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Les fleurs poétiques, simples bluettes/02/08

La bibliothèque libre.
C. O. Beauchemin & fils, libraires-imprimeurs (p. 101-103).
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ROMANCE

 
Elle était mon espoir, mon bonheur et ma vie,
Pour l’ingrate mon cœur brûlait d’un saint amour.
Rien qu’à voir son œil noir mon âme était ravie 
Comme à l’aurore d’un beau jour !
Chaque soleil, brillant sur la verte colline,
Voyait ma vive ardeur, ô belle Évangéline !

Qui redoublait pour toi. Je t’aimais trop, hélas !
Car tu m’as oublié, sans aucune espérance ;
Tu restes insensible aux pleurs, à la souffrance
Qui va me conduire au trépas !

Avec le doux printemps et son tendre sourire,
Ses rayons argentés, sa verdure et ses fleurs ;
Avec l’azur du ciel et du flot qui soupire.
Je sens renaître mes douleurs.
Je songe aux jours passés et mes larmes amères
Coulent au souvenir de ces jours éphémères ;
Le sombre désespoir glace mon âme, hélas !
Et mon cœur est rempli de mortelle tristesse.
La belle Évangéline repousse ma tendresse :
Je souffrirai jusqu’au trépas !


Quand l’automne glacé désole nos rivages,
Les pauvres fleurs des champs s’inclinent pour mourir
Et jonchent les sentiers dans les sombres bocages :
Ainsi mon cœur va se flétrir !
Que ne puis-je, ô mon Dieu ! descendre dans la tombe,
Comme un rameau sans sève et la feuille qui tombe,
Puisque tant de malheurs s’attachent à mes pas !
Hélas ! combien de temps dois-je languir encore ?
Je voudrais ne plus voir le retour de l’aurore.
Oui, je désire le trépas !