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Les méthodes nouvelles de la mécanique céleste/Chap.25

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CHAPITRE XXV.

INVARIANTS INTÉGRAUX ET SOLUTIONS ASYMPTOTIQUES.


Retour sur la méthode de Bohlin.

273.Je suis obligé, avant d’aller plus loin, de compléter quelques-uns des résultats des Chapitres VII, XIX et XX. Je veux d’abord résumer les résultats que je veux comparer et qui vont me servir de point de, départ.

Au Chapitre VII nous avons vu que si un système

(1)

admet une solution périodique

(2)

et si l’on pose

les seront développables suivant les puissances croissantes de

(3)

les coefficients étant des fonctions périodiques de les sont des constantes d’intégration, les sont les exposants caractéristiques de la solution périodique (2).

Les séries satisfont toujours formellement aux équations (1) ; elles sont convergentes à certaines conditions que nous avons énoncées au no 105.

Il y a exception dans le cas où nous pouvons avoir entre les exposants une relation de la forme

(4)

les coefficients étant entiers, positifs ou nuls, le coefficient

entier positif ou négatif. (Cf. t. 1, p. 338, ligne 5 ; en écrivant cette relation, j’ai supposé que l’unité de temps était choisie de

telle sorte que la période de la solution (2) soit égale à )

S’il y a une relation de la forme (4), les ne seront plus développables suivant les puissances des quantités (3), mais suivant les puissances de ces quantités (3) et de

C’est précisément ce qui arrive si les équations (1) ont la forme canonique des équations de la Dynamique. Dans ce cas, en effet, deux des exposants sont nuls et les autres sont deux à deux égaux et de signe contraire.

Dans le cas des équations de la Dynamique [ou plus généralement quand il y a une relation de la forme (4)], nous avons pu encore obtenir un résultat ; il suffit de donner aux constantes d’intégration des valeurs particulières de façon à annuler celles de ces constantes qui correspondent à un exposant nul, et l’une des deux qui correspondent à chaque couple d’exposants égaux et de signe contraire. [Plus généralement on annulerait la constante A correspondant à l’un des exposants qui figurent dans la relation de la forme (4) ; de telle façon qu’entre les exposants correspondant aux constantes A qui ne sont pas nulles, il n’y ait plus de relation de cette forme.]

Par exemple si

on fera

Les seront alors encore développables suivant les puissances de celles des quantités (3) qui ne sont pas nulles ; seulement on n’aura plus ainsi la solution générale des équations (1), mais une solution particulière dépendant d’un nombre de constantes arbitraires inférieur à (à savoir dans le cas général des équations de la Dynamique).

C’est ainsi que nous sommes arrivés aux solutions asymptotiques : nous y sommes parvenu en annulant un certain nombre de constantes non seulement celles que nous avons égalées à zéro pour la raison que je viens de dire, mais celles que nous avons dû annuler pour satisfaire aux conditions de convergence du no 105.

Je ne m’occupe pas pour le moment du développement des suivant les puissances de ou de

Au Chapitre XIX j’ai étudié la méthode de M. Bohlin, qui n’est au fond qu’une application de la méthode de Jacobi, puisque le problème est ramené à la recherche d’une fonction satisfaisant à une équation aux dérivées partielles. Seulement cette fonction est mise sous une forme qui est particulièrement appropriée au cas où il y a approximativement entre les moyens mouvements une relation linéaire à coefficients entiers. Les cas qui doivent nous intéresser le plus sont ceux qui sont voisins de celui que j’ai appelé le cas limite (no 207). Nous avons vu dans ce numéro que la fonction est développable suivant les puissances de sous la forme

et que

est périodique de période par rapport à

(en reprenant les notations du numéro cité).

Mais les résultats peuvent être simplifiés par le changement de variables exposé aux nos 209 et 210.

Au no 206 j’ai défini fonctions

périodiques par rapport aux variables

et que j’ai regardées comme des généralisations des solutions périodiques.

Nous avons posé ensuite au no 210

Avec les nouvelles variables les équations conservent la forme canonique ; seulement les nouvelles équations admettront les relations invariantes suivantes

qui pourront par rapport aux nouvelles équations canoniques être regardées comme des généralisations des solutions périodiques au même titre que

pour les anciennes.

Nous pouvons donc, sans restreindre la généralité, supposer que nos équations canoniques admettent comme relations invariantes

S’il en est ainsi, nous avons vu au no 210 que est un zéro simple pour les dérivées et un zéro double pour les dérivées

Ainsi ou plutôt peut se développer suivant les puissances de et le développement commencera par un terme du deuxième degré ; nous aurons

(5)

les étant des séries dépendant de et développées suivant les puissances de on voit en outre que les sont des fonctions périodiques de

Cela malheureusement ne nous suffit pas pour notre objet.

La fonction définie par l’équation (5) ne dépend, en effet, que de constantes arbitraires

tandis qu’il en faudrait pour la solution complète du problème.

Pour une étude plus approfondie, nous aurons recours au changement de variables du no 206. Si nous adoptons les notations de ce numéro, c’est-à-dire si nous posons

si nous définissons comme dans le numéro cité les variables les fonctions et les dérivées de par rapport à et aux seront des fonctions périodiques des (Cf. t. II, p. 361).

Examinons plus particulièrement les équations qui sont au début de la page 363 (t. II) et qui s’écrivent

puis, regardant comme des constantes, envisageons, toujours comme dans le numéro cité, les équations

Quand nous ferons varier le point décrira une courbe que je veux étudier. Supposons que, ne faisant pas varier les constantes nous fassions au contraire varier nous obtiendrons une infinité de courbes correspondant aux diverses valeurs de

Nous avons supposé plus haut qu’on avait les relations invariantes

qui sont comme une généralisation des solutions périodiques.

À ces relations correspondra le point

c’est-à-dire l’origine des coordonnées. C’est dans le voisinage de ce point que je voudrais étudier nos courbes.

Donnons à la valeur qui correspond à la fonction particulière définie par l’équation (5), nous aurons

La courbe correspondante passe donc par l’origine ; on obtiendrait une seconde courbe passant par l’origine en changeant en

Nous avons donc deux courbes se croisant à l’origine ; les centres courbes pourront passer près de l’origine, mais sans l’atteindre et sans se couper mutuellement ; de telle façon que l’ensemble de nos courbes rappellera, par sa forme générale dans le voisinage immédiat de l’origine, la figure formée par une série d’hyperboles ayant mêmes asymptotes et par leurs asymptotes.

