ce changement eut lieu dans le courant de l’année 1589.

Telle est la genèse du type de quart de sept, sur lequel la découverte de Confranchette a rappelé l’attention en produisant à la lumière quelques-unes de ses variétés.


IV

Monnaies étrangères.

Les monnaies étrangères, recueillies à Confranchette, appartiennent à la numismatique de l’évêché de Sion, à celles de Genève, des rois de France, du Dauphiné, de la ville de Besançon et de la Franche-Comté.

102. — Mill. 15. D. : e. s. séparés par une rose à quatre pétales bilobés, et accostés de deux étoiles à six rais ; autour, une mitre, les fanons étendus ; an-bas, une feuille e de trèfle ; doublé filet et un grènetis — R. : Croix tréflée, dans quatre segments de cercle aboutés, les angles terminés par des points, entourées d’un double filet et d’un grènetis. (Demi-cruchet valaisan).

Ce billon est rare et inédit.

En reconnaissant une épiscopale parmi nos monnaies, nous avons eu un moment de surprise. Cependant, les caractères e. s. que nous estimions pouvoir interpréter Episcopatus Sedunensis, indiquant de quel côté nous devions diriger nos recherches, nous avons interrogé les monuments du Valais. Le résultat a été, pour nous, des plus heureux. Un numismate de Lausanne, Mr. A. Blanchet, signale, dans une Notice sur les monnaies inédites de l’Évêché de Sion, un billon, récemment découvert avec quelques monnaies d’Emmanuel-Philibert, à Villeneuve, sur le lac de Genève. Ce billon, inconnu jusqu’ici et achronique, du diamètre de 15 mill. et du poids de 0, 90 centig. offre, avec la nôtre, une si grande ressemblance qu’on risquerait de les confondre.

En voici la description : « D. : Les lettres e — ici rose à quatre feuilles et un point central, — s, sommées de la mitre et de ses fanons ; elle est accostée de deux étoiles à six rais. Une feuille de trèfle dessous les initiales e. s. Episcopus sedunensis. — R. : Une croix tréflée dans quatre segments de cercle aboutés. Des deux côtés, la pièce est bordée d’un cercle à double cordon et d’un grènetis. » Le billon de Villeneuve et celui de Confranchette sont donc deux variétés d’un même type, n’ayant d’autre marque distinctive, que la position différente des deux étoiles. À qui les attribuer ?

« La grande analogie, continue M. Blanchot, qui existe entre cette monnaie et le quart de sol d’Emmanuel-Philibert (portant à l’avers les initiales e. f. surmontées de la couronne ducale), nous induisait pendant longtemps en erreur ; car nous étions, tout d’abord, dispose à regarder ce billon comme savoyard. » Mais on conserve à la Bibliothèque nationale de Paris, cabinet des médailles, une pièce de billon d’Hilteprand de Riedmatten, qui occupa le siège épiscopal de Sion de 1565 à 1604. Elle a pour legende au droit : hiltebran . d. rie . . . . et, au revers : + san. theodolvs. . . . . St. Théodule est le patron du diocèse. Tel est le rapport, entre cette dernière et les deux billons en question, que toute incertitude se trouve par la même écartée.

À l’instar du numismate vaudois, nous attribuons donc notre pièce, au revers muet, au même Hilteprand de Riedmatten, qui fut contemporain d’Emmanuel-Philibert. Les Riedmatten meublaient, en effet, leur écu d’une feuille de trèfle.

On se demande, naturellement, quels étaient le nom et la valeur de cette espèce de monnaie. D’après M. Blanchet, le type rappelle exactement le demi-kreutzer de Berne ; c’est la même forme, le même modale et presque le même poids. On peut donc présumer, que nous avons sous les yeux un demi-kreutzer valaisan. Huit demi-kreutzer faisaient le batzen, et le batzen du Valais avait, je crois, une valeur d’environ 15 centimes.

