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Les fiancés de 1812/007

La bibliothèque libre.
Louis Perrault, imprimeur (p. 145-170).

VII.



LOUISE avait repris l’usage de ses sens, dans l’ébranlement qu’il lui avait fallu subir pendant la descente de l’escalier qui comptait trente degrés. En ouvrant les yeux, elle se vit entourée des trois brigands qui parlaient à voix basse, dans une mi-obscurité. À un détour, que formait le caveau à une trentaine de pieds, paraissaient les rayons d’une lumière dont le foyer était caché par l’encoignure du mur où ils se trouvaient. Comme leur victime paraissait encore faible, deux brigands l’aidèrent à gagner le fond du caveau, où on arriva après plusieurs détours. Ils entrèrent alors dans une pièce propre où le mur de terre était boisé et recouvert d’une moire pourpre, et le sol de tapis de grande valeur. L’ensemble des meubles consistait en quatre couples de sièges rustiques et une table grossièrement construite, mais propre et couverte d’ornements de prix plus que d’utilité. C’était là la chambre du grand chef, où se tenaient les conciliabules. L’inconnu, que l’on désignera désormais sous le nom de Grand, titre que lui donnaient les autres brigands, en vertu de son pouvoir ; Le Grand, dirons nous donc, après avoir dit à son ex-compagnon de voyage de s’asseoir, lui annonça qu’il avait alors la liberté de parler, mais qu’il réclamait d’abord la permission de s’expliquer. Il reprit donc en ces termes :

— Je vous conjure, avant tout, de vous croire en lieu de sûreté et de vous bien persuader qu’il ne vous sera fait aucun mal. On vous a désarmé, mais on ne vous fera pas regretter la perte de vos armes. Il est inutile de vous dire en quelle société vous vous trouvez ici. Vous avez pu en juger avant ce moment. Ma conduite a été celle de tous ceux de mon état. Je vous ai trompé et comptant sur ma bonne foi, vous vous êtes livré sans contrainte. Pour vous rassurer un peu, si toutefois il est possible de le faire, je vais mettre sous vos yeux le tableau de l’ordre qui s’observe ici. Il n’y aura rien pour vous tromper ; vous verrez bien d’ailleurs que ce qui se fera n’aura pas eu le temps de s’organiser depuis votre entrée. »

Louise avait à peine entendu les paroles du Grand, tant elle était faible et avait l’esprit obscurci par les événements qui venaient de se passer. Elle ne savait si ses sens la trompaient, ou si elle était passée dans le séjour des fées. Elle avait néanmoins compris une partie de ce qu’avait voulu lui dire le Grand. Cet homme, malgré la dégradation de son état, avait un accent noble, qui pouvait inspirer de la confiance. Soit que cette noblesse de langage fût due à sa récente profession de foi et mœurs, ou à son habitude de dominer ses semblables ; Louise se sentit renaître en entendant les paroles d’un homme qu’elle avait cru naguère si digne de son estime.

— Où suis-je, dit-elle alors, avec qui suis-je ? Êtes-vous le même homme dont l’amitié me semblait, il y a un instant, si dévouée, et envers lequel je me croyais redevable d’un service éminent ? Dites moi. Si je dois perdre ici la vie, ne prolongez pas mon supplice. Si vous me condamnez à vivre dans cette retraite, qu’il me soit accordé, pour toute grâce de n’avoir aucun rapport avec ceux qui l’habitent ; aucun rapport avec vous, qui avez indignement trahi ma confiance. »

Le Grand, malgré sa forte veine de brigand, eut presque regret de sa conduite en entendant ainsi parler son innocente victime,

— Vous ne serez condamné, lui dit-il, ni à l’un ni à l’autre de ces supplices. Votre séjour ici sera court. Mais pour en diminuer l’horreur, je vais vous montrer quelle confiance et quels secours vous pouvez encore trouver en moi» Donnez moi votre main, que j’y touche une partie de mon pardon. Permettez moi de m’asseoir près de vous. Si vous craignez pendant la scène que je vais vous donner, ne me le cachez pas ; je l’adoucirai. En attendant reprenez vos pistolets et votre poignard. En ami, je vous avertis qu’il vous serait fatal d’en user ici ; car si vous tuez un homme, quinze autres peuvent tomber sur vous et vous accabler. Si cependant il en est un qui ose vous outrager, l’usage de vos armes vous est permis, sans attendre que d’autres vous donnent raison. »