274.Pour mieux étudier ces courbes et les fonctions correspondantes restreignons-nous d’abord au cas où il n’y a que deux degrés de liberté.

Supposons qu’on ait fait le changement de variables du no 208 de telle façon que

soit une solution périodique, cela revient à dire que pour

on a

Développons suivant les puissances croissantes de et Le terme de degré 0 ne dépendrait que de et comme on devrait avoir

il se réduirait à une constante. Comme n’est définie qu’à une constante près, nous pouvons supposer que ce terme de degré zéro est nul.

Cherchons les termes du premier degré ; comme

il n’y aura d’autres termes du premier degré qu’un terme en

Posons maintenant

On voit que est divisible par et que, si l’on pose

les équations conservent la forme canonique et deviennent

(1)

D’ailleurs sera développable suivant les puissances de sous la forme

sera développable d’autre part suivant les puissances de les coefficients étant des fonctions périodiques de On aura enfin

et étant des fonctions périodiques de

Nous allons appliquer à nos équations une méthode analogue à celle de Bohlin, où le paramètre jouera le même rôle que jouait dans le Chapitre XIX le paramètre

Supprimons nos accents devenus inutiles et écrivons au lieu de

Je dis d’abord que je puis toujours supposer

Si en effet il n’en était pas ainsi je prendrais pour variables nouvelles

La forme canonique des équations n’en serait pas altérée puisque

est une différentielle exacte.

De plus s’augmente d’une constante quand augmente de je puis toujours choisir l’unité de temps de telle façon que cette constante soit égale à Alors toute fonction périodique de période de sera une fonction de période de La forme de la fonction ne sera donc pas changée ; seulement le premier terme se réduira à

Supposons donc

Je dis maintenant qu’on peut supposer

Formons en effet nos équations canoniques (1) en supposant il viendra

et une équation en que je puis remplacer par l’équation des forces vives

Les équations

sont des équations linéaires à coefficients périodiques. En vertu du no 29 elles auront pour solution générale

sont des fonctions périodiques de et des constantes d’intégration ; et des constantes.

Il est aisé de voir que et que est une constante que je puis supposer égale à 1.

Cela posé, faisons un nouveau changement de variables en faisant

étant des fonctions de choisies de manière que la forme canonique des équations ne soit pas altérée. Il suffit pour cela que

soit une différentielle exacte.

Or on voit que est égal à une différentielle exacte augmentée de

désignent les dérivées de par rapport à

Il suffit donc, pour que la forme canonique des équations ne soit pas altérée, de prendre

On voit que sont des fonctions périodiques de d’où il suit que la forme de la fonction ne sera pas non plus altérée.

Mais, si nous supposons nos équations doivent admettre comme solution

d’où

Nous pouvons donc, sans restreindre la généralité, supposer

d’où (puisque nous avons supprimé les accents)

C’est ce que nous ferons désormais.

Faisons encore un changement de variables en posant

Comme

est une différentielle exacte, la forme canonique ne sera pas altérée.

Il vient d’ailleurs

La fonction est alors développable suivant les puissances de

On a d’ailleurs

Mettons donc sous la forme

et définissons une fonction par l’équation de Jacobi

étant une constante. Développons et suivant les puissances de

Nous aurons pour déterminer par récurrence, les équations suivantes

(2)

Je désigne, comme je l’ai déjà fait bien des fois, toute fonction connue par dans la seconde équation (2) je regarde comme connue ; dans la troisième je regarde et comme connues et ainsi de suite.

Nous prendrons

avec la condition

Comme est arbitraire, les deux constantes et peuvent être choisies arbitrairement. Il importe toutefois de ne pas prendre Voici pourquoi.

Supposons qu’on ait démontré que

est développable suivant les puissances de

nous pourrons (si n’est pas nul) en conclure qu’il en est de même de

puisque la quantité sous le radical se réduit à pour Nous ne pourrions plus tirer cette conclusion si était nul : or il importe de pouvoir la tirer, à cause de la présence du radical dans

Considérons maintenant la seconde équation (2). La fonction qui y entre dépend de et de et est de la forme suivante

Les coefficients sont des constantes pouvant dépendre de et Les indices et peuvent prendre toutes les valeurs entières, positives, négatives ou nulles. J’ai mis en évidence, en le faisant sortir du signe le terme où ces deux indices sont nuls.

La seconde équation (2) nous donne alors

avec la condition

Sauf cette condition, les constantes et sont arbitraires ; je supposerai donc

Je déterminerai par la troisième équation (2) ; cette équation étant tout à fait de même forme que la seconde, se traitera de la même manière, et ainsi de suite.

En résumé, les dérivées et sont développables suivant les puissances de

Si l’on compare cette analyse avec celle du no 125, on voit qu’il y a entre elles une analogie parfaite. Seulement, au lieu de n’avoir que des exponentielles imaginaires

nous avons ici des exponentielles réelles

275.Une fois la fonction déterminée, nous pouvons, par l’application de la méthode de Jacobi, arriver à des séries analogues à celles du no 127.

La fonction dépend de de et des deux constantes et La constante des forces vives

est fonction de et de

On a alors, comme solution de nos équations différentielles canoniques, les équations suivantes

et sont deux nouvelles constates d’intégration.

Je vois d’abord que et qui dépendent d’ailleurs de et sont développables suivant les puissances de

D’autre part, est développable suivant les puissances de et, si je fais j’ai comme première approximation

On a quatre équations d’où l’on peut tirer et développés suivant les puissances de et dépendant d’ailleurs de

Par un raisonnement tout pareil à celui du no 127, on verrait que

sont développables suivant les puissances de

Il en sera de même d’ailleurs de et

Je pourrais même ajouter que toutes ces quantités sont développables suivant les puissances de

et, en effet, est développable suivant les puissances de

Si nous posons un instant

les deux équations

prendront la forme

(3)

et étant développables selon les puissances de

[et, en effet, on a par exemple

et des formules analogues pour et ].

Il suffit alors, pour démontrer la proposition énoncée, d’appliquer aux équations (3) le théorème du no 30.

Comparons maintenant le résultat obtenu avec celui du Chapitre VII que j’ai rappelé au début du présent Chapitre.

Nous avons vu dans ce Chapitre VII que, dans le voisinage de la solution périodique

les variables sont développables suivant les puissances de

et

sont des constantes d’intégration ; et sont des constantes absolues, dépendant seulement de la période de la solution périodique et de ses exposants caractéristiques.

