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Les aventures d'un Français au pays des caciques (G. Ferry)/VIII

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CHAPITRE VIII

LE GENTILHOMME OURAGAN.


La nuit était venue c’était une de ces nuits de mai où les clartés de la lune prêtent à Mexico un aspect presque magique. De molles lueurs tombaient du ciel sur les clochers peints des églises et sur les façades coloriées des monuments. Le clair de lune, sous les tropiques, étale de voluptueuses splendeurs inconnues dans nos climats brumeux. Sur la Plaza Mayor, la foule n’était plus si épaisse qu’avant le coucher du soleil, mais elle était plus calme et plus recueillie. Les promeneurs ne se parlaient qu’à voix basse, comme s’ils eussent craint de troubler la tranquillité de cette nuit sereine. De légers bruits d’éventails agités, de robes de soie froissées, quelquefois un éclat de rire féminin, mélodieux et pur comme la vibration d’un timbre de cristal, parfois aussi les tintements d’une cloche lointaine ; venaient seuls interrompre ce profond silence. Les femmes voilées, les hommes enveloppés de manteaux, glissaient comme des ombres sur le sable qu’ils faisaient à peine crier. Je retrouvai là, mal déguisés sous l’ample abri du costume national, plus d’un couple mystérieux qui donnaient raison à la chronique médisante des salons, et dont le public des Bouffes avait pu ce soir-là remarquer l’absence. À coté de femmes jeunes et belles, il y en avait aussi de celles qui penchent, selon l’expression anglaise, du côté nuageux de trente ans. On rencontrait encore bon nombre de ces beautés de faux aloi dont parle Perez de Guevara. Je ne dis rien de ces coureurs d’aventures qu’on retrouve partout au Mexique, vrais types de matamores écorchant les dalles de leurs sabres et de leurs éperons. Telle était la foule joyeuse et bigarrée qui se pressait sur la Plaza Mayor à l’heure où je me dirigeais lentement, et non sans une certaine irrésolution, vers l’impasse de l’Arcade.

Au premier pas que je fis dans la sombre ruelle, un courant d’air froid, comme celui qui s’échappe du soupirail d’une cave, me frappa au visage et me glaça jusqu’aux os. Je restai quelques secondes à l’entrée de l’impasse, cherchant à distinguer quelque trace de lumière aux fenêtres ou aux portes grillées des maisons ; mais tout y semblait mort et désert. Je pris alors mon parti, et je m’avançai presque à tâtons dans la direction de la maison que j’avais reconnue le jour même. J’étais arrivé près du carrefour dont j’ai parlé, quand un bruit de pas se fit entendre derrière moi, et je vis un homme qui, venant de la place, se dirigeait de mon côté. Je voulus me ranger sur le trottoir, mais je ne sais comment mes jambes s’embarrassèrent dans une longue rapière que portait le promeneur nocturne : je trébuchai, et je ne pus éviter une chute qu’en me retenant à son manteau. L’homme fit aussitôt un pas en arrière, et le grincement du fer m’avertit qu’il tirait son épée.

Capa de Dios ! s’écria-t-il, est-ce à ma personne ou à mon manteau que vous en voulez, seigneur voleur ?

Je crus reconnaître cette voix, et je me hâtai de répondre : — Je ne suis ni un voleur ni un assassin, seigneur don…

J’espérais que l’inconnu allait venir en aide à ma mémoire et décliner son nom ; mais il n’en fut rien, et s’adossant à la porte d’une maison voisine :

— Qui êtes-vous et que me voulez-vous ? me demanda-t-il brusquement.

— Je cherche la demeure du licencié don Tadeo, répondis-je, et, si je ne me trompe, c’est la maison devant laquelle nous sommes en ce moment.

— Ah ! Et qui vous a indiqué cette maison ?

— Tio Lucas, l’écrivain public. J’ai à consulter don Tadeo sur une affaire importante.

— Don Tadeo… eh ! c’est à lui-même que vous parlez.