Terminons par une remarque du même auteur faite à propos de ces billons : « Tout nous porte à croire, dit-il, que le peuple valaisan ne voulut point laisser introduire, dans le pays, des monnaies au type savoyard, et que l’évêque fut forcé de retirer ces pièces qui rappelaient à ses sujets l’ancienne domination des princes de Savoie. » De là leur rareté et leur valeur numismatique.

103. — Mill. 18. — D. : Dans le champ, l’écu de Genève, somme de l’aigle de l’Empire coupant la légende ; filet ; autour : geneva. civitas. 1552. — R. : Croix pattée et fourchée ; filet ; post. tenebras. lvx. g ou b. (Quart de sol).
Variété du Dr. Demóle Histoire monétaire de Genève, n. 16 ou 17, p. 186.
104. — Mill. 18. — D. : Droit comme le précédent ; écu aux armes de Genève, somme de l’aigle impériale, coupant la légende ; geneva. civitas. entre deux filets et deux grènetis. — R. : Croix pattée et fourchée dans le champ ; deux filets et deux grènetis ; post. tenebras. lvx. g • (Quart de sol).
Variété du Dr. Demóle, ibid. n. 8, et pl. n. 6.

Ces deux quarts ont été produits par l’atelier de Genève, l’un, en 1552, l’autre, de 1539 à 1551. Le mauvais état de l’empreinte ne permet pas de décider, si la frappe du premier est l’œuvre de Henri Goulaz ou des frères Berthelier. En revanche, nous n’avons aucune incertitude sur l’auteur du second ; il est bien de Henri Goulaz, dont l’initiale se détache nettement au revers.

Il est difficile d’énoncer, au point de vue héraldique, la croix des quarts genevois. Quoique les termes pattés, fourchés, encochés, ne soient pas d’une rigueur absolue, ils ont, cependant, l’avantage de rendre, avec toute l’exactitude possible, une singularité dont, à ma connaissance, on ne trouve d’autre exemple, dans la numismatique régionale, qu’au revers d’un gros de Philippe le Beau, comte de Bourgogne (1493-1506).

Genève blasonnait parti, de l’Empire à dextre et du Saint-Siège à senestre, c’est-à-dire, au premier, d’or à l’aigle éployée de sable et couronnée de gueules ; au deuxième à la clef d’or contournée, emblèmes de son doublé caractère de ville impériale placée sous l’autorité temporelle de ses évêques. — L’aigle de l’Empire s’éploie encore sur nos quarts, au-dessus de ses armes, mais avant qu’il soit longtemps, Genève aura pour cimier un soleil, au centre duquel les trois signes : jhs, monogramme du Christ, se détacheront comme un foyer lumineux. C’est vers 1558 que cette substitution s’accomplit[33].

Si l’on en croit Levrier et l’annotateur de Spon on aurait rencontré la devise : post tenebras lvx[34], gravée sur des sceaux et des monnaies épiscopales de beaucoup antérieurs au XIV° siecle. L’origine, d’après eux, en serait donc très ancienne. Mais des études sérieuses et tout-à-fait récentes, publiées dans les Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Genève de 1886, la font contemporaine du commencement du XVIe siècle. Peu après la Réforme, elle prévalut définitivement sur la variante : post tenebras spero lvcem, sans qu’on puisse, à coup sûr, établir ce qui a inspiré ce changement.

C’est entre 1539 et 1542 que notre type de quart fut livré à la circulation.

