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Les députés de Saint-Maurice (1808-1838) et de Champlain (1830-1838)/Louis Gugy

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Députés de Saint-Maurice
I
L’Honorable Louis Gugy
(1770-1840)

Fils du colonel Barthélemy Gugy au régiment de Sonnenberg, Gardes suisses du service de Louis XVI, chevalier de l’ordre militaire du Mérite ; et de Jeanne-Élizabeth Teyssier, Louis naquit à Paris en janvier 1770. Il fut enseigne, puis lieutenant dans le régiment de son père.

La Gazette de Québec du 21 juillet 1840, annonçant la mort de Louis Gugy, dit que son père, le colonel Barthélemy Gugy, était très estimé à la cour de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Il quitta la France à la Révolution, passa en Angleterre et vint au Canada en 1796, avec sa famille. Barthélemy, né en 1737, mourut à Yamachiche le 19 avril 1797 et fut inhumé aux Trois-Rivières, ainsi que sa veuve qui décéda à Montréal le 6 mai 1828.

Louis était le neveu de Conrad Gugy. Celui-ci, après avoir servi en Hollande, entra dans l’armée anglaise, devint capitaine et prit part sous Wolfe au siège de Québec en 1759.

Il vendit sa commission, s’établit à Québec et, en 1764, acquit partie du fief Gros-bois et la seigneurie de Grandpré. En 1771, il acheta celle de Dumontier. Conrad Gugy mourut célibataire à Yamachiche le 10 avril 1786, âgé de cinquante-six ans. Il avait été secrétaire du gouverneur puis membre du Conseil législatif en 1775. Son frère Barthélemy fut son héritier. Louis recueillit cet héritage à la mort de son père et, après l’extinction de l’usufruit de mademoiselle Élizabeth Wilkinson, s’établit sur sa propriété à Yamachiche.

Nommé capitaine au premier bataillon de milice de la division des Trois-Rivières, Louis fut promu major de ce bataillon le 19 mai 1812. Le 18 mars de l’année suivante, il était transféré au troisième bataillon de Berthier. Il devint lieutenant-colonel commandant de ce corps le 25 octobre suivant.

John Lambert, dans son volume Travels through Canada, mentionne Louis Gugy qu’il a rencontré à Yamachiche. Après avoir parlé de sa famille, il en fait l’appréciation suivante : « Mr. Gugy possesses an amiable, gentlemanly character and talents that deserve a post of more importance than the shrievalty of Three-Rivers. The profits of that office are fluctuating, but generally average about 500 l. per annum, which arises chiefly out of the sale of lands and from law-suits ».

Le 15 novembre 1810, Louis Gugy et Juliana Connor, son épouse, vendaient à James Johnston, par acte passé devant le notaire N.-B. Doucet, des Trois-Rivières, l’augmentation de la seigneurie de Gastineau. L’acheteur prêta la foi et hommage le 6 mars 1812 et déclara qu’il désirait que cette propriété fût à l’avenir appelée le fief Robert, prénom de son fils.

Le 30 janvier 1817, M. Gugy portait la foi et hommage pour le fief et seigneurie de Grandpré. Le plan de cette seigneurie fut dressé en 1835 par l’arpenteur Jean-Baptiste Legendre, de Gentilly. La ligne entre les fiefs Saint-Jean et de Grandpré avait été tirée en 1799 par François Legendre, arpenteur.

Le 10 avril 1818, M. Gugy fut appelé à siéger au Conseil législatif. Il avait représenté le comté de Saint-Maurice à l’Assemblée à deux reprises ; du 23 novembre 1809 au 1er mars 1810 et du 25 avril 1816 jusqu’à son élévation au Conseil.

Le 20 juillet 1820, le colonel François Vassal de Monviel adjudant-général de la milice du Bas-Canada, transmettait par un ordre général de milice, des drapeaux à divers bataillons pour services rendus durant la guerre de 1812-1815. Celui présenté au troisième bataillon de Berthier fut donné au lieutenant-colonel Gugy pour être conservé.