Le costume de cet homme, dont je ne pouvais distinguer les traits, était en effet conforme à celui que portait, quelques heures auparavant, l’amateur de taureaux dont Tio Lucas m’avait appris le véritable nom. Je me hâtai de répondre à don Tadeo, en me félicitant du hasard de cette rencontre et en lui demandant quelques instants d’audience.

— Très-volontiers, répondit-il, je suis tout prêt à m’occuper de votre affaire ; mais entrons d’abord dans cette maison ; nous y causerons plus à l’aise.

Et il frappa en même temps du pommeau de sa rapière à la porte contre laquelle il était adossé.

— Ma profession, ajouta-t-il, m’oblige à prendre quelques précautions ; vous comprendrez tout à l’heure pourquoi. Ne vous étonnez pas trop de mon singulier domicile. On vous aura dit que j’étais un orignal, et on a eu raison…

Don Tadeo s’interrompit, la porte de la maison mystérieuse venait de s’ouvrir avec un grand bruit de chaînes. Le portier, un falot à la main, s’inclina respectueusement devant le licencié, qui me fit un signe de le suivre. Nous traversâmes rapidement le vestibule, et après avoir monté un escalier assez raide, nous nous arrêtâmes devant une portière en serge, surmontée d’un transparent flamboyant sur lequel on lisait ces mots en lettres gigantesques : Sociedad Filarmonica. Des voix, des cris confus s’échappaient de la salle qu’annonçait ce titre ambitieux.

— Sont-ce vos clients qui mènent un si grand bruit, seigneur licencié ? demandai-je à don Tadeo.

Sans me répondre, celui-ci souleva la portière de serge verte, et nous nous trouvâmes dans une vaste pièce assez mal éclairée. Une large table, couverte d’un tapis vert et entourée de joueurs, en occupait le milieu. Avec les quinquets suspendus aux murs, quatre bougies, hautes comme des cierges d’église et contenues dans des tubes de fer-blanc, complétaient l’éclairage. De petites tables, placées de distance en distance, servaient aux consommateurs, qui pouvaient demander à leur choix soit des infusions de tamarin ou d’eau de roses, soit de l’eau-de-vie de Barcelone. Enfin, dans le fond de la salle s’élevait une haute estrade, ornée de peintures faites à la colle et représentant, pour rappeler sans doute la destination de l’établissement, un grotesque trophée de bassons, de cors de chasse et de clarinettes. On comprendra la surprise que j’éprouvai en mettant le pied dans un pareil tripot, au moment où je croyais me voir introduire dans le cabinet d’un légiste. Aussi me mis-je à regarder mon compagnon comme si je le voyais pour la première fois : c’était bien l’homme que j’avais rencontré dans les gradins du cirque et sous les Arcades des Marchands. Avec son costume étrange, sa longue rapière, sa chevelure épaisse et hérissée, don Tadeo avait la tournure d’un bandit beaucoup plus que d’un jurisconsulte. À peine eut-il fait quelques pas dans la salle, qu’il fut accosté par deux individus qui semblaient les dignes habitués de cette caverne : ce fut d’abord une espèce de géant à l’air farouche et gauche, qui tendit au licencié une main large comme une éclanche de mouton, et lui dit en espagnol, avec un accent anglais fortement prononcé :

— Comment se porte le seigneur don Tadeo ?

— Mieux que ceux à qui vous pouvez en vouloir, maître John Pearce, répondit celui-ci en arrêtant sur son interlocuteur un regard froid et perçant comme une lame d’épée. Savez-vous bien que votre réputation est faite maintenant au Mexique comme au Texas, surtout depuis que…

— Chut ! reprit l’Américain, peu désireux évidemment d’entendre le licencié achever sa phrase. Avec votre permission, j’ai à vous consulter.

– Tout à l’heure, répondit l’homme de loi. Je dois donner la préférence a ce cavalier que j’ai rencontré avant vous.