Quand la révolution de 1535 eut achevé son œuvre, à Genève, le Conseil s’occupa de fournir la ville de numéraire ; les événements l’avaient effarouché et il devenait rare. Les derniers évêques, gagnés au parti savoisien, avaient, pour ainsi dire, resigné entre les mains des princes de Savoie leur vieux droit monétaire[35]. Depuis près d’un siècle, leur atelier ne travaillait plus. Il fut ouvert de nouveau et remis en état, sur la fin de l’année 1535. Appelé à en prendre la direction, Claude Savoye présenta, deès le 4 décembre, à l’approbation du Conseil un premier type, dont les registres de ville parlent en ces termes : et auditur Claudius Savoye cui commissum extiterat negotium qui nobis ostendat marcham monete fiende sic prò quartis descriptam : geneva civitas ; post tenebras lvcem, ab una, ab alia parte : devs noster pvgnat pro nobis 1535. Trois semaines plus tard, les administrateurs de la cité eurent à délibérer sur un nouvel essai. Celui-ci portait au droit : geneva civitas 1536 dans le champ, avec la devise circulaire post tenebras lvx, puis au revers : devs noster pvgnat, et au centre : pro nobis.

« Cette petite monnaie ne satisfit pas le Conseil qui la trouva mal gravée, et il ordonna d’en refaire les coins. Claude Savoye se conforma à cet ordre ; les nouveaux quarts frappés au début de 1536, sont en effet d’une exécution plus soignée, et présentent quelques modifications de types. Ainsi, au droit, les armes de Genève remplacent le nom de la ville et le millésime. Au revers, le mot devs occupe dans le champ la place de pro nobis, et noster est supprimé. Les deux sortes de quarts, émis dans les débuts de l’atelier genevois, diffèrent aussi par le titre »[36].

On critiqua vivement la croix des quarts dans l’assemblée du 6 avril 1538. Le second type avait donc déjà fait place à un troisième, qui devait disparaître à son tour. La croix, cause du mécontentement, était une simple croix feuillue ; on lisait à l’avers : geneva.

29 avril 1539. Le Conseil prend l’arrête suivant : « Tous les quarts, lesqueulx ne seront pas de mise, nommoment les quarts esqueulx est escript d’un costé geneva civitas, et de l’autre : devs pvgnabit pro nobis, sans poien d’arme de laz ville, soyent portés aux trésoriers pour les fere refondre en mieulx. » La mesure était benne ; il importait, en effet, que cette monnaie eut, dès l’abord, un type facilement reconnaissable et national. Au reste, le gouvernement trouvait un avantage considérable à en opérer la refonte, car, si les anciens quarta circulaient pour la même valeur que ceux de frappe récente, leur grande supériorité de titre ne faisait doute pour personne.

L’ordonnance du 15 janvier 1542, est la première qui mentionne le titre des quarts : titre, deux deniers, deux grains ; taille, 282 pièces ; remède, en loi, deux grains, et, en taille, quatre deniers ; seigneuriage, six deniers ; brassage, sept sols. Le quart s’ouvrait alors au type de nos deux variétés, type qui traversera la seconde moitié de ce siècle, sans qu’il y soit porte de graves atteintes. Le millésime avait été abandonné depuis 1535 ; il réapparait, sur les quarts, en 1551, et je lis, dans l’Histoire monétaire de Genève, qu’en 1562, il fut frappé 1407 marcs de cette espèce de monnaie.

Claude Savoye occupait divers emplois ; il n’avait pas, en conséquence, assez de liberté, ni le temps suffisant pour imprimer à l’atelier de Genève l’activité désirable. Il fut révoqué, et, le 8 janvier 1539, il rapporta au Conseil cinq piles et huit trousseaux de quarts[37]. Henri Goulaz prit sa succession, le 24 janvier suivant ; excellent choix, qui amena d’utiles réformes dans les monnaies. Néanmoins, sept ans plus tard (6 décembre 1546), le Conseil l’éloigna, pour élever à sa place, les frères François et Philibert Berthelier. À la suite de cette violence des tiraillements se produisirent qui le firent rappeler, en 1548, pour travailler en commun avec ces derniers. Mais, une association de ce genre pouvait-elle durer ? Goulaz ne tarda pas à la rompre, et le Conseil, cédant à la crainte d’une désorganisation totale de l’atelier, décida que Henri Goulaz et les Berthelier battraient monnaie à tour de rôle.

