Les jours et les nuits/V/V

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Société du Mercure de France (p. 253-254).

V
lettre de sengle à valens

« Mon frère chéri, voici les écailles du dragon liberté qu’il te faut revêtir. Il suffit qu’elles se greffent en un endroit, et tu n’as pas besoin de prendre garde aux feuilles de tilleul. Voici, je crois, le meilleur moyen de faire cette greffe sûre et invisible.

« Nous nous sommes lavé les mains, dans des excursions cycliques, du cambouis des machines avec du savon noir et des bouchons de copeaux étroits. Il faut te frictionner avec un de ces bouchons de copeaux les bras à l’endroit où l’on vaccine, ou mieux, car c’est le tissu le plus semblable aux cellules de ces écailles, le ventre des deux côtés à l’endroit où nous sommes encore imberbes. Il n’y aura pas d’écorchure et cependant le sang viendra et remportera la scarlatine vers ton cœur. Ça vaut mieux que d’avoir par-dessus les habits militaires ou dedans les douze balles que tu risques. Mon affection te souhaite que tu sois bien malade.

« Sengle