– De grâce, écoutez-moi d’abord, seigneur licencié, interrompit un autre personnage aux yeux louches, aux cheveux grisonnants, et qui portait un costume aux couleurs éclatantes, j’ai aussi à vous demander un avis.

— Ah c’est toi, Navaja répondit don Tadeo en toisant le Mexicain, qui parut se troubler sous ce regard sévère. Est-il encore question de la mauvaise affaire…

— Chut ! s’écria à son tour le Mexicain. Puisque c’est votre bon plaisir ; je prendrai le troisième rang.

Il avait suffi a don Tadeo de faire allusion à deux épisodes, sans doute peu édifiants, de la vie de ses clients pour être débarrassé immédiatement de leurs importunités. J’admirai cette puissance que donnait à mon compagnon une expérience acquise évidemment au prix d’un commerce intime et périlleux avec les plus dangereux héros de la bohème mexicaine.

— Ah çà ! me dit enfin don Tadeo en se tournant vers moi, pourrais-je savoir maintenant, seigneur cavalier, qui vous êtes et quelle affaire vous amène ? Il faut qu’elle soit bien délicate, car on ne recourt à mon intervention que pour résoudre les difficultés que mes confrères jugent insurmontables. C’est même l’un de ces dignes légistes qui vous aura sans doute conseillé de vous adresser à moi.

Je nommai le licencié qui m’avait vanté le cœur et le bras intrépides de don Tadeo. Celui-ci secoua la tête avec son dédaigneux sourire.

— Il s’agit d’une affaire dangereuse, je le vois bien, reprit-il. L’homme que vous nommez est mon ennemi déclaré, et il ne m’en envoie pas d’autres. J’ai là, vous l’avouerez, une étrange spécialité. Aussi m’est-il permis d’être quelque peu prompt à dégainer le soir dans les rues. Que voulez-vous je suis de Séville, et on n’a pas pour rien passé quelques années de sa vie parmi les spadassins du faubourg de Triana.

— Vous êtes Espagnol ?

— Oui, sans doute, et, avant d’être légiste, j’ai été ce qu’on nomme un gentilhomme ouragan, — uracan y calavera. — Vous voyez en moi un étudiant de Salamanque, de cette belle ville dans laquelle on fit, il y a bien des années, la glose-suivante :

En Salamanca la tuna
Anduve marzo y abril ;
Ninas he visto mas de mil
Pero como tu, ninguna[1].

Moi aussi j’ai fait des quatrains dans cette joyeuse ville, j’en ai même chanté, et c’est à la suite d’une sérénade interrompue malheureusement par un duel suivi de mort d’homme, que je me suis vu forcé de venir chercher fortune à la Nouvelle-Espagne. J’avais, pour réussir ici, deux qualités précieuses et qui s’allient rarement : je possédais à merveille la jurisprudence et l’escrime. Et vous-même vous avez pu reconnaître tout à l’heure que je n’ai rien perdu de mon ancienne humeur de spadassin ; mais j’y pense, seigneur cavalier, je vous dois un dédommagement pour ma méprise de tout à l’heure. Il s’en est peu fallu vraiment que je ne vous donnasse de mon épée au travers du corps. Permettez-moi de vous offrir, pour me faire pardonner cette brusque incartade, une infusion d’eau de rose ou d’eau-de-vie de Catalogne.

Et sans me laisser le temps de placer une parole, le licencié m’entraîna vers une table où nous nous assîmes. Mon étonnement croissait à mesure que je faisais plus ample connaissance avec ce singulier personnage. Ce ne fut qu’après qu’on nous eut servis que don Tadeo consentit à m’entendre expliquer mon affaire, ce que je fis le plus brièvement et le plus clairement possible.

– C’est bien, dit-il ; il s’agit d’un débiteur que vous n’avez pu retrouver, mais vous savez au moins son nom ?

— Ah c’est un nom qui semble inspirer à vos confrère une bien vive sympathie, car aucun n’ose se charger des poursuites.

— Voyons donc ce nom terrible. Je suis curieux de savoir s’il produira le même effet sur moi.