Il en fut comme il avait été arrêté. Du 23 janvier au 23 novembre 1551, nous trouvons à la tête de l’établissement Henri Goulaz ; du 23 novembre 1551 au 23 aôut 1552, les frères Berthelier ; du 23 aôut 1552 au 23 mars 1553, de nouveau Henri Goulaz, et ainsi jusqu’en 1555. À cette époque, François Berthelier, impliqué dans des poursuites criminelles, après le mouvement populaire du 16 mai, fut condamné à mort par sentence du parti calviniste, et exécuté le 15 septembre de la même année.

Le signe différentiel de Henri Goulaz, était un g ; celui des frères Berthelier, un b, et de l’association Goulaz-Berthelier, une étoile à cinq rais.

105. — Mill. 16. — D. : Dans le champ, un h surmonté de la couronne de France[38] : hen. iii. d. g. ( ? ) p. et. p. r. 1578 ; grènetis. — R. : Croix fleurdelisée aux quatre bouts autour : sit. nom. dni. ben. c ( ? ) ; grènetis. (Liard de Henri III).
Hoffmann, Monnaies royales de France, Henri III, p. 137, et pl. LXXVII, n. 61.

Ce billon n’est peut-être qu’une variété d’Hoffmann ; un malheureux hasard a voulu que les endroits frustes fussent précisément ceux où nous devrions lire les signes capables de nous fixer. Nous possédons une autre variante de ce type, en cuivre rouge, portant également, au droit, un h couronné, et au revers, une croix fleurdelisée. Mais, de fortes rognures en ont supprimé la légende ; c’est donc vainement que nous tenterions d’en pousser l’étude plus loin. Du règne de Henri III date l’émission de la monnaie de cuivre, inconnue jusque là, dans la numismatique des rois de France.

106. — Mill. 18. — D. : Dauphin, accosté de doux points, et couronné ; henricvs. iii. d. g. f. et. pol. r. i… z. — R. : * sit. no. d. benedict. 1577 * ; dans le champ, croix fleurdelisée et cantonnée de quatre points. (Liard au dauphin).
Hoffmann, ibid. Henri III, p. 138, et pl. LXXVII, n. 63. — Monnaie frappée à Grenoble.

Le liard de France n’était autre que le quart de sol de Savoie. Il aura vraisemblablement pris ce nom de la couleur brune du métal. Liart signifiait, en effet, gris et brun dans la langue des romans de chevalerie : Richard siet sur un destrier liart. (Roman d’Aubry). Lors brosche le destrier liart. (Roman de Blanochandin)[39].

Le type au dauphin était déjà ancien ; il est décrit dans un Compte de 1339 ; habeat moneta alba, ab una parte, circulum infra quem sit unus Dalphinus, et ab alia parte, sit una crux parva, prout habent Turonenses argenti regni Francie[40]. Il fut maintenu, tant que le Dauphiné eut son monnayage particulier, et, après la cession de 1349, tout en copiant les monnaies royales, les dauphins de France les marquèrent toujours du poisson symbolique (1349-1486).

En quittant la Pologne pour monter sur le trône de France, Henri III n’avait pas renoncé à la couronne des Jagellons, par une abdication formelle. Aussi sur toutes ses monnaies — les exceptions sont rares, dit Hoffmann — les mots : polonie rex, figurent-ils après son titre de roi de France.

