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Les invisibles de Paris (Aimard)/I/XII

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Roy et Geffroy (p. 135-142).
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XII

COQUILLARD OU CHARBONNEAU ?

Coquillard était de fort mauvaise humeur en sortant de la maison où logeait la veuve Pacline, et certes il avait les meilleures raisons du monde de n’être ni glorieux ni content de sa dernière campagne.

Le refus péremptoire opposé par Mouchette à ses offres insidieuses le chagrinait peut-être plus vivement encore que la triste fin de sa querelle et de sa lutte avec la Cigale.

C’est que, quoi qu’il en eût, il se voyait obligé de convenir de ses torts et de sa maladresse.

Sans être certain du résultat de sa démarche, il avait eu l’imprudence, la présomption de s’engager, envers ceux dont il était l’émissaire, à obtenir la coopération du gamin.

Quand nous disons la coopération, c’est la complicité qu’il nous faudrait mettre ici, l’affaire dont s’était chargé maître Coquillard n’étant rien moins que véreuse.

Mouchette, à la vérité, ignorait le but des propositions qui lui avaient été faites. Mais son concours paraissait indispensable, et sa vague promesse de se trouver au rendez-vous désigné, rue d’Angoulême-du-Temple, ne rassurait que médiocrement l’intéressant Coquillard.

Aussi, tout en étanchant avec son mouchoir le sang qui continuait à couler de son nez, grommelait-il avec rage :

— Gredin de môme ! Il m’a roulé ! Que faire à présent ? Décidément, je n’ai pas de chance cette semaine. Maudit carnaval ! Je donnerais treize francs cinquante pour le voir ad patres !

Puis le souvenir de sa descente un peu brusque lui revenant à l’esprit, le cours de ses idées changea :

— Que diable peut être, se demanda-t-il, cette espèce de Limousin qui m’a fichu du haut en bas de l’escalier ? Un débardeur, lui ! Non. Je connais tous les débardeurs des ports, et je ne me rappelle pas seulement l’avoir rencontré. C’est égal, si jamais je le repince, il me payera sa première poignée de main plus cher qu’au bureau !

Et comme son sang coulait toujours :

— Ah çà ! elle ne va donc pas s’arrêter, cette fontaine de raisiné ?… Voyons donc ! voyons donc ! fit-il, et il réfléchissait tout en marchant : Il me semble que j’ai déjà eu affaire à ce poignet-là, il y a… oh ! ma foi, voilà bien longtemps… oui, mais où donc ? et à quelle époque ?… Je veux bien que Satan me torde le cou si je m’en souviens !

Puis, se disant qu’il n’avait pas reconquis encore toutes ses facultés, la secousse ayant été plus que violente, il ajouta entre ses dents :

— Ce doit être quelque cheval de retour. Oui… quand je me serai bien remis dans les bonnes grâces de monsieur Jules, il me dira qui c’est, lui qui les connaît tous, depuis le premier jusqu’au dernier ; je l’arquepincerai, et son compte sera bon !

Nous saurons tout à l’heure de qui Coquillard entendait parler en nommant monsieur Jules.

Tout en maugréant de la sorte, comme une bête féroce qui tourne dans sa cage en mâchant à vide, Coquillard s’était approché d’un puits placé au fond de l’allée.

Là, tirant un seau d’eau fraîche, il se mit en devoir de faire disparaître le sang et la boue qui souillaient ses vêtements.

Cette toilette indispensable terminée tant bien que mal, il sortit de l’allée clopin-clopant et mit le pied dans la rue.

On ne descend pas impunément un certain nombre d’étages sur les reins, si solidement charpenté qu’on soit, sans se ressentir tant soit peu de cet étrange mode de locomotion.

Coquillard s’en ressentait si bien, qu’une fois dans la rue, il eut toutes les peines du monde à se tenir droit et à marcher sans boiter.

Son gourdin, ce gourdin qui avait servi à son adversaire pour lui asséner le coup de la fin, lui était, il est vrai, d’une grande utilité.

Sans son aide, il ne serait jamais parvenu à dissimuler les résultats douloureux de son double échec.

Enfin, faisant contre fortune bon cœur, il s’achemina le plus gaillardement possible vers son domicile.

Le cabaret de la Mastoc, où Mouchette devait faire ses liquides achats, se trouvait sur le chemin de Coquillard.

Un moment l’envie lui vint d’y entrer pour s’y restaurer ; mais se ravisant, il continua sa route aussi rapidement que le lui permettaient des élancements terribles, suite de sa dégringolade.

Heureusement pour lui, la distance n’était pas grande.

Il demeurait, 22, rue de la Cité.

— 22, les deux cocottes, ainsi qu’il le disait agréablement à sa portière, lorsque son humeur était tournée au gai.

Mais ce jour-là il voyait tout en noir, ou, pour être vrai, il voyait tout en rouge.