— Je vous le dirai tout bas. Mon débiteur se nomme don Dionisio Peralta.

Le licencié ne sourcilla pas.

— Et combien vous doit-il ?

— Quatorze cents piastres.

– Tenez, me dit après un moment de silence don Tadeo, nous allons monter sur la terrasse de cette maison, et là nous causerons plus à l’aise ; mais, avant tout, permettez-moi de dépêcher ces deux drôles qui attendent leur tour. L’intérêt même de votre créance exige que je ne reprenne avec vous cet entretien qu’après avoir recueilli quelques renseignements indispensables parmi les habitués de ce tripot. Tout ce que je vous demande, c’est de ne manifester aucune surprise, si vous voyez ou entendez des choses que vous ne comprenez pas.

Je serrai la main du licencié, et nous nous levâmes pour nous rapprocher du groupe des joueurs, qui s’était considérablement accru depuis que nous causions à l’écart. Une double haie de curieux entouraient le tapis vert sur lequel les piastres roulaient avec un bruit métallique fort engageant. Le licencié passa devant ses deux clients, l’Américain et le Mexicain, en leur faisant signe de l’attendre, et alla droit à un jeune homme qui, debout parmi les spectateurs, attachait sur le tapis vert des regards ardents. Ce jeune homme, à la mine hâve et jaune, portait sur ses cheveux longs et gras un petit chapeau presque sans bords, et sur ses épaules un caban usé. C’était le beau idéal du clerc de procureur regrettant de ne pouvoir jouer sur une carte toute la fortune de son patron.

— Ortiz, dit le licencié en lui frappant sur l’épaule, avez-vous ce qu’il faut pour écrire ?

— Sans doute, répondit le clerc, et il tira de sa poche un rouleau qui contenait papier, plumes et encre. Le licencié s’assit à l’écart, écrivit quelques lignes, plia le papier et le remit à son clerc, qui ne répondit aux instructions données par son maître à voix basse qu’en inclinant la tête et en parlant au plus vite. Le licencié me pria alors de vouloir bien prendre patience encore quelques minutes, pendant qu’il allait donner à ses deux clients la consultation promise, et je me mêlai à la foule qui se pressait autour du tapis vert. C’était, après tout, un piquant spectacle que celui de cette réunion d’aventuriers de toute espèce, parmi lesquels les types les plus étranges des vieux romans picaresques semblaient s’être donné rendez-vous. Un détail caractéristique me frappa : c’est que le banquier avait devant lui un couteau catalan, tranchant comme un rasoir. Un avertissement qu’il donna aux joueurs m’expliqua l’usage qu’il comptait faire de cette lame affilée. — J’avertis les gentilshommes ici présents, dit-il, que, si l’un d’eux affecte de confondre la banque avec son enjeu, je lui cloue sans merci la main sur la table. — Cette étrange menace ne parut étonner ni offenser personne, et j’en conclus que le cas prévu par le banquier avait se présenter plus d’une fois.

Malgré la bizarrerie des scènes auxquelles j’assistais, je commençais à trouver le temps un peu long, lorsque le licencié vint m’arracher à la contemplation du tapis vert, et me conduisit dans un coin retiré de la salle, vers une table à laquelle étaient fraternellement assis ses deux clients, le colosse américain et le Mexicain aux yeux louches. L’Américain achevait de vider une bouteille d’eau-de-vie de Catalogne, tandis que le Mexicain humait à petits coups une infusion glacée de tamarin.

– Tenez, me dit le licencié en me lançant un regard expressif, voici deux cavaliers qui lèveront vos scrupules de conscience au sujet des quatorze cents piastres que vous me devez, et qui vous affirmeront que vous pouvez me les payer en toute tranquillité d’esprit par la cession de votre créance de même somme sur le seigneur Peralta, qui fera honneur à sa signature de la meilleure grâce du monde.