Les conditions de frappe du liard à l’h couronné se prescrivaient ainsi : poids, 18 grains ; loi, 1 denier, 15 grains ; valeur, 3 deniers tournois. Nous ignorons quels étaient le poids et le titre des liards au dauphin, toutefois, les ateliers royaux étant alors régis par les mêmes ordonnances, on peut conjecturer qu’identiques aux précédents en mérite intrinsèque, ils en différaient seulement par l’emblème delphinal, grave au droit. Ces règlements demeurèrent en vigueur jusqu’en 1583. Le 22 juin de la dite année, un édit déprécia les types en cours et en créa deux nouveaux. Il maintenait, il est vrai, h couronné sur l’un, et le dauphin sur l’autre, mais le titre en était abaissé de trois grains, et trois fleurs de lis remplaçaient, au revers, la croix fleurdelisée.

L’organisation monétaire du Dauphiné est, pour ainsi parler, parallèle à sa fortune politique. Le droit de battre monnaie, dans leurs domaines, avait été concédé aux dauphins de Viennois, en 1155 par l’empereur Frédéric I. Conservé intact par les successeurs de Guigues V, il passa aux dauphins de France, en même temps que la province. Loin de se ralentir sous ces derniers, la fabrication prit une extension plus grande encore, et des ateliers furent ouverts à Rochegude, S. Georges d’Espéranche et à la Côte S. André. Cependant le monnayage dauphinois avait ceci de particulier ; que les espèces frappées au marc de Grenoble, inférieur d’un trente-deuxième au marc de Paris, ne pouvaient circuler que dans la province. Même disproportion entre la monnaie viennoise et la monnaie tournoise. Si pénible que dut paraître à l’amour propre dauphinois l’uniformité en cette matière, elle s’imposait. Dès 1382, la Chambre des Comptes de Paris établit sa suprématie souveraine sur les ateliers du Dauphiné ; en 1385 les comptes étaient faits dans la capitale du royaume, et, en 1386, on cessait de tailler les monnaies au marc de Grenoble, pour adopter le marc de Paris[41].

Quoique son indépendance souffrit de ces mesures, même après 1486, lorsqu’à la suite de la révolte de son jeune souverain, la province fut définitivement réunie à la Couronne, le monnayage dauphinois ne perdit pas entièrement son caractère national. On grava ses insignes sur les monnaies ; on écartela France et Dauphiné, et cet usage, consacré par de solennelles déclarations[42], ne fut abandonné que sous Louis XIV.

107. — Mill. 16. — D. : Buste couronné à gauche ; filet et grènetis ; * carolvs. v. imperator. — R. : Champ meublé d’une croix pattée, coupant la légende et chargée en cœur des armes de Besançon ; mon civi bisv 1552. (Demi-carolin ou petit blanc de Besançon).
108. — Mill. 16. — D. : Buste diadémé à gauche ; autour : carolvs : v : imperator ; filet et grènetis. — R. : Croix pattée, coupant la légende et chargée en cœur, comme le précédent, des armes de Besançon… n. civi. bisv. 1576 (ou 1578). (Demi-carolin ou petit blanc).

Ces deux exemplaires ne figurent ni dans la série des monnaies de Besançon, décrites par Poey d’Avant, (' Monnaies féodales, III, p. 140 et suivantes) ni dans l’Essai sur les monnaies des Comtes de Bourgogne de Plantet et Jeannez ; nous les croyons donc inédits. Le métal est un alliage de cuivre et d’argent de prés de six deniers ou de 500/1000 ; c’est le meilleur billon que nous ayons rencontré encore.

Besançon armoriait d’or à l’aigle éployée de sable et lampassée de gueules, soutenant, dans chacune de ses serres, une colonne de gueules posée en pal. Ces deux colonnes rappelaient, dit-on, les débris d’un temple païen, bâti sur la montagne que couronne aujourd’hui la citadelle. « Plus tard, on fit allusion aux colonnes d’Hercule ; » c’est, sans doute, à ce dernier titre que les souverains d’Espagne en ont fait les supports de leurs armes.