Ces paroles, nonobstant la douteuse expression qu’elles pouvaient avoir dans la bouche d’un brigand, rappelèrent complètement les idées de notre héroïne. Elle prit une attitude moins timide, et regarda ses armes avec satisfaction. Elle plaça son poignard dans l’endroit déjà nommé dont les gonflements auraient pu donner au Grand des inspirations très généreuses, s’il eût connu la cause de ce petit jeu de poitrine. Elle portait un habit très large dont la taille paraissait embrasser un volume moins fluet et moins délicat. Quand le brigand lui pressa la main par manière de réconciliation, elle sentit un certain tressaillement causé, partie par la crainte, partie par la dissidence de sexe.

Le Grand était un tout jeune homme de vingt-cinq à vingt-six ans. Il avait les traits très réguliers et une physionomie qui ne portait aucune marque de son état, ordinairement si bien caractérisé. Quand il pressa la main frêle et délicate de sa victime, il regretta sincèrement le mal qu’il lui avait fait, et promit en son cœur de le réparer autant qu’il serait en son pouvoir. Quel charme en effet, n’éprouve pas l’homme en touchant la main d’une femme ! Quel voile peut cacher le sexe pendant cette action ! Les sensations s’échangent involontairement. Physiquement parlant, c’est le choc des deux fluides électriques. Naturellement parlant, c’est l’union, des cœurs, implantée par l’auteur de la nature, qui a créé la femme pour l’homme ; qui la lui a donnée pour lui faire oublier l’infortune attachée à son être. Cette douce union existe-elle après la vie ? Le bonheur des justes peut-il être autre que celui qui découle de cette union ! Le maître du ciel et de la terre peut-il créer de plus pures jouissances !…

Louise ayant, par cet acte, repris un peu de confiance en lui, voulut lui faire quelques questions ; mais il prit à l’instant un petit sifflet entre quinze autres qui se trouvaient sur la table et en tira un son perçant. La porte s’ouvrit bientôt, et il parut un jeune homme de quinze ans tout au plus, qui se prosterna en entrant et attendit les ordres du Grand.

— Fais venir ici tous les sujets de ma loi en cette retraite. Qu’ils y soient tous en cinq minutes en costume civil.

Il appelait costume civil l’habit dont chacun se revêtait pour aller à la découverte dans les villes. Le jeune homme s’inclina de nouveau et sortit sans prononcer un seul mot.

— Mais que voulez vous faire, lui dit Louise ; prétendez vous m’initier à vos abominations. Épargnez-moi, je vous prie, la vue de ces figures horribles.

— Ne craignez rien, vous me saurez gré de ma démarche. ”

Comme il achevait ces mots, les brigands entraient et faisaient chacun l’inclination de respect dont le jeune homme venait de donner un spécimen. Louise vit alors qu’elle se trouvait entre les mains du grand maître des voleurs. Cette découverte lui fit plus de bien que de mal, car cet lui paraissait beaucoup plus humain que ses subalternes. Quinze brigands entrèrent ainsi tranquilement et prirent un siège sans ouvrir la bouche. Ils étaient tous bien vêtus et ne portaient d’autre marque de leur métier que les pistolets qui soulevaient un peu la basque de leurs habits. Louise se tenait toujours près du chef, et perdait peu à peu de l’attitude guerrière qu’elle avait prise dans le canot. Elle n’avait rien à craindre ; mais le courage d’une femme éprouve nécessairement quelque commotion dans de telles circonstances.

Le Grand appela alors Plinax. Un homme à figure sévère et mieux armé que les autres brigands, s’avança portant sous son bras un plumitif in folio. Plinax était le secrétaire et le juge de la bande. Il ouvre son livre et commence à lire le détail de la dernière expédition.