– Je n’ai pas dit cela, s’écria l’Américain avec un éclat de rire brutal. Je ne sais s’il paiera de bonne grâce. Tout ce que je sais, c’est qu’il paiera, ou bien…

— Doucement, interrompit don Tadeo ; du moment que Peralta devient mon débiteur, sa vie m’est précieuse, et j’entends qu’on la respecte.

— Le seigneur Peralta paiera de bonne grâce, je vous le jure, dit à son tour le Mexicain d’un ton doucereux en buvant son infusion d’eau de rose à petites gorgées, comme si c’eût été de l’eau de feu, tandis que l’Américain vidait son verre d’eau-de-vie d’un seul trait, comme un verre d’eau limpide.

— Qu’il me paie, c’est tout ce qu’il me faut, reprit le licencié ; mais n’est-ce pas Pepito Rechifla que j’aperçois là-bas avec mon clerc ? Allons, Ortiz a bien rempli sa mission.

Le nom de Pepito me rappela la jolie grisette que j’avais vue si désolée sous les Arcades des Marchands. Aussi je regardai avec curiosité l’homme que venait de désigner le licencié. C’était un de ces drôles au teint basané, à la chevelure inculte, à la physionomie effrontée, comme on en rencontre que sous les tentes des bohémiens nomades ou dans les rues de Mexico. Dès que Pepito aperçut le licencié, il courut à lui et serra les mains de don Tadeo avec toutes les démonstrations d’une vive reconnaissance.

— Ah ! seigneur licencié ! s’écria-t-il, je n’oublierai jamais que c’est à vous que je dois la vie. J’étais condamné à être garroté après-demain, et c’est vous qui me tirez des griffes du juge criminel ; c’est grâce à quelques réaux sortis de votre bourse que la liberté m’est rendue. Oui, seigneur licencié, ne faites pas l’étonné, je sais que vous êtes mon sauveur, votre clerc me l’a dit.

— Ortiz n’est qu’un sot, répondit sèchement don Tadeo ; mais je ne m’en réjouis pas moins de ta bonne fortune, car demain matin j’aurai à te parler, et je compte sur toi. Tiens, voilà en attendant une piastre pour ton souper.

— Allons donc ! je n’ai jamais faim que quand je n’ai rien en poche. Quand j’ai une piastre, je la joue.

Et le drôle avança vers la table de jeu. L’Américain et le Mexicain se levèrent en même temps et le suivirent. Don Tadeo, délivré de ces importuns, me tira aussitôt à l’écart.

— Vous voyez ces trois hommes, me dit-il en souriant. Pensez-vous qu’il y ait beaucoup de débiteurs en état de résister à de pareils recors, surtout quand il s’agit d’une créance cédée au licencié don Tadeo ? Vous m’avez compris, sans doute, quand j’ai insisté devant vous sur cette cession : mon nom est une arme de plus à employer dans cette guerre périlleuse ; mais la guerre terminée, les bénéfices seront pour vous, moins les frais de la campagne, que vous me permettrez de revendiquer, ainsi que les honneurs de la victoire.

— Mais comment joindrez-vous ce Peralta ? Jusqu’ici je n’ai pu trouver la moindre de ses traces.

– Cela me regarde et cela regarde aussi les trois drôles que je vous ai fait connaître ce soir. Don Dionisio Peralta est une mauvaise paye, mais une fort bonne lame. Enfin nous verrons.

Je rappelai alors à don Tadeo qu’il avait paru désirer causer plus longuement de mon affaire, et je lui offris de satisfaire sa curiosité à cet égard. Au fond, je ne cherchais qu’une occasion de connaître et d’observer plus à fond ce singulier personnage. Don Tadeo sembla deviner mon intention secrète.

— Il est dix heures et demie, me répondit-il en regardant à sa montre. Je suis à vos ordres jusqu’à minuit. Montons sur la terrasse, qui est déserte à cette heure. La nuit est belle, et vous pourrez m’expliquer votre affaire sans témoins.

  1. « À Salamanque, j’ai couru le guilledou dans les mois de mars et d’avril. De jeunes filles, j’en ai vu plus de mille, mais aucune qui te valût. »