Les archevêques de Besançon ont battu monnaie de 871 à 1534. Au XVI° siècle, le pouvoir épiscopal penchant vers son déclin, tandis que la puissance municipale ne faisait que grandir, la cité impériale s’efforça d’attirer à elle ce droit régalien qui devait consacrer son affranchissement. Elle l’obtint ce droit si convoité. Par lettres patentes du 8 mai 1534, données à Tolède. Charles-Quint enleva aux archevêques leur antique privilège, et en gratifia les habitants. Il mettait pour condition à cette importante faveur, que les monnaies bisontines porteraient son effigie, au droit, et, au revers, les armes de la ville et le millésime. L’atelier municipal ne fonctionna qu’à partir de 1537. La reconnaissance de Besançon n’eut pas un instant de défaillance. Elle frappa, au nom et au type de son bienfaiteur, tant qu’elle battit monnaie, c’est-à-dire, jusqu’à la conquête de Louis XIV, en 1674. Ces quelques mots aideront le lecteur à comprendre pourquoi notre seconde variété est à l’effigie de Charles-Quint, quoique postérieure de vingt ans à la date de sa mort.

109. — Mill. 20. — D. : Buste drapé et couronne à gauche ; filet ; + phs. rex. cathol. hispan. — R. : Dans le champ, écu aux armes de la Franche-Comté ; filet ; + d. et. comes. bvrgvndie. 1593 ; grènetis. (Denier franc-comtois).
Poey d’Avant, ibid. III, n. 6808, et pl. CXX, n. 17. (Denier frappé à Dôle).

La monnaie franc-comtoise avait pour type un lion debout, dans un champ semé de billettes. Tant que la Franche-Comté demeura unie au duché de Bourgogne, elle n’eut pas de monnayage distinct. On a cependant retrouvé des espèces de l’époque frappées à son type ; mais si faible en est le nombre qu’on ne peut conclure à un système monétaire particulier. Lorsqu’à la mort de Charles le Téméraire la Bourgogne fut démembrée, et que le Comté, par Marie de Bourgogne et son fils, Philippe le Beau, passa à la maison d’Autriche-Castille, il eut dès lors, son atelier et ses monnaies. L’atelier était établi à Dôle ; il frappa des espèces d’or et d’argent, au nom de tous les rois d’Espagne, jusqu’à Philippe IV, qui mourut en 1665. Son fonctionnement cessa en 1678, peut-être même auparavant, car on n’a pas découvert encore des monnaies à l’effigie de Charles II. Deux fois conquise, en quelques années, par les armées du grand roi, cette belle province perdit son autonomie, et vint, sans regret, se fondre dans la nationalité française (1678).


Conclusion.

Voilà ce que nous avions à dire à propos des monnaies de Confranchette. C’est beaucoup, nous objectera-t-on ; des pièces d’aussi mince importance ne méritaient pas tant d’honneur. Erreur, répondrons-nous ; l’archéologie ne dédaigne rien de ce qui peut faire revivre le temps passe. Elle n’apprécie pas la valeur d’une découverte à l’utilité pratique de l’objet que le hasard met au jour, mais à la somme d’indications qu’il est à même de lui fournir.

Depuis près d’un demi-siècle, il s’est fait des études sérieuses sur la numismatique savoisienne. Le savant ouvrage de D, Promis, conservateur du médaillier du roi, à Turin, qu’on pourrait appeler l’histoire monétaire de Savoie, en même temps qu’il plantait les jalons à suivre, a été comme un clairon d’appel. Duboin publiait bientôt sa précieuse Collection de titres, dont deux volumes in-folio ont trait aux monnaies. Rabut, Soret, Chaponnière et enfin Mr. Perrin ont, successivement, entretenu le public et les corps savants, des résultats de leurs travaux. Ils ont fait connaître, soit des monnaies inédites, soit des documents nouveaux, concernant surtout les ateliers en deça des monts.

