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Les Veillées des maisons de prostitution et des prostituées/14

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ÉPILOGUE

La revue des tableaux était terminée ; Nanette venait de souffler les lumières placées derrière la lanterne magique quand la petite brune s’écrie :

— Oh ! si tu voulais. Nanette pour finir la soirée nous raconter ton aventure de jeunesse avec ton maître de dessin, tu sais combien nous aimons à t’entendre répéter.

— Oui, oui, s’écrièrent ces demoiselles, le maître de dessin ! le maître de dessin !

— Valentin, dit Nanette, j’aime le souvenir du beau vit que j’eus alors sous les yeux, quoique ce soit toujours avec un nouveau regret que je songe que je fis la sottise de n’en pas jouir : écoutez donc.

J’étais dans ma quinzième année, et un chirurgien qui visitait souvent ma mère avec laquelle il était on ne peut plus intimement lié, voulant me donner des preuves de l’intérêt qu’il me portait, par contre-coup me proposa un maître de dessin de ses amis qui s’offrait de me donner ses leçons gratuitement. J’acceptai avec empressement une proposition qui flattait mon inclination et le maître parut.

Dès la première visite il me donna des preuves non équivoques d’un goût décidé pour moi. Vous avez, me dit-il, une figure qui annonce les meilleures dispositions et je crois, que je pourrai bientôt vous rendre habile dans mon art, puisse-je y réussir de même dans celui d’aimer… Après ce très-petit préliminaire, voulant me dessiner ce qu’on appelle sur modèle il m’en exhiba un d’une grosseur énorme, dont il voulait que je parcourusse de l’œil et de la main toutes les dimensions, j’espère, me dit-il, que peu de maîtres seraient dans le cas de fournir d’aussi bons originaux.

« Une jolie femme qui se décide à embrasser la profession que vous avez choisie, doit bannir ces préjugés d’éducation décorés des grands mots de pudeur, décence, honnêteté, etc. Ses yeux doivent s’accoutumer à tout voir sans être blessés et puisqu’elle sort du cercle habituel et étroit des connaissances ordinaires à son sexe, elle doit y laisser les pusillanimités qui les escortent. Ainsi, croyez-moi, vous avez des dispositions dont il faut profiter. Ne vous bornez pas au petit genre, la nature morte n’offrirait point de ressources à vos talents, jettez vous sur l’histoire ce doit être là l’unique objet de vos études. »

Interdite du discours de mon peintre et de son action, je n’osais ni fuir ni lever les yeux sur lui. Il s’aperçut de mon embarras, voulut en profiter pour me donner cette première leçon dont je comprenais assez l’objet, car en disant ce terrible jettez-vous sur l’histoire, mon audacieux Appelle y joignait le geste. Que vous dirai-je, en véritable sotte et en fille qui ne connaît pas encore le prix des choses, je m’échappai de ses bras malgré les efforts qu’il faisait pour m’y retenir, je me dérobai à la leçon à la morale et surtout à l’énormité du modèle, dont je n’ai jamais vu par la suite de copie fidèle quelques perquisitions que j’aie faites pour m’en procurer.

Que ceci vous serve de leçon, mesdemoiselles, ajouta Nanette, en terminant et ne laissez pas échapper les occasions ; on les regrette toujours, rappellez-vous du proverbe trivial, mais vrai : qui refuse, muse.

Après cette conclusion, ces demoiselles se séparèrent et se retirèrent chacune dans leurs chambres respectives, et il est plus que probable que l’imagination échauffée par les tableaux qui avaient passés sous leurs yeux, plus d’une fit pendant la nuit ce qu’avait fait la petite brune pendant l’explication que donnait Nanette, que plus d’un doigt libertin et joli alla s’égarer sur les clitoris rosés, et fit jaillir d’iceux le foutre, cette divine liqueur, présent des dieux, qui après avoir crée les hommes sert encore à leurs plaisirs.


FIN