Nous venons de voir que ces mêmes variables doivent être développables suivant les puissances de

Les deux résultats sont évidemment d’accord ; en effet, nous pouvons d’abord poser

D’autre part, et sont des constantes, mais qui sont développables suivant les puissances de et et qui se réduisent à et pour

Nous pouvons alors écrire, par exemple,

et développer ensuite le second facteur suivant les puissances de ce second facteur se trouvera alors, en outre, développé suivant les puissances de

C’est pour cela que, dans le Chapitre VII, nous avions vu le temps et ses puissances sortir des signes exponentiels et trigonométriques, ce qui pouvait, dans certains cas, produire une difficulté ; l’analyse précédente montre que cette difficulté était purement artificielle.

Si je veux maintenant comparer notre résultat avec ceux du Chapitre XIX, j’envisagerai les courbes

dont j’ai rappelé la définition à la fin du no 273. Pour obtenir les équations de ces courbes, je n’ai qu’à prendre les expressions de et et à y donner à une valeur constante. Alors et sont développables suivant les puissances de

En faisant varier on voit bien que les courbes ont la forme que j’ai décrite à la fin du no 273.

Je rappellerai, en terminant, que tous ces résultats ne sont vrais qu’au point de vue formel ; les séries ne sont convergentes que dans le cas des solutions asymptotiques dont on obtient les équations en faisant

je veux dire en faisant

ou bien encore en faisant

je veux dire en faisant

et désignant des constantes finies.

276.Passons au cas où il y a plus de deux degrés de liberté. Les résultats précédents peuvent se généraliser de deux manières différentes.

Il nous suffira, pour l’expliquer, de supposer trois degrés de liberté. Il peut arriver qu’on veuille étudier nos équations dans le voisinage d’un système de relations invariantes

jouant le rôle d’une généralisation des solutions périodiques au sens du no 209.

Il peut arriver aussi qu’on veuille les étudier dans le voisinage d’une véritable, solution périodique

Dans le premier cas, il y a quatre relations invariantes et une relation linéaire entre les moyens mouvements, relation que nous avons, en employant au besoin le changement de variables du no 202 mise sous la forme

Dans le second cas, il y a cinq relations invariantes, et deux relations linéaires entre les moyens mouvements, que nous avons mises sous la forme

Nous commencerons par le premier cas et nous poserons

les équations restent canoniques et devient développable suivant les puissances de sous la forme

On a d’ailleurs

ou, en supprimant les accents devenus inutiles,

Les fonctions ne dépendent que de et de et sont périodiques de période par rapport à ces deux variables.

Je vais recommencer les changements de variables du no 274 ; tout ce que j’en ai dit reste vrai, mais seulement au point de vue formel.

Pour que je puisse appliquer les principes du calcul formel, il faut qu’il y ait un paramètre par rapport aux puissances duquel s’effectuent les développements. Ici ce sera le paramètre

En effet, et par conséquent sont développables suivant les puissances entières de J’ajoute que, pour et se réduisent à 0 et que se réduisent à des constantes que j’appelle et

Cherchons à intégrer les équations suivantes

(1)

Je cherche à faire l’intégration de telle manière que

soient des fonctions périodiques de période de deux variables nouvelles et qui devront elles-mêmes être de la forme

et sont des constantes développables suivant les puissances de et sont des constantes d’intégration.

Les équations (1) prennent alors la forme

(2)

Nous poserons

et nous supposerons que les sont des constantes ; que les sont des fonctions périodiques de et de (les se réduisant à des constantes comme nous l’avons vu) et enfin que les sont des fonctions périodiques de et sauf les qui se réduiront à

Nous égalerons, dans les équations (2), les équations des puissances semblables de et nous aurons une suite d’équations qui nous permettront de déterminer par récurrence les et les

Ces équations s’écrivent

(3)

Je désigne par toute fonction connue ; dans la deuxième équation, je regarde comme connus les et les dans la troisième, les , les les et les et ainsi de suite.

On a d’abord

de sorte que les équations (3) se réduisent à

(3 bis)

auxquelles il faut adjoindre les équations

(3 ter)

déduites de la seconde équation (2), comme les équations (3 bis) le sont de la première équation (2).

Toutes ces équations s’intégreront de la même manière ;soit par exemple la première équation (3 bis). La fonction qui y entre (comme d’ailleurs toutes les autres fonctions ) est périodique en et Nous égalerons à la valeur moyenne de cette fonction et il nous sera facile ensuite, par le procédé que nous avons déjà appliqué tant de fois, de satisfaire à notre équation par une fonction périodique en et

Ayant ainsi déterminé et en fonctions de et je pose

Il est clair que

qui est nul, est une différentielle exacte et, par conséquent, que la forme canonique des équations n’est pas altérée quand on prend pour variables nouvelles au lieu de

La forme de la fonction n’est pas non plus altérée, mais on voit qu’on a identiquement

ce qui montre que les coefficients de et de se réduisent à des constantes.

Je puis donc toujours supposer que et sont des constantes.

C’est ce que je ferai désormais.

Soit maintenant à intégrer les équations

ou, ce qui revient au même,

(4)

Cherchons à satisfaire à ces équations en posant

étant une constante, et des fonctions périodiques de et Les équations deviendront

(4 bis)

Développons suivant les puissances de sous la forme

Remarquons que est une constante et que Développons de même et

Les coefficients de ces développements sont des quantités connues. Développons d’autre part les inconnues et suivant les puissances croissantes de sous la forme

Afin de présenter les équations sous une forme plus symétrique, j’écrirai le développement de sous la forme

Il faudra seulement se rappeler que sont nuls. De même pour les développements de et de

Cela posé, j’égale dans les équations (4 bis) les coefficients des puissances semblables de J’appellerai (4 bis p) les deux équations obtenues en égalant d’une part les coefficients de dans la première équation (4 bis) et, d’autre part, les coefficients de dans la seconde équation (4 bis).

Les équations (4 bis 0) et (4 bis 1) détermineront et  ;

Les équations (4 bis 1) et (4 bis 2) détermineront et  ;

Les équations (4 bis 2) et (4 bis 3) détermineront et

et ainsi de suite.

Je veux dire que les équations (4 bis p) détermineront et à une constante près, qu’elles détermineront et compléteront la détermination de et que les (4 bis p — 1) ne nous avaient fait connaître qu’à une constante près.