Nous ne saurions, nous autres, habitants de l’Ain, rester indifférents à ce mouvement. La numismatique des princes de Savoie nous intéresse au même titre que nos voisins. N’ont-ils pas été les souverains de nos pays ? N’est-ce pas à l’ombre de leur paternelle autorité, que nos pères ont été initiés à la vie politique, durant trois siècles, les plus héroïques de notre histoire ? Chaque fois donc que le sol restitue quelques uns de leurs souvenirs, il importe, si chétifs qu’ils apparaissent, et quelle qu’en soit la nature, d’appeler, à cet égard, l’attention des hommes compétents. Au reste, le médaillier de Savoie a de grandes lacunes à combler ; les anciennes ordonnances décrivent des monnaies, que l’on n’a pas retrouvées encore[43]. Gardons-nous donc de rien livrer à l’oubli.

C’est le conseil que Rabut donnait dejà en 1851 : « Pour rendre complètes les études sur la numismatique savoisienne, écrivait-il dans sa première notice, il est indispensable de surveiller et de publier avec soin toutes les découvertes futures ».

C’est la pensée qui nous a guide dans l’entreprise de ce travail ; puisse-t-il être honoré de l’approbation de quelques-uns.

  1. Le village de Confranchette dépendait, dans les temps féodaux, du château de Morestel, plus connu sous le nom de Châteauvieux, situé à 2 kilm. de là, sur le Suran. Humbert IV l’avait remis, avec le hameau de Gravelle, vers 1280, à un membre de l’illustre maison de Luyrieux qui possédait alors les seigneuries de la Cueille et de Morestel. (Guich. Bresse, partie IIe, p. 36).
  2. Dans le nombre se trouvait la clef d’un petit coffret que la rouille avait entièrement déformée.
  3. Par billon nous entendons, avec Promis, tout alliage où l’argent n’entre pas au moins pour la moitié.
  4. Il faut peut-être établir une exception en faveur des demi-carolins de Besançon.
  5. Le diamètre de chaque pièce n’est qu’approximatif, car les rognures et l’usure en rendent pour la plupart la détermination exacte presqu’impossible.
  6. Ou aloi, titre auquel les monnaies doivent être alliées ou fabriquées. Le titre de l’or s’énonce en carats ou en millièmes ; chaque carat vaut 41.66/1000 ; l’or fin vaut vingt-quatre carats ou 1000/1000. Le titre de l’argent se prescrit en deniers ou en millièmes ; chaque denier vaut 83.33/1000 ; l’argent fin vaut douze deniers ou 1000/1000.
  7. Remède, aujourd’hui tolérance ; on appelait ainsi l’écart permis, tant sur la qualité que sur le poids des monnaies ; le premier se nommait remède de loi, et le second remède de poids.
  8. Droit fixe, calculé au marc, que le souverain prélevait sur la fabrication des monnaies.
  9. Perrin, Monn. en Savoie, p. 16.
  10. Voyez Lett. pat. du 14 avril 1564. — Promis, pl. XXVII, n. 58.
  11. Rabut, 3me notice, pp. 138 et 142.
  12. Division d’un marc d’or, d’argent ou de cuivre en un certain nombre de pièces de poids égal. L’opération avait lieu de quatre manières : 1. en indiquant directement le poids de la pièce ; 2. en indiquant le nombre de pièces au marc ; 3. en indiquant le nombre de deniers correspondant au nombre de pièces qui devaient entrer au marc ; 4. en indiquant la valeur du marc monnayé. (D’après Mr. Demôle).
  13. Perrin, Médaillier de Savoie, p. 22.
  14. Duboin, XX, p. 1093.
  15. Vernazza, De la monn. secus. cité par Duboin, ibid., p. 762.
  16. Perrin, Méd. de Savoie, p. 20.
  17. Somme fixe, allouée au maître particulier sur chaque marc monnayé pour ses risques, et les divers frais occasionnés par la fabrication de la monnaie.
