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Les fleurs poétiques, simples bluettes/04/04

La bibliothèque libre.
C. O. Beauchemin & fils, libraires-imprimeurs (p. 157-160).

LA FÊTE NATIONALE

(La Saint-Jean-Baptiste)
À L’HONORABLE M. F.-G. MARCHAND

I


Vingt-quatre juin ! salut ! — Ô fête solennelle I
Apporte dans nos cœurs l’amitié fraternelle,
Ce sentiment si beau qu’on le dit surhumain !
Retardez votre cours, heures patriotiques !
Laissez-nous savourer les plaisirs pacifiques
Dont vous semez votre chemin !


Le soleil radieux, comme un puissant génie,
Répand à flots vermeils le jour et l’harmonie ;
Il féconde nos champs de ses subtils rayons ;
Il dispense partout dans sa course enflammée
La vie et l’abondance ; une brise embaumée
S’élève de nos frais sillons.

Notre libre drapeau flotte, au gré de la brise.
Au sommet d’une tour, au clocher d’une église
Et domine nos champs, — resplendissants tableaux ! —
Sous ses replis mouvants l’enthousiaste foule
Se rallie et se presse, ensuite se déroule
Ondulante comme les flots !

Tous les cœurs sont émus par la même pensée.
Voyez se réunir cette foule empressée.

Elle confond ensemble, en ce jour patronal,
Au seuil du temple saint où souvent elle prie,
L’amour du Tout-Puissant, l’amour de la patrie.
Dans le devoir national !

II


Du ciel où vous vivez, de ces célestes dômes,
Esprits de nos aïeux, ô bien-aimés fantômes !
Venez contempler vos enfants.
Dans le ravissement leur âme se déploie ;
Leur chère liberté, le bonheur et la joie
Brillent sur leurs fronts triomphants !


Voyez qu’elle sied bien à leur tête ennoblie,
La couronne de fleurs que vous avez cueillie,
La couronne de liberté !
Ils ne l’ont pas flétri, ce lys emblématique ;
Mais ils l’ont cultivé de leur main héroïque
Comme on cultive un fruit d’été !