M. Gugy fut shérif des Trois-Rivières du 8 août 1805 au 3 mars 1827, puis de Montréal, de cette dernière date au 3 avril 1837. Il fut accusé de malversations durant la session de 1835-36 et perdit sa charge, mais il n’en demeura pas moins membre du Conseil législatif.

Une dépêche de Montréal en date du 12 octobre 1833, envoyée à la Gazette de Québec, annonce que l’honorable Louis Gugy a été élu dernièrement un des directeurs de la Banque de Montréal pour la présente année, en remplacement de M. John Try qui a donné sa démission avant son départ pour l’Angleterre.[1]


M. Gugy avait reçu du gouvernement plusieurs commissions importantes. Citons : commissions pour administrer le serment aux officiers à demi-solde, 19 juin 1807 ; commissions pour le soin des aliénés, des enfants trouvés, et autres charités, le 10 juin 1808 ; pour administrer le serment aux personnes sollicitant des octrois de terre 15 décembre 1808 ; enfin, il était nommé commissaire pour la construction d’un chemin entre Saint-Grégoire et Long Point, canton de Kingsey, le 6 juillet 1826.

M. Gugy fut aussi l’un des fondateurs de la Société d’Agriculture de Montréal, le 14 juillet 1834.

L’honorable Louis Gugy mourut à Montréal le 17 juillet 1840, âgé de 70 ans. Sa femme le suivit au tombeau le 30 juin 1842.

Il avait épousé, à Londres, le 2 avril 1795, Juliana Connor, fille d’un chirurgien qui avait accompagné Wolfe à Québec en 1759.

À sa mort, son fils Bartholomew-Conrad-Augustus Gugy hérita du fief de Grandpré. Il était né à Yamachiche le 6 novembre 1796. Il prit une part active à la guerre de 1812-15 en qualité d’adjudant du major Francis Cockburn des Canadian Fencibles. Il fut nommé à ce poste le 14 novembre 1813. Après la fin de la guerre, il étudia le droit et fut admis au barreau le 7 août 1822. Bartholomew fut membre de l’Assemblée du 24 septembre 1831 au 27 mars 1838, comme représentant du comté de Sherbrooke. Il prit part en 1837 à l’expédition de sir John Colborne dans le comté des Deux-Montagnes durant l’insurrection. Il avait charge de la cavalerie. Le 14 mars 1841, il fut nommé adjudant-général de la milice du Bas-Canada. S’étant présenté cette même année dans le comté de Saint-Maurice, il fut défait par M. J.-Édouard Turcotte. Il fut le représentant de la ville de Sherbrooke de 1848 à 1851. En 1853, M. Gugy quitta Montréal et alla demeurer à Québec. Il avait une superbe maison de campagne à Beauport qu’il nomma Darnoc (anagramme de Conrad) en souvenir de son oncle et bienfaiteur. Il y décéda le 11 juin 1876.

Un autre fils de Louis, Thomas, né en 1798, fut admis au barreau le 20 août 1821. Il pratiqua en société avec M. Charles-Richard Ogden et mourut à Livourne, Italie, en 1828. Il fut inhumé dans la même voute que Smollett, le célèbre auteur anglais.

Anna-Amélia, fille de Louis Gugy, épousa le protonotaire Samuel-Wentworth Monk. Elle mourut en 1834. Marie-Élizabeth, autre fille de Louis, épousa William Stevenson, de Québec et décéda en 1878 à l’âge de soixante et dix-sept ans. Une troisième, Louisa Bowen devint la femme de James Guthrie Scott, avocat, de Montréal, et mourut en 1844, âgée de trente-neuf ans. Enfin, Julia épouse de William Willan, avocat, de Québec, décéda en 1843.[2]

  1. Gazette de Québec, 15 octobre 1833.
  2. Buchanan. The Bench and Bar of Lower Canada.