— Arrête, lui dit le Grand, les lois. » Plinax ferme son livre, et l’ouvre à la première page. Tous les brigands se découvrent, prennent un pistolet et le tiennent sur leurs fronts pendant toute la lecture. Plinax commence d’un ton solennel :

HAINE AU MEURTRE,

MORT AUX ASSASSINS.

No 147, des loges de douce-rapine, soumis à l’empire du Grand l’an 1811, 25 Octobre.

Art. 1er. Le meurtre sera en abomination et puni de mort dans l’empire du Grand.

2e. L’assassin échappé sera indirectement dénoncé à la justice civile, sous ses nom, prénom et signalement.

3e. Toute fille conquise sera amenée devant le Grand qui en disposera à son gré …sa vie sauve… Louise frémit à cet article et demanda à son ex-compagnon la fin de cette lecture.

— Assez, dit le Grand, allez tous et silence. » Quand ils furent sortis, il reprit en s’adressant à Louise :

— Eh bien que pensez vous de notre société ?

— Ce n’est qu’à demi horrible, répondit elle, dites moi maintenant ce que vous allez faire de moi ?

— Vous allez d’abord passer cette nuit ici, et à la prochaine, on vous fera voir du pays, mais bien tranquillement.

— Me ferez vous le plaisir de me donner un lieu pour passer la nuit, où je n’aurai rien à craindre de vos sujets ?

— Certainement. Il est déjà tard ; venez, je vous conduirai moi-même au lit.

Ils sortirent et traversèrent plusieurs pièces où elle fut étonnée de voir régner une propreté et un luxe qu’elle n’avait pas même vus dans la maison de son père qui pouvait passer pour un palais en Canada. Ils arrivèrent à une chambre étroite, il est vrai, mais parée plus somptueusement que tout ce qu’elle avait encore vu. Cette chambre ne fermait qu’à demi. Toutes les richesses entassées dans ce caveau provenaient des vols quotidiens de la compagnie. Il avait été plus difficile d’y introduire les objets d’utilité. Ils y étaient aussi plus rares et plus modestes.

Louise après avoir reçu les adieux du Brigand s’enferma seule et barricada sa porte le mieux qu’elle put. Elle commençait à prendre un peu de courage ; et la promesse de pouvoir bientôt sortir de ce repaire affreux, réveillant l’idée de revoir son amant, effectua chez elle le repos salutaire aux âmes malheureuses. Après avoir examiné sa chambre et déposé ses pistolets sous son oreiller, elle entra toute habillée dans un lit, où des brigands s’étaient souvent reposés des fatigues éprouvées dans leurs courses et dans leurs fuites des émissaires de la Justice.

Qui peut expliquer les desseins de l’éternelle destinée ? Une jeune fille au cœur candide et droit, fuit la cruauté d’un père inhumain. Elle est près de confondre son âme avec celle d’une personne qui est tout ce qu’elle possède de cher ici bas ; et au moment d’embrasser l’objet de ses vœux, elle tombe dans un piège horrible. Son tendre cœur qui voltigeait avec ivresse sur tous les points d’une amoureuse espérance, se voit en un moment privé des douces consolations de son malheur et abreuvée de tous les maux qui puissent torturer une femme et une amante.

Malgré l’horreur du lieu où elle se trouvait, elle ne tarda pas à s’endormir. Elle n’entendit aucun bruit pendant la nuit, car les brigands n’avaient aucun coup à faire et dormaient aussi très paisiblement. Quand elle s’éveilla les ténèbres régnaient encore autour d’elle. La lanterne de la pièce voisine ne jetait qu’un pâle reflet à travers la mi-ouverture de la porte. Ses idées encore appesanties par le sommeil ne lui rappelèrent plus le lieu qu’elle habitait. En ouvrant les yeux, elle se crut encore chez son père et appela d’une voix habituée Catherine, sa fille de chambre. En prononçant ce mot elle entendit les pas d’une personne qui s’éloignait rapidement et bientôt sa porte s’ouvrit avec effort et apparut le Grand. Elle avait eu le temps de rassembler ses souvenirs, et en voyant ouvrir la porte elle avait saisi ses pistolets.