Aussi ne prit-il pas la peine de s’arrêter pour faire l’aimable auprès de la gardienne de ses lares.

La maison dans laquelle Coquillard venait de pénétrer, située au coin de la rue de la Cité, ne différait pas de l’immeuble où perchait la Pacline.

Même allée, un peu moins sombre.

Même escalier, un peu moins visqueux.

Coquillard s’y engagea sans hésitation.

Parvenu au second étage, il introduisit une clef, de raisonnable dimension, dans la serrure d’une porte faisant face à l’escalier.


La Pacline trouva une pauvre petite créature abandonnée sur un monceau de détritus.

La porte s’ouvrit.

Il entra, et la referma.

Il était chez lui.

Son premier soin, une fois la porte fermée et les verrous poussés, fut de s’étendre tout de son long dans un vieux fauteuil en bois peint, garni de velours d’Utrecht, qui se trouva là tout exprès pour le recevoir.

Quelques minutes de plus, et l’homme à la longue barbe n’aurait plus eu la force de soutenir ce superbe ornement de sa physionomie.

Fermer les yeux, pousser un long soupir de satisfaction, et s’assoupir dans un anéantissement réparateur fut tout un pour lui.

La chambre en question était petite, mais propre et assez bien meublée.

Elle témoignait de certaines habitudes d’ordre cadrant assez mal avec les manières plus que grossières du personnage qui l’habitait.

Une pendule en albâtre, à colonnes droites, placée sur la cheminée, entre deux vases également en albâtre, garnis de fleurs artificielles et horribles, un lit, deux chaises, un fauteuil et un guéridon en acajou, en formaient l’ameublement aussi solide que peu élégant.

Au mur, quelques lithographies mal encadrées et difficiles à distinguer sous la couche de poussière qui recouvrait leurs verres ternis.

Souvenirs et Regrets. — On ne passe pas, quand même vous seriez le petit caporal ! — et Après vous, Sire ! en étaient les sujets.

L’amour et la gloire, le bonheur et la grandeur de ce monde se trouvaient réunis, se faisant vis-à-vis, dans la tanière de cette bête brute qui avait nom Coquillard.

Donnez-vous donc la peine d’être jolie, aimée, adulée, ou de gagner la bataille d’Austerlitz ou de Wagram, pour venir orner le sale papier gris de fer d’une pareille alcôve !

À droite et à gauche de la cheminée, dont le foyer intact attestait la chaleur naturelle de M. Coquillard, se trouvaient deux grands placards.

Au-dessus, une fenêtre à guillotine garnie de doubles rideaux, laissait passer assez de jour pour éclairer cette pièce, dont l’aspect, en somme, était assez triste.

Coquillard reposait, depuis quelque temps déjà, mollement étendu dans son fauteuil, lorsque huit heures sonnèrent :

— Bigre ! balbutia notre homme en s’étirant et en sautant vivement sur ses pieds, huit heures déjà ! Il ne s’agit pas de roupiller la grasse matinée.

En se secouant, comme un chien qui vient d’être fouetté, il alla au placard de droite, y prit une gourde d’eau-de-vie, en but une pleine rasade, et, faisant claquer sa langue avec satisfaction :

— Ça va mieux ! fit-il. J’avais besoin de ce coup de tampon.

Il remit la gourde à sa place, et refermant le placard de droite, il ouvrit celui de gauche.

Celui-ci servait de porte-manteau.

Là se trouvaient toutes sortes de vêtements.

Redingotes et habits bourgeois, vestes et blouses d’ouvrier, uniformes de fantassins et de cavaliers, il y avait de tout.

C’était une véritable arrière-boutique de marchand de vieux galons.

Coquillard réfléchit un instant, et à sa mine sérieuse, à ses sourcils froncés, on eût pu croire qu’il agitait, dans sa vaste cervelle, les destins du département de la Seine.

Puis il choisit un pantalon, croisé noir et blanc, un gilet de piqué marron à fleurs rouges, une redingote bleue, un pardessus olive très ample, et il étala complaisamment le tout sur son lit.

Refermant avec soin le second placard, dont il mit la clef de côté, il procéda aux mystères de sa nouvelle toilette.

La première chose qu’il fit fut de changer sa tête.

Enlevant, du même coup de poignet, sa longue chevelure et sa magnifique barbe noire, de brun foncé qu’il était, il devint blond ardent.

Ses cheveux, presque rouges, taillés à la malcontent, ses sourcils fadasses, auxquels il rendit leur couleur primitive au moyen d’un linge mouillé, firent de lui un tout autre homme.

M. Coquillard y gagnait-il ?

Y perdait-il ?

Je ne crois pas qu’il y ait une femme assez abandonnée des hommes et de Dieu qui se donnât la peine de décider cette imprudente question.