Si l’on se rappelle que

on voit que les équations (4 bis 0) s’écrivent

(4 bis 0)

les équations (4 bis 1) s’écrivent

(4 bis 1)

les équations (4 bis 2) s’écrivent

(4 bis 2)

[les lettres désignent des fonctions connues périodiques en et qui sont nulles dans les équations (4 bis 2), mais que j’écris néanmoins parce qu’elles apparaîtraient dans les équations suivantes].

Les équations (4 bis 0) nous apprennent que et sont des constantes. Passons ensuite aux équations (4 bis 1) et égalons les valeurs moyennes des deux membres, il vient

ce qui détermine et on trouve pour deux valeurs égales et de signe contraire. Les équations (4 bis 1) déterminent ensuite, à des constantes près, et qui sont des fonctions périodiques de et On peut donc regarder comme connus

et.

Venons aux équations (4 bis 2) et égalons les valeurs moyennes des deux membres, on obtiendra deux équations d’où l’on pourra tirer et

Les valeurs moyennes des deux membres étant égales, les équations (4 bis 2) nous donneront et à des constantes près sous la forme de fonctions périodiques de et

Et ainsi de suite.

Comme nous avons trouvé pour deux valeurs, les équations (4 bis) admettront deux solutions. Soient

ces deux solutions. La solution générale des équations (4) sera

On peut toujours supposer

On verrait alors, comme au no 274, que si l’on pose

et si sont des fonctions périodiques convenablement choisies de et la forme canonique des équations ne sera pas altérée.

La forme de ne sera pas non plus altérée ; mais se réduirait à une constante, et à 0.

On peut donc toujours supposer

Le reste du calcul s’achèverait comme aux nos 274 et 275 et l’on arriverait finalement à la conclusion suivante :

Les variables et peuvent se développer suivant les puissances de de trois constantes et de de de Les constantes et sont elles-mêmes développables suivant les puissances de et

277.Passons au second mode de généralisation et supposons qu’on veuille étudier les équations dans le voisinage d’une véritable solution périodique mise sous la forme

Nous poserons

d’où

Les équations restent canoniques et l’on a

étant une forme quadratique homogène en les coefficients de et sont des fonctions périodiques de

Nous supprimerons désormais les accents devenus inutiles et nous écrirons simplement

On démontrerait comme aux nos 274 et 276 que l’on peut toujours supposer que se réduit à une constante.

Envisageons maintenant les équations

Elles sont linéaires et à coefficients périodiques. Leur solution générale sera donc de la forme

Les sont des constantes d’intégration, les sont des fonctions périodiques de

Il est aisé de vérifier que l’expression

est nulle, sauf dans les deux cas suivants

Dans ces deux cas, cette expression se réduit à une constante que je puis supposer égale à 1.

Posons maintenant

On voit alors que

est une forme quadratique homogène par rapport à dont les coefficients sont des fonctions périodiques de

Si alors nous posons

l’expression

sera une différentielle exacte et la forme canonique des équations n’est pas altérée.

La forme de la fonction n’est pas altérée, seulement se réduit à

et sont des constantes.

On poserait ensuite

et le calcul s’achèverait comme aux nos 275 et 276 ; on arriverait à la conclusion suivante :

Les et les sont développables suivant les puissances de de trois constantes et de de

Les exposants et sont eux-mêmes développables suivant les puissances de et

Cette généralisation s’applique immédiatement quand il y a degrés de liberté ; le premier cas, celui du numéro précédent, correspond à celui où il y a relations invariantes et une seule relation linéaire entre les moyens mouvements. C’est celui qui nous a occupés au Chapitre XIX.

Le second cas, celui du présent numéro, correspond à celui où il y a relations invariantes définissant une véritable solution périodique et où il y a relations linéaires entre les moyens mouvements. C’est celui des solutions asymptotiques qui nous a occupés au Chapitre VII.

Mais il y a des cas intermédiaires où l’on a relations invariantes, et relations linéaires entre les moyens mouvements. Alors les et les peuvent se développer suivant les puissances positives ou négatives de exponentielles réelles et de exponentielles imaginaires.

Relation avec les invariants intégraux.

278.Supposons donc que les équations canoniques

(1)

admettent une solution périodique de la forme suivante

est une constante d’intégration ; et soit la période, de telle façon que et soient développables en séries procédant suivant les sinus et cosinus des multiples de

Considérons les solutions voisines de cette solution périodique ; elles pourront, d’après ce qui précède, être mises sous la forme suivante : et seront développés suivant les puissances de quantités conjuguées deux à deux et que j’appelle

Les et les sont des constantes arbitraires d’intégration ; les exposants peuvent se développer eux-mêmes suivant les puissances de

De plus les coefficients du développement de et de sont des fonctions périodiques de de période Ces coefficients (de même que les exposants ) dépendent en outre de la constante des forces vives

Nous savons qu’il existe un invariant intégral

(2)

d’où il résulte que, si et sont deux constantes d’intégration, on devra avoir

On pourra écrire cette équation sous une autre forme ; supposons qu’on donne à un accroissement et qu’il en résulte pour des accroissements

Supposons d’autre part que l’on donne à un accroissement et qu’il en résulte pour des accroissements

Notre équation s’écrira

(3)

Le second nombre est une constante ; je veux dire que c’est une fonction des constantes d’intégration multipliée par

Or on a évidemment

D’autre part

On voit ainsi que et sont de la forme suivante

sont linéaires par rapport à et aux et d’autre part développables suivant les puissances des et des et suivant les sinus et les cosinus des multiples de On trouverait aisément les expressions de il suffit de changer en dans celles de et On voit alors que l’on pourra écrire l’équation (3) sous la forme

sont développés suivant les puissances des et les sinus et cosinus des multiples de et sont d’autre part bilinéaires par rapport aux

Le premier membre devant être indépendant de nous aurons d’abord

ce qui nous fournit déjà certaines relations de vérification auxquelles doivent satisfaire les développements des et des

Ensuite doit être indépendant de il sera donc linéaire par rapport aux déterminants suivants

(4)

(ou par rapport aux déterminants analogues déduits des premiers en permutant avec ou avec ).

Les coefficients seront développés suivant les puissances des et dépendront en outre de

Le temps en effet doit disparaître. Les exponentielles doivent donc disparaître ; ce qui ne peut arriver que si chaque facteur est multiplié par un facteur ou ou

On peut déduire de là une nouvelle série de relations de vérification.

279.Parmi les exposants les uns sont imaginaires, les autres réels ; parmi ces derniers les uns sont positifs, les autres négatifs. Mais comme entre deux exposants égaux et de signe contraire je puis arbitrairement choisir celui que j’appelle je ne restreindrai pas la généralité en supposant que est positif s’il est réel.