— Ne craignez rien dit l’inconnu, c’est votre compagnon de voyage qui vient s’informer de la manière dont vous avez passé la nuit ?

Elle savait quels ménagements elle devait garder pour soustraire son honneur à la corruption de ces lieux ; et elle répondit tranquillement :

— Merci, monsieur, j’ai bien reposé. Je vous prie de me procurer de l’eau s’il est possible. »

Il sortit incontinent et bientôt le jeune messager de la veille parut et déposa sur une table grossière tous les instruments de toilette ; et de plus une lampe montée sur trois pieds d’airain incrustés d’or. Elle ne pouvait se lasser d’admirer les richesses et le luxe qui régnaient dans ce repaire, et elle ne pouvait comprendre comment des gens, qui ordinairement n’entassent que l’or et l’argent monnoyés, fussent avides de si splendides trésors. Le Grand ne visitait les différentes loges soumises à sa puissance que tous les quatre ans, Mais partout il était reçu avec un luxe royal. Son passage dans les loges était annoncé quatre mois d’avance et ses sujets les employaient à les fournir de tout ce qu’il y avait de plus riche et de plus somptueux. Plus tard nous connaîtrons plus amplement le caractère et la vie de ce roi des brigands. Louise passa la journée dans les ennuis qu’inspirent inévitablement l’incertitude de l’avenir et la société qu’elle fréquentait. Quand la nuit fut venue, le Grand lui annonça qu’elle pliait changer de demeure, mais qu’il y avait une cérémonie à faire avant de laisser celle-ci. Ce disant, il prit encore sur la table un des quinze sillets. Celui-ci était au milieu des autres et tout enrichi d’or et de diamants. Il en tira un son sonore, et Plinax parut à l’instant, toujours l’éternel plumitif sous le bras.

— Allez, lui dit le Grand, et revenez en costume sacré. »

Quelques instants après Louise fut au comble de l’étonnement, quand elle le vit reparaître en costume sacerdotal, et son plumitif retenu par un ruban noir qui se rattachait autour de son cou.

— Quelle singerie ! dit-elle en souriant.

— Singerie ! reprit le Grand, pas du tout ; monsieur est véritablement prêtre. Vous en verrez encore quelques uns dans d’autres lieux semblables à celui-ci.

— Vous voulez donc me faire faire profession de foi ? Moi, devenir brigand ! Jamais ! Ces pistolets vous tueront et me tueront aussi avant que je devienne monstre comme vous !…

Elle avait déjà bandé son pistolet ; mais le souvenir de Gonzalve retint son bras. Elle tomba sur un siège et commença à pleurer. Le Grand attribuant ses larmes à sa grande jeunesse et non au sexe qui en possède une si grande recette, la rassura en lui expliquant qu’il ne s’agissait nullement de l’initier aux secrets du vol.

— Agissez, dit-il alors à Plinax.

Celui-ci parla en ces termes :

— Monsieur, les personnes soumises à l’empire du Grand exercent une rapine douce, et sans effusion de sang. Les voyageurs sont dépouillés, mais leur vie est sauve. Vous allez faire serment sur les saints Évangiles de ne jamais dévoiler à la Justice ni cette retraite, ni celles où vous serez conduit. Vous jurerez de garder en vous même tout ce qui se passera sous vos yeux jusqu’à votre délivrance.

« Que Dieu vous soit en aide. »

Il avait présenté le livre de l’Évangile à Louise, qui, fière de s’en tirer à si peu de frais, y apposa ses lèvres sans aucun mot de réplique. Plinax se retira.

— Ne vous jouez vous pas assez de Dieu par vos crimes, dit Louise ; vous faut-il encore ce raffinement d’immoralité ?

— Sachez, dit impérieusement le Grand, sachez que l’action que vous venez de faire est solennel.

— Quelque soit, répliqua-t-elle avec soumission, vos dispositions et les circonstances, je sais ce que je viens de faire… Je sais quel engagement j’ai pris.

— Eh bien, préparez vous, je vous conduirai moi-même.