Toujours est-il qu’une fois sa tête faite, il quitta les vêtements qu’il portait pour endosser ceux qu’il avait si soigneusement étalés sur son lit.

— Là ! dit-il en se mirant sans trop de déplaisir dans une glace cassée, tout en fourrant ses mains rouges et pataudes dans de gros gants en filoselle ; là ! bien fin, maintenant, le camarade qui me reconnaîtra.

Il avait raison.

Rien ne restait du Coquillard si malmené pas le gigantesque ami du petit Mouchette.

Visage, costume, allure, tout le plumage était métamorphosé ; l’oiseau avait fait plume neuve. Il ne lui manquait plus que de varier son ramage, et c’était son plus grave souci.

En somme, il avait l’air du premier venu.

Or, quand on ressemble au premier venu, quoique, ou parce que le Bartholo de Beaumarchais prétend qu’il n’y en a pas, on ne ressemble à personne.

Coquillard jeta un dernier regard sur la glace, pour voir si rien ne péchait dans sa toilette.

Satisfait de lui-même, au lieu du rotin plombé que l’on sait, il prit une canne à épée légère et bien en main, puis il sortit.

Sur le carré, il se croisa avec une vieille femme, sa voisine.

Cette vieille femme descendait, une chaufferette sous le bras et une boîte en fer-blanc à la main droite.

— Déjà levé, monsieur Charbonneau ? lui dit-elle après lui avoir adressé un salut familier.

Pour les locataires de la maison qu’il habitait, Coquillard s’appelait Charbonneau.

— Comme vous le voyez, madame Jackmel, répondit-il poliment. Ce n’est pas le dimanche gras tous les jours.

— Malheureusement !

— Pour le bœuf gras.

— Ce bon monsieur Charbonneau ! il a toujours le petit mot pour rire. Et alors, comme ça, vous allez déjà vous lancer dans la foule, à c’te heure ?

— Que voulez-vous, ma chère dame, on est père ou on ne l’est pas.

— Et vous l’êtes.

— Certainement. J’ai promis à mes enfants de les conduire à Saint-Maur, et je vais les chercher.

— Vous n’irez donc pas voir le bœuf ?

— Pardonnez-moi, nous serons revenus à Paris de midi à une heure.

— À la bonne heure ! Dès que vous irez voir la pauvre bête, il n’y a rien à dire, fit la brave femme. Moi, il me semble que personne ne s’amuserait de la journée, si je n’allais pas lui lancer mon petit coup d’œil.

— Au revoir, madame Jackmel.

— Bien du plaisir, monsieur Charbonneau.

— Prenez garde. Ne vous mettez pas trop en avant dans la foule.

— Vous de même.

Ils se saluèrent ; et comme, tout en causant d’une façon aussi intéressante, ils avaient descendu l’escalier, ils se trouvaient dans la rue, chacun tira de son côté, ce dont Charbonneau ne fut pas contrarié.

Le sieur Charbonneau, qui avait suspendu son nom de Coquillard dans le placard contenant ses défroques de rechange, descendit à petits pas la rue de la Cité.

Une victoria vide passa près de lui.

Il héla le cocher, le prit à l’heure et lui recommanda de ne pas trop se presser.

— Où allons-nous, mon bourgeois ? demanda le cocher, étonné de la recommandation.

— Rue des Noyers, 7.

Charbonneau savait par expérience que le seul moyen de donner des ailes à un cocher de louage et à ses bêtes consiste à le prier de marcher comme des écrevisses.

L’équipage partit au grand trot.

Peu de temps après, il s’arrêtait devant le numéro 7 de la rue des Noyers. Charbonneau descendit et ordonna au cocher de l’attendre, après l’avoir remercié de ce qu’il ne l’avait pas cahoté davantage.

Cela fait, il entra dans une petite cour, au fond de laquelle se trouvait, au rez-de-chaussée, une porte d’entrée ressemblant à toutes les portes de bureaux, avec une plaque contenant ces mots cabalistiques :

Tournez le bouton, S. V. P.

Il tourna le bouton et s’introduisit dans une pièce assez vaste et assez pareille à la grande salle d’un corps de garde.

Là se trouvaient réunis une quinzaine d’individus de mauvaise mine.

Ces individus se tenaient debout, le chapeau ou la casquette à la main.

Ils paraissaient attendre qu’on les appelât, et pour tromper les ennuis de l’attente, ils ne se faisaient faute ni de bavarder ni de remuer bruyamment.

Au moment où Charbonneau pénétrait dans la salle, un jeune homme encore imberbe, à mine de furet, assis devant une table-bureau, derrière un grillage à rideaux de serge verte, levait le nez, et, posant sa plume sur son pupitre, s’écriait avec impatience :

— Voyons, messieurs, un peu moins de bruit ! C’est une vraie pétaudière. Je ne m’entends seulement pas écrire.