Annulons maintenant les coefficients qui correspondent à un exposant imaginaire, ou à un exposant positif.

Alors on aura, si est réel,

et si est imaginaire

Je ferai en outre

étant la valeur de la constante des forces vives qui correspond à la solution périodique envisagée.

Nos séries deviennent alors convergentes et représentent les solutions asymptotiques que nous avons étudiées au Chapitre VII. Elles contiennent comme constantes arbitraires et les qui correspondent aux exposants négatifs.

Nous aurons donc égalités qui exprimeront les et les en fonctions de et de ces constantes et Si entre ces égalités nous éliminons et les nous aurons entre les et les un certain nombre de relations invariantes.

Si un ensemble de valeurs des et des est regardé comme représentant un point dans l’espace à dimensions, ces relations invariantes représentent une certaine variété de cet espace ; c’est ce que j’appellerai la variété asymptotique.

Reprenons l’invariant intégral

et étendons l’intégration à une portion de cette variété asymptotique En d’autres termes, supposons que tous les systèmes de valeurs des et des qui font partie du domaine d’intégration, satisfassent à nos relations invariantes.

Je dis que l’invariant intégral sera nul.

Il me suffit de démontrer que

et cela est évident, car on a

d’où

ce qui montre que toutes les expressions (4) s’annulent. Nous aurions pu également faire

0 (pour réel),
0 (pour imaginaire).

Nous aurions obtenu une nouvelle série de solutions asymptotiques et, par conséquent, une nouvelle variété asymptotique à laquelle les mêmes conclusions s’appliqueraient.

Ce que nous avons fait pour l’invariant (2), on pourrait le faire pour un invariant bilinéaire quelconque (invariant de la troisième sorte, no 260), c’est-à-dire de la forme

(5)

est une fonction des et des et où, sous le signe une ou deux des différentielles peut être remplacée par ou

L’expression

serait encore linéaire par rapport aux quantités (4). Cela s’appliquerait encore à un invariant quadratique (invariant de la deuxième sorte, no 260) de la forme

(6)

est fonction des et des et où, sous le signe une ou deux des différentielles peut être remplacée par

On verrait que l’expression

doit être linéaire par rapport aux expressions

(4 bis)

et de celles qu’on en peut déduire en permutant et et

Pour toute variété asymptotique, l’invariant (5) comme l’invariant (6) doivent s’annuler.

Autre mode de discussion.

280.La même étude peut être poussée plus loin, en la présentant sous une autre forme.

Nous supposerons, par exemple, que nous avons affaire à un problème de Dynamique, que les sont les coordonnées des divers points matériels du système et que les variables conjuguées sont les composantes de leurs quantités de mouvement. Nous nous proposerons d’étudier les invariants intégraux algébriques par rapport aux et aux et de voir, s’il peut en exister d’autre que celui qui est connu et qui s’écrit

Nous avons vu que, dans le voisinage d’une solution périodique, les et les peuvent se développer suivant les puissances des Nous allons de nouveau envisager ces développements ; mais nous pourrons supposer que la valeur de la constante des forces vives qui correspond à la solution périodique est nulle, de sorte que les développements procéderont non seulement suivant les puissances des mais encore suivant celles de Ils dépendront en outre de

En égalant les et les à ces développements, on obtient équations, que nous allons résoudre par rapport aux à et à

Il vient

(7)

Nous remarquerons que comme est développable suivant les puissances de et des et l’on voit que sont des fonctions uniformes des et des dans le voisinage de la solution périodique. De plus, les et les peuvent se développer suivant les puissances des des et de et suivant les sinus et les cosinus des multiples de

D’autre part l’expression

(3)

qui correspond à l’invariant (2) ou les expressions analogues qui correspondraient à un autre invariant bilinéaire de la forme (5) devra être développable suivant les puissances des et bilinéaire par rapport à

De plus, quand on y remplace par leurs valeurs (7), cette expression doit devenir indépendante de Or le temps pourrait s’y introduire de trois manières :

1o Sous la forme exponentielle ;

2o Sous la forme de cosinus ou sinus des multiples de

3o En dehors des signes exponentiels et trigonométriques (et, comme nous allons le voir, au second degré au plus).

Il ne doit y entrer d’aucune de ces trois manières.

1o Pour qu’il n’y entre pas sous la forme exponentielle, il faut et il suffit que l’expression soit linéaire par rapport aux quantités suivantes analogues à (4)

(8)

les coefficients étant développables suivant les puissances des et de

2o Pour que n’y entre pas sous la forme trigonométrique, il faut et il suffit que notre expression ne dépende pas de mais seulement de ses variations

3o Il nous reste à déterminer la condition pour que n’y entre pas en dehors des signes exponentiels et trigonométriques. Remarquons que l’on a

(9)

Nous distinguerons dans notre expression des termes de cinq sortes, selon qu’ils contiendront en facteur une quantité (8) figurant dans la première, deuxième, troisième, quatrième ou cinquième ligne du Tableau (8).

Cela posé, si nous remplaçons par leurs valeurs (9), nous verrons que les termes des cinq sortes contiendront respectivement en facteur

(10)

On voit que le temps pourrait entrer au second degré.

Faisons d’abord disparaître les termes en ils ne peuvent provenir que des termes de la deuxième sorte et de la quatrième sorte.

Je dis que le coefficient de

doit s’annuler.

En effet, les accroissements virtuels des constantes étant arbitraires, nous pourrons supposer que tous les s’annulent à l’exception de et de même que tous les s’annulent à l’exception de

Tous les termes en s’annulent alors, à l’exception du terme en

Il y aurait exception s’il existait une relation entre les exposants on ne pourrait plus en effet supposer que tous les s’annulent sauf un, sans que ce dernier s’annule lui-même.

Maintenant il y a quatre termes de la seconde sorte qui donnent des termes en

Je les écrirai pour abréger sous la forme

les sont développés suivant les puissances des et de Je désigne par l’expression qui figure à la seconde ligne du Tableau (8) :

se déduit de en permutant et ,
se déduit de en permutant et ,
se déduit de en faisant à la fois ces deux permutations.

