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Les fleurs poétiques, simples bluettes/03/05

La bibliothèque libre.
C. O. Beauchemin & fils, libraires-imprimeurs (p. 125-128).

LE VILLAGE NATAL

Le soleil du printemps avait ouvert la rose,
Qui mêlait ses parfums à ceux des résédas ;
L’humide primevère était alors éclose ;
La brise s’imprégnait des senteurs du lilas.


La ville pavoisée étalait ses richesses ;
Aux feux mourants du jour éclataient ses splendeurs.
Partout l’on entendait des voix enchanteresses
Qui célébraient l’amour et les premières fleurs.

Insensible aux plaisirs vains de la multitude,
Je tournais mes regards vers l’horizon d’azur :
Mon âme te cherchait, profonde solitude
Du village natal, que couronne un ciel pur !

Combien je vous regrette, ô vallons et montagnes,
Qu’il me semble entrevoir, là-bas, dans le lointain !
Combien je vous regrette, ô riantes campagnes.
Le jour couvertes d’or, et la nuit de satin !


J’ai voulu te quitter, ô modeste village !
Ruisseau clair et discret, j’ai fui tes bords charmants
Où je pris mes ébats, à l’ombre du feuillage,
Avec mes gais amis, quand nous étions enfants.

Fidèles compagnons, j’ai quitté vos chaumières,
Séduit par les splendeurs de l’altière cité.
Mais elles n’ont laissé, ces splendeurs mensongères.
Que la déception dans mon cœur attristé !