Quelques chuchotements étouffés, des rires coupés et des ricanements dissimulés sortirent de la foule et lui répondirent.

Mais le calme se rétablit.

À la vue de Charbonneau, plusieurs des premiers venus saluèrent avec empressement.

D’autres se détournèrent pour ne pas avoir à le saluer.

Tous s’écartèrent pour le laisser passer.

Notre homme, sans prendre trop garde ni aux uns ni aux autres, s’approcha du grillage, et, ôtant son chapeau, qu’il ne s’était pas donné la peine d’ôter en entrant :

— J’ai bien l’honneur de présenter mes respects à monsieur Piquoiseux, dit-il d’une voix traînante et nasillarde, différant en tous points de l’accentuation brutale et rapide employée peu auparavant par le rustre Coquillard.

Ajoutez cette voix à l’apparence béate et doucereuse que s’était donnée Charbonneau, et vous comprendrez qu’il devait être assez persuadé de sa valeur personnelle.

— Ah ! c’est vous, Charbonneau ? fit le jeune homme sans relever la tête et en terminant une note qu’il avait commencée.

— Moi-même, pour vous servir.

— Pourquoi diable arrivez-vous si tard ?

— Il est à peine huit heures et demie.

— Le patron est furieux contre vous.

— Pas possible. Je me croyais en avance.

— Il vous a déjà demandé deux fois.

— Deux fois ! s’écria Charbonneau, qui sortit de sa tranquillité apathique et montra par là tout le cas qu’il faisait de la colère de son patron.

— Au moins.

— J’en suis désespéré, vraiment désespéré, mon cher monsieur Piquoiseux, mais des affaires imprévues…

— Allez lui dire ça, et vous verrez s’il admet les affaires imprévues, celui-là.

— Pourtant…

— Attendez votre tour, et quand il sera venu, expliquez-vous avec lui, vous m’en direz des nouvelles.

— Je suis sûr qu’il m’excusera, quand il apprendra pour quelles raisons…

— Hum ! je ne le crois pas… Enfin, je vous le souhaite.

— Vous êtes mille fois trop bon, répliqua Charbonneau, qui était parvenu à reprendre sa physionomie pleine de douceur.

— Ce qu’il y a de certain…

— C’est que ?

— C’est que ce matin, il est d’une humeur massacrante.

— Tant pis pour moi.

— Ainsi, tenez-vous bien.

— Je fais ce que je peux, dit Charbonneau en tournant les pouces et en cherchant à se donner une contenance assurée.

— Et si vous êtes rudement secoué, ne vous étonnez pas trop.

— Il ne faut s’étonner de rien dans cette vie.

— Ni dans l’autre, ricana Piquoiseux, qui vivant dans un milieu tant soit peu cynique, se croyait le droit de faire l’esprit fort de temps à autre.

Un peu plus, Charbonneau allait se signer.

— Vieux farceur ! murmura le jeune homme.

— Ah ! jeune homme ! jeune homme ! dit le bon apôtre, vous n’avez rien de sacré. C’est un tort.

— Ah ! bah !

— Oui. En attendant, je vous remercie tout de même de l’avis que vous venez de me donner.

— Profitez-en si vous pouvez, mon brave homme.

— Je tâcherai, répondit l’autre.

— C’est votre affaire. Permettez-moi de m’occuper de la mienne.

Et M. Piquoiseux se remit à écrire.

Charbonneau s’assit dans un coin.

Un quart d’heure s’écoula, pendant, lequel Piquoiseux se vit plus d’une fois obligé de rappeler à l’ordre l’aimable société qui peuplait la salle d’attente.

Puis, au milieu du brouhaha, retentit le bruit d’une porte éloignée, qui se refermait violemment.

Un coup de sonnette furieux retentit.

Le silence se rétablit comme par enchantement.

— À qui le tour ? demanda Piquoiseux.

— À moi ! à moi ! répondirent plusieurs voix.

Second coup de sonnette plus vigoureux.

— Une minute ! fit le commis, qui se leva vivement et se précipita vers la porte dans le cabinet de son patron.

Il l’ouvrit et disparut.

Mais il ne fit qu’entrer et sortir. Dans ce cabinet, les conversations du patron et de l’employé n’étaient pas longues.

On se précipita au-devant de lui.

Chacun semblait s’attendre à voir son nom sortir de la bouche de M. Piquoiseux.

— M. Charbonneau ! dit-il simplement.

— Présent.

— Entrez. Le patron vous demande, et sapristi, ne l’agacez pas. Il est pire qu’un dogue.

Charbonneau s’affermit sur les deux bateaux qui lui servaient de chaussures. Il prit son courage à deux mains, et, les yeux baissés, lentement, à pas comptés, il entra dans le cabinet du redoutable patron.