Pour que les termes en disparaissent, il faut et il suffit que

(11)

Si cette condition est remplie, nos quatre termes

nous donneront comme termes en

Considérons maintenant les termes de la quatrième sorte que nous associerons deux par deux ; soit un groupe de deux termes

et sont développables suivant les puissances de et des est l’expression qui figure à la quatrième ligne du Tableau (10) et où est celle qu’on en déduit en permutant et et changeant en

Pour que les termes en disparaissent, il faut que

et alors les termes en se réduisent à

281.Maintenant nos termes en procèdent suivant les puissances de des et suivant les et les de Il nous reste à faire disparaître ces termes ; je vais écrire qu’ils sont nuls quand on y fait

sans supposer bien entendu que soient nuls.

Soit dans notre invariant ce que devient le coefficient du terme en quand on y fait

Soit ce que devient le coefficient du terme en

et ce que devient celui du terme en

Nous devrons avoir identiquement

Écrivons, pour abréger, au lieu de au lieu de et

au lieu de

il viendra

ou bien

Sous le signe ou peut prendre les valeurs et les valeurs

En égalant à zéro le coefficient de on trouve

(12)

En égalant à zéro le coefficient de on trouve

(12 bis)

Ces équations expriment que

(13)

est une différentielle exacte.

Dans les équations (12) et (12 bis) il faut faire les sont donc des constantes ; les sont donc des fonctions linéaires des en réalité, comme nous l’avons vu, les peuvent être développés suivant les puissances des mais le résultat que nous venons d’obtenir n’est vrai que si l’on néglige les carrés des et si l’on arrête les développements des aux termes du premier degré. De plus, les et les sont des constantes. L’expression (13) est donc la différentielle exacte d’un polynôme du deuxième degré.

Pour pousser plus loin cette étude, exprimons les non plus en fonctions de

mais de

et, pour éviter toute confusion, représentons par des les dérivées prises par rapport aux nouvelles variables et par des les dérivées prises par rapport aux anciennes.

On voit alors que

est une différentielle exacte, ce qui entraîne les conditions

(14)

Si l’on connaît les relations entre les et les ces équations nous permettront de déterminer les coefficients

Nous pouvons exprimer en fonction des variables

en écrivant

Les nous seront donnés par les équations

(14 bis)

et pourra être choisi arbitrairement.

Il faut d’abord que les équations (14) soient compatibles, ce qui pour exige certaines conditions

(15)

Ces conditions (15) seront toujours remplies puisqu’il y a toujours un invariant intégral

S’il y a plusieurs invariants intégraux qui ne s’annulent pas identiquement pour la solution périodique envisagée, à chacun de ces invariants devra correspondre un système de valeurs des coefficients et

Si les équations (14) admettent solutions linéairement indépendantes, on pourra calculer les valeurs correspondantes des à l’aide des équations (14 bis), et comme reste arbitraire, nous aurons systèmes de valeurs, linéairement indépendants, des coefficients et

Nous pourrons donc avoir invariants intégraux distincts (si la solution périodique considérée n’est pas singulière au sens donné à ce mot au no 257), mais nous ne pourrons pas en avoir davantage.

282.J’ai dit plus haut que les conditions (15) étaient certainement remplies ; il pourrait rester un doute sur ce point ; et en effet si les équations (14) comportent solutions distinctes, il peut y avoir invariants ; si donc il n’y a qu’un invariant, on pourrait supposer la présence d’un seul invariant

ne suffirait donc pas pour permettre d’affirmer que les équations (14) comportent certainement une solution.

C’est ce doute qu’il me reste à dissiper.

J’observe d’abord que dans le cas du problème des trois corps, il y a non pas un, mais deux invariants intégraux.

Nous avons, en effet, dans le Tome 1, Chapitre IV, étudié les équations aux variations de ce problème.

Nous avons obtenu pages 170 et 172 les intégrales suivantes

(1)
(2)

On trouverait de même

(1 bis)
(2 bis)

Multiplions (2 bis) par (1), (1 bis) par (2) et retranchons, il viendra

(16)

Le premier membre est linéaire par rapport aux déterminants de la forme

Nous avons donc une intégrale des équations aux variations et nous pourrons en déduire un nouvel invariant intégral bilinéaire.

Dans le cas du problème des trois corps, on a donc au moins et l’on peut être assuré que les conditions (15) sont remplies.

283.En est-il encore de même dans le cas général ? Supposons qu’elles ne le soient pas. Alors tous les coefficients que nous avons appelés doivent être nuls ainsi que tous les à l’exception de

Donc quand on donne aux et aux les valeurs qui correspondent à la solution périodique envisagée, c’est-à-dire quand on fait

les coefficients des termes en doivent s’annuler, et il ne reste que les termes en

Notre invariant devrait donc s’annuler quand on aurait

Or ce n’est pas le cas de l’invariant

auquel correspond l’expression

Soit, en effet,

On devrait avoir une égalité de la forme

Or cela est impossible puisque le premier membre est une forme bilinéaire de déterminant 1 et le second une forme bilinéaire de déterminant 0.

Nous devons donc conclure que les conditions (15) sont toujours remplies.

284.Recherchons maintenant si les équations (14) peuvent admettre plusieurs solutions.

Soient

ces deux solutions, et supposons que l’on n’ait pas

alors les deux équations

entraîneront

Alors les indices

se répartiront en un certain nombre de groupes, autant qu’il y a de valeurs différentes pour le rapport deux indices appartiendront au même groupe s’ils correspondent à une même valeur du rapport

Alors, pour que dépende de (ou de ), il faut que les indices et appartiennent au même groupe.

Supposons, pour fixer les idées, qu’il y ait deux groupes seulement comprenant respectivement les indices

Alors

dépendront seulement de

et

dépendront seulement de

Il y a alors ce fait que les exposants caractéristiques forment plusieurs groupes indépendants ; de telle façon que les d’un groupe ne dépendent pas des produits relatifs à un autre groupe.

Les solutions périodiques pour lesquelles cette circonstance se produira (ou pour lesquelles il y aurait une relation entre les ) pourront s’appeler particulières.

Nous arrivons donc à la conclusion suivante :

Pour qu’il y eût d’autre invariant algébrique que ceux que nous connaissons, il faudrait, ou bien que toutes les solutions périodiques fussent particulières, ou bien qu’elles fussent toutes singulières au sens du no 257.

Je n’entreprendrai pas de démontrer que cette circonstance ne peut se présenter dans le problème des trois corps ; mais cela paraîtra bien invraisemblable.

Invariants quadratiques.