— Où me conduisez vous ?

— Vous le saurez plus tard. Dans cinq minutes nous partirons. Pour tout bagage, vos pistolets et votre poignard. »

Elle courut, sans savoir ce qu’elle faisait, terminer ses apprêts de départ, qui consistaient à mettre ses habits et à se couvrir la tête. Ses longs cheveux à demi coupés flottaient épars sur ses minces épaules. Cette particularité aurait pu la trahir, si ce n’eût été la mode du temps chez les hommes. Ils furent bientôt prêts à partir.

Le Grand avait envoyé, dès la nuit précédente, un émissaire pour annoncer son passage dans les loges ; car il y avait peu de temps qu’il y était passé, et il ne pouvait par conséquent y être attendu. Un tiers devait les accompagner. Il parut à leur sortie, ne portant lui même que ses armes. Quand ils furent au haut de l’escalier, le Grand toucha un ressort qui paraissait très minime, et la pierre qui bouchait l’ouverture du caveau se leva d’elle même. L’obscurité était trop grande pour permettre à Louise de remarquer l’ensemble des ressorts qui fesaient mouvoir un roc aussi volumineux. Mais la régularité de son mouvement et le cri de plusieurs métaux qui se choquaient, lui firent entrevoir un mécanisme profond. Elle se sentait d’ailleurs plus heureuse de sortir du souterrain que curieuse d’examiner ce phénomène. L’horreur qu’elle avait conçue pour le Grand, dans le moment qu’il l’avait assaillie, s’était de beaucoup diminuée depuis qu’elle l’avait vu en pleine lumière. Il était jeune, avait une belle figure, possédait une âme assez élevée malgré son état ; c’en était assez pour lui concilier au moins en partie la confiance d’une femme qui saisit, dans le malheur, la meilleure branche à laquelle elle puisse s’accrocher. D’ailleurs, il faut le dire, la beauté a tant d’empire sur les femmes ! … Que n’obtient pas la beauté sur une femme ?…

Le Grand lui ayant offert son bras, elle l’accepta, et ils avancèrent dans la partie la plus touffue de la forêt.

Elle se voyait ainsi insensiblement entraînée loin de son amant. Elle concentrait autant que possible les douleurs qu’elle éprouvait nécessairement en voyageant de la sorte dans l’obscurité et dans des chemins qu’ils se frayaient à travers les ronces et les broussailles.

Nous lui laisserons faire ce pénible pélerinage et nous la reverrons à la troisième nuit depuis son départ de Chateaugay. On peut se figurer où en étaient réduites ses forces après trois nuits d’un pareil voyage. À peine avait-elle pris quelque repos dans les petites loges intermédiaires où ils avaient passé les trois jour d’intervalle depuis leur départ. Ce fut avec des peines extrêmes qu’elle se traîna jusqu’à l’entrée de la loge No 146… L’entrée de cette loge était bien différente de celle No 147. Elle ne se trouvait ni sous une pierre, ni même dans le bois ; mais près d’une ville et dans une maison habitée par un des membres du congrès américain. Trois des domestiques du noble sénateur faisaient partie de la Bande. Ils étaient utiles qu’à favoriser l’entrée et à découvrir les chances à faire. Cette loge avait deux issues ; l’une dans la maison du sénateur et l’autre près de la rivière. De toute la bande il n’y avait que le Grand qui eût accès par la maison. Cette nuit là on était en grande réjouissance dans le palais du sénateur. Il était arrivé de la veille de Washington où il avait célébré le quatre Juillet dans l’assemblée du congrès. Il renouvelait alors la fête chez lui, dans la société de ses amis, francs buveurs comme lui.

Ses trois domestiques se trouvaient alors à avoir deux maîtres à servir. Le Grand ne l’était pas moins bien que lui. Son arrivée était attendue. Il fut introduit par la porte commune du palais, et de là conduit au sous-terrain par une porte pratiquée avec art dans le cellier du sénateur, qui était sans contredit le mieux fourni de tous les États-Unis. Cette branche était aussi bien mieux connue au noble membre que la diplomatie qui occupait sa vie civile.



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