  18. Promis, pl. XXIV, n. 82, et pl. XXII, n. 14.
  19. Privilegium cudendi monetas Astensibus concessum a Conrado II, anno 1140, apud Duboin, XX, p. 771.
  20. Muratori a reproduit, dans ses Antiquit. Ital., le premier type de monnaie frappé par la ville. On voit, au droit, dans le champ, le mot : rex, autour : conradvs. Le revers porte une croix, et en légende : astensis.
  21. Duboin, Ibid., p, 1147, note.
  22. Hoffmann, Monnaies roy. de France. Charles IX, n. 34.
  23. De l’italien Zecca, hôtel de la monnaie, lieu où l’on fabrique la monnaie.
  24. Perrin, Monn. en Savoie, p. 152.
  25. Arrêt de la Chambre des Comptes ; Duboin, XX, p. 1154. Cet arrêt nous laisse assez perplexe ; l’empreinte, qui est dite des anciens quarte, est de tous points semblable à celle des quarts de sept au sol, dont nous parlerons tout à l’heure, et que Promis et Duboin ont gravés, pl. XXIX, n. 15. Nous ne serions pas éloigné de croire que les quarts, visés dans cet arrêt, et pas autrement spécifiés, sont des quarts de sept au sol et que, par conséquent, ce document devrait trouver place un peu plus loin.
  26. Les quarts de Bourg et de Chambéry n’ont été l’objet d’aucune critique de notre part, en lisant ces lignes après la remarque faite plus haut à propos du métal des quarts de Gex, on nous accusera peut-être de contradiction. Ce serait à tort, car il s’agit de deux faits, difficiles à concilier, il est vrai, mais que nous nous bornons simplement à constater.
  27. Deuxième notice, p. 75 et pl. III, n. 11.
  28. Duboin, Ibid, p. 1155.
  29. Partie nord-ouest de l’ancien territoire saxon.
  30. Rabut, 2e notice, p. 64, note.
  31. Promis et Duboin, pl. XXVII, n. 52.
  32. Promis et Duboin, pl. XXIX, n. 9.
  33. Notes communiquées par M. Demdle.
  34. Job. XVII, 12.
  35. Les évêques de Genève avaient reçu le droit de battre monnaie des empereurs, en même temps que la souveraineté temporelle. Aymon, comte de Genevois, le reconnut expressément à Humbert de Grammont, par l’accord conclu à Seyssel, en 1124, monetam in manu solius Episcopi esse. (Spon, Hist. de Genève, II, p. 6). La maison de Savoie poursuivit constamment la confiscation de ce droit à son profit ; elle y réussit à force d’adresse. L’atelier monétaire, qu’elle établit à Cornavin, aux portes de Genève, en 1448, supplanta l’atelier des évêques, qui cessa de fonctionner depuis.
  36. Demôle, Hist. monét. de Genève.
  37. On appelait trousseaux les matrices, portant, gravés en creux, les détails reproduire en relief, sur le droit des monnaies, et piles, celles du revers.
  38. Les rois de France de la troisième race portaient, anciennement, pour couronne, un corde d’or, enrichi de pierreries et orné de fleurs de lis ; le diadème mitre était réservé aux empereurs. Ainsi l’exigeaient les règles héraldiques. Ils n’adoptèrent la forme impériale qu’à la fin du XVe siècle, et on attribue à François I, mais plus généralement, à Charles VIII, l’introduction de cet usage en France.
  39. Gloss. V. Liardus.
  40. Hist. du Dauphiné, I, p. 95.
  41. Poey d’Avant, Monn. féodales, III, p. 60. — Morin, Numismatique féodale du Dauphiné.
  42. 1 avril 1541 et 17 juillet 1549.
  43. Mentionnons entre autre les denari forti bianchi novissimi (de 9 au gros), les denari forti novissimi (de trente au gros), et les genevesi ou bianchetti (de 12 au gros), dont il est question dans les comptes des mistraux de Maurienne, de 1330 à 1331, et de 1337 à 1339.