285.Étudions maintenant au même point de vue les invariants quadratiques, c’est-à-dire les invariants intégraux de la forme

est une forme quadratique par rapport aux différentielles

Soit

où les sont des fonctions des et des et où le produit peut être remplacé dans certains termes par le produit ou

Nous pourrons alors écrire l’équation suivante analogue à l’équation (3) du no 278

(1)

D’autre part, nous avons trouvé au no 278

Nous pourrons alors écrire l’équation (1) sous la forme

sont développés suivant les puissances des et des sinus et cosinus des multiples de et sont, d’autre part, quadratiques par rapport aux

On devra donc avoir

et de plus devra être indépendant de ce qui montre que devra être linéaire par rapport aux expressions suivantes

ou par rapport aux expressions qu’on en déduit en permutant et ou et

Les coefficients seront développés suivant les puissances des produits et de (si l’on suppose que la solution périodique corresponde à la valeur zéro de la constante des forces vives).

286.Revenons aux équations (7) du no 280 et raisonnons comme dans ce no 280 ; nous verrons que l’expression

quand on y remplace les et les par leurs développements en fonctions des et devra satisfaire aux conditions suivantes

1o Elle devra être linéaire par rapport aux quantités suivantes

(8 bis)

les coefficients étant développés suivant les puissances des et de

2o Elle ne dépendra pas de mais seulement de

3o Si ces conditions sont remplies, l’expression ne contiendra le temps ni sous la forme exponentielle, ni sous la forme trigonométrique.

Il reste à chercher la condition pour que le temps n’y entre pas non plus en dehors des signes exponentiels et trigonométriques.

Reprenons les équations (9) du no 280 ; nous verrons qu’aux divers termes du Tableau (8 bis) correspondent les termes suivants

(10 bis)

Faisons d’abord disparaître les termes en

L’ensemble de ces termes est une forme quadratique par rapport à

Cette forme quadratique doit être identiquement nulle.

Le coefficient de devra donc être nul. Or, il y a quatre termes qui pourraient introduire le produit ce sont les termes en

Désignons pour abréger ces quatre expressions par l’ensemble de nos quatre termes s’écrira alors

et étant développables suivant les puissances des et de Pour que le coefficient de disparaisse on devra avoir identiquement

De même le coefficient de devra s’annuler ; or il provient des termes en

Désignons pour abréger ces trois expressions par et l’ensemble des trois termes par

étant développables, suivant les puissances des et de

Pour que le coefficient de disparaisse on devrait avoir

(11)

Pour la solution périodique on a

Tous les termes qui contiennent en facteur l’une des expressions qui figurent à la 2e, 3e ou 4e lignes du Tableau (8 bis) doivent alors s’annuler, car chacune de ces expressions contient en facteur ou

Les seuls termes de l’expression qui ne s’annulent pas pour la solution périodique sont donc les termes en

L’équation (11) montre que contient en facteur donc le terme doit s’annuler également. Il ne reste plus que les termes en

Le premier ne contient pas le second le contient au 1er degré, le troisième au 2e degré.

Ce troisième terme étant le seul qui contienne doit être nul ; s’il est nul, le deuxième terme étant le seul qui contienne sera nul également.

En définitive, tous les termes de s’annulent pour la solution périodique sauf le terme en

Or, dans le problème général de la Dynamique, de même que dans les cas du problème des trois corps que nous avons appelés le problème restreint, le problème général réduit et le problème plan réduit, nous connaissons un invariant quadratique et nous n’en connaissons qu’un.

Si j’écris l’équation des forces vives sous la forme

cet invariant n’est autre chose que

c’est à cet invariant que correspond le terme en qui ne s’annule pas.

Si donc il existe un invariant quadratique, autre que celui qui est connu, cet invariant devra s’annuler pour tous les points de la solution périodique.

En d’autres termes, cette solution périodique devra être singulière au sens du no 257, en ce qui concerne cet invariant.

Il y aurait exception si les exposants

n’étaient pas indépendants les uns des autres, mais s’il y avait une relation entre eux. Dans ce cas, en effet, le coefficient de qui est une forme quadratique par rapport aux variables

pourrait s’annuler identiquement sans que tous ses coefficients fussent nuls puisque ces variables ne seraient plus indépendantes.

En résumé, pour qu’il y eût d’autres invariants quadratiques que ceux que nous connaissons, il faudrait que toutes les solutions périodiques fussent singulières ou particulières.

Il n’est pas très vraisemblable qu’il en soit ainsi pour le problème des trois corps.

Cas du problème restreint.

287.On peut imaginer un autre mode de discussion que nous n’appliquerons qu’au cas du problème restreint. La discussion du no 257 a laissé subsister la possibilité de deux invariants quadratiques dont un est connu. Supposons que ces deux invariants quadratiques existent et soit la forme quadratique correspondant à l’un de ces invariants. D’après ce qui précède pourra contenir des termes en

(1)

D’autre part, est une forme quadratique par rapport aux quantités

dont les coefficients sont des fonctions algébriques en

Voici quelles seront les variables et que nous choisirons. Dans ce problème, que j’appelle restreint, deux des corps décrivent des circonférences concentriques et le troisième dont la masse est nulle se meut dans le plan de ces circonférences. Je rapporterai ce troisième corps à des axes mobiles tournant d’un mouvement uniforme autour du centre de gravité des deux premiers ; l’un de ces axes coïncidera constamment avec la droite qui joint ces deux premiers corps. J’appellerai et les coordonnées du troisième corps par rapport à ces axes mobiles, et et les projections de la vitesse absolue sur les axes mobiles.

Posons alors

et désignent la fonction des forces vives et la fonction des aires dans le mouvement absolu, et où désigne la vitesse angulaire de rotation des deux premiers corps autour de leur centre de gravité commun. Les équations prendront la forme canonique

L’intégrale n’est autre chose que « l’intégrale de Jacobi » (cf. Tome 1, no 9, page 23).

Cela posé, notre expression sera une forme quadratique en

dont les coefficients seront algébriques en et Si nous supposons que les quatre variables et sont liées par la relation

qui entraîne la suivante

nos quatre variables ne seront plus indépendantes ; on pourra éliminer l’une d’entre elles, et deviendra une forme quadratique ternaire.

Considérons un point de la solution périodique ; pour ce point on aura

Toutes les expressions (1) s’annuleront donc à l’exception de

 et 

Si l’on suppose elles s’annuleront toutes à l’exception de

 et 

Soit donc, pour un point de la solution périodique,

L’ensemble des termes en se réduira donc, pour ce même point, à

(cf., supra, Tableau 10 bis) et, puisque à

Les termes en doivent disparaître ; celui-ci est le seul qui ne s’annule pas pour le point considéré ; tous les autres sont nuls, quand même on ne s’assujettirait pas à la condition car et ne donnent pas de termes en

Or n’est pas identiquement nul. On a, pour un point de la solution périodique,

mais on ne saurait avoir ce serait supposer qu’il y a une infinité continue de solutions périodiques de même période, ce qui n’a pas lieu.

On peut remarquer toutefois que contient en facteur la petite quantité, que je désigne par c’est-à-dire la masse du second corps, et par conséquent que s’annule pour c’est-à-dire dans le mouvement képlérien.

Les termes en ne peuvent donc disparaître que si l’on a

d’où

Mais cette dernière égalité montrerait que se réduit à une forme quadratique binaire et par conséquent que son discriminant est nul. Ainsi le discriminant de devrait s’annuler pour tous les points de toutes les solutions périodiques.

288.Mais une relation algébrique telle que

ne peut pas, à moins de se réduire à une identité, être vraie pour tous les points de toutes les solutions périodiques.

En effet, adjoignons à la relation

(2)

deux autres relations

(3)

(où et sont deux constantes arbitraires, et les deux fonctions ainsi désignées dans le numéro précédent) et une quatrième relation algébrique quelconque

(4)

le nombre des solutions de ces quatre équations algébriques sera limité quelles que soient les constantes et

Considérons maintenant une solution périodique, les variables et seront développées suivant les puissances de sous la forme

(5)

De même sera développable suivant les puissances de et l’on aura

et seront indépendants de

Reste je dis que cette fonction, qui par hypothèse est algébrique en et dépend de même algébriquement de

En effet, en exprimant que

est un invariant intégral, on sera conduit à certaines relations où entreront les coefficients de leurs dérivées et les coefficients des équations différentielles du mouvement.

Nous avons supposé que est une fonction algébrique des et des nous pouvons supposer que cette fonction algébrique entre comme cas particulier dans un type déterminé, ne contenant pas explicitement, mais dépendant algébriquement d’un certain nombre de paramètres arbitraires. Alors ne serait pas un invariant intégral quels que soient ces paramètres, mais seulement quand ces paramètres prendront certaines valeurs particulières, dépendant de 

En exprimant que est un invariant intégral, on est conduit à certaines équations algébriques entre et ces paramètres ; ces équations devront être compatibles et il est clair qu’on en tirera les paramètres en fonctions algébriques de

Les coefficients de la forme et seront donc aussi algébriques en

L’équation est donc algébrique en et nous pouvons supposer qu’on lui a fait subir une transformation telle que le premier membre soit un polynôme entier en

Nous écrirons donc

De plus, ne sera pas identiquement nul, à moins que ne le soit. Si, en effet, s’annulait, contiendrait un facteur que l’on pourrait faire disparaître.

La fonction doit s’annuler quand on y remplace et par les développements (5). Elle devient alors développable suivant les puissances de et, le terme indépendant de devant s’annuler, on aura

(2 bis)

Remarquons maintenant que l’on doit avoir

(3 bis)

et étant des constantes. Il suffit, pour s’en assurer, de se souvenir que, pour le mouvement se réduit au mouvement képlérien.

Prenons maintenant, par exemple,

et écrivons l’équation

(4 bis)

Observons ensuite que, si l’on suppose le troisième corps décrira une ellipse képlérienne ; soient et les coordonnées de ce corps, non par rapport aux axes mobiles, mais par rapport aux axes de symétrie de cette ellipse.

Les équations de l’ellipse képlérienne s’écriront alors

(6)

Les coefficients dépendront de deux constantes qui sont le grand axe et l’excentricité de l’ellipse, et par conséquent de et On aura d’ailleurs

où le moyen mouvement dépend de et où est une nouvelle constante d’intégration.

L’intersection de l’ellipse (6) avec le cercle

aura lieu en deux points qui seront donnés par les équations

(7)

On aura ensuite

(8)

est une nouvelle constante d’intégration.

On obtiendra les solutions de l’équation (4 bis) en combinant les équations (7) et (8), ce qui donne

( étant un entier quelconque).

Pour que la solution soit périodique, il faut et il suffit que le rapport soit commensurable. Mettons ce rapport sous la forme d’une fraction réduite à sa plus simple expression et soit son dénominateur. On voit que l’équation (4 bis) admettra solutions distinctes.

Les équations (2 bis), (3 bis) et (4 bis) ne devraient admettre qu’un nombre limité de solutions quelles que soient les constantes et Or je puis choisir de telle sorte que ait telle valeur que je veux et, par conséquent, que soit aussi grand que je veux.

Cela ne peut arriver que si et par conséquent si est identiquement nul.

Par conséquent le discriminant de la forme est identiquement nul et cette forme doit se réduire à une forme binaire.

On démontrerait de la même manière qu’au sens du no 257 il ne peut pas arriver que toutes les solutions périodiques soient singulières.

La démonstration n’est ainsi donnée que dans un cas très particulier, mais on peut entrevoir la possibilité d’une extension au cas général.

289.La forme regardée comme forme binaire, doit se réduire à

pour un point d’une solution périodique ; la forme binaire sera donc définie (c’est-à-dire égale à la somme de deux carrés) si la solution périodique est stable, c’est-à-dire si les exposants caractéristiques sont imaginaires ; elle sera indéfinie (c’est-à-dire égale à la différence de deux carrés) si la solution périodique est instable, c’est-à-dire si les exposants caractéristiques sont réels.

Supposons encore très petit et reprenons l’équation (4 bis).

D’après les principes du Chapitre III (no 42), pour une valeur donnée de nous aurons au moins deux solutions périodiques dont une stable et une instable. Soient

les valeurs correspondantes des constantes et

Soient

l’équation (4 bis) nous donnera, pour la première solution périodique,

et pour la seconde

Nous pourrons, sans restreindre la généralité, supposer et d’ailleurs et " compris entre et Alors la forme sera

indéfinie pour
indéfinie pour
indéfinie pour
indéfinie pour
indéfinie pour
indéfinie pour

ce qui montre que le discriminant de considéré comme forme binaire doit s’annuler au moins fois, d’où l’on conclurait, comme plus haut, qu’il est identiquement nul.

La forme se réduit donc à un carré ; donc, comme elle doit être égale à

pour tous les points d’une solution périodique, elle devrait s’annuler pour tous ces points.

Le même raisonnement montrerait encore qu’elle est identiquement nulle.

En résumé, au moins pour le cas particulier du problème restreint, il n’y a pas d’autre invariant quadratique que celui qui est connu.

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