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Les principaux monuments funéraires/Desenne

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DESENNE.




Desenne (Alexandre-Joseph), dessinateur, né à Paris le 1er janvier 1785, apprit le dessin sans maître et sans autre guide que son goût naturel. Dès l’âge le plus tendre il copiait, sans principes, à l’aide d’un crayon grossier ou à la plume, des fragmens de tableaux, de dessins et de gravures : ces croquis, malgré de nombreuses imperfections, offraient néanmoins une grande justesse dans les traits et dans les dimensions, surtout dans les proportions, lorsqu’il était obligé de réduire ses copies, et firent concevoir à des artistes, amis de ses parens, le haut degré de supériorité auquel il devait atteindre ; mais les leçons qu’il reçut de ces mêmes artistes se réduisirent à des conseils.

Plus tard, dans la belle saison, Desenne utilisait ses promenades champêtres en copiant la nature : un site pittoresque, les ruines d’un ancien édifice, étaient pour lui une bonne fortune ; non content d’en faire un croquis, il prenait la résolution d’en faire un dessin achevé, plus sévère pour lui-même que ne l’eût été un maître ; il était persuadé qu’il fallait, sans désemparer, saisir ces effets de lumière, des ombres, des masses, qui sont l’âme du dessin, et sans l’exactitude desquels on ne peut offrir qu’une image imparfaite de la nature. Plein de persévérance, souvent il passait une journée entière à la campagne dans le but de perfectionner un dessin, et ne s’arrêtait que lorsque la nuit, toujours trop prompte avenir, le forçait de mettre un terme à son travail. Quelquefois son extrême application lui faisait oublier de prendre la moindre nourriture : privation si funeste à la jeunesse, qui, en détruisant totalement la santé, cause indubitablement une mort prématurée.

Desenne se dédommageait l’hiver, des jouissances de la campagne, à la bibliothèque ; d’après des études approfondies et presque minutieuses, il était parvenu à donner à ses dessins l’effet et le ton de la gravure ; aussi ces productions, presque toutes destinées à être gravées, étaient-elles estimées des graveurs, non seulement par le haut degré de perfection, mais parce qu’elles offraient un travail facile qui ne leur laissait que la peine de copier fidèlement.

Desenne joignait au titre d’artiste distingué, de charmantes qualités, qui lui attirèrent de nombreux et de véritables amis : passionné pour son art, il ne s’est jamais douté de sa supériorité, dans le cours de sa vie : la modestie caractérisa toujours son véritable talent.

Il est connu par une foule de vignettes gravées d’après ses dessins, et formant collection pour les œuvres de Voltaire, de J.-J. Rousseau, de Molière, de Boileau, de Bernardin de Saint-Pierre, de Walter Scott, de Cooper, de Cervantes, Lamartine, de Jouy, etc, etc.

D’autres figurent dans le Musée de Filhol. Desenne a exposé au Musée royal, en 1812, des vignettes pour les ouvrages suivans : les Martyrs, de Chateaubriand ; Mlle de Clermont, de Mme de Genlis ; les Contes de La Fontaine ; et l’Atlantide, de M. Baour-Lormian. En 1814, des dessins pour l’Ermite de la Chaussée d’Antin, les Normands en Italie ; et en 1817, des vignettes pour la Lusiade, du Camoëns, publiée par M. de Souza, etc. Plusieurs dessins originaux et quelques tableaux de cet artiste ont été acquis par des amateurs.

Desenne est décédé à Paris le 30 janvier 1827 ; et a été inhumé au cimetière du Mont-Parnasse.

Son monument, construit tout en pierre, est d’un style élégant : il se compose d’un cénotaphe orné de sculpture et de flambeaux antiques aux quatre coins ; il est élevé sur un stylobate d’une haute dimension, et surmonté du buste en bronze de cet artiste élevé sur un socle.

Sur la face principale on lit :

A
LA MÉMOIRE
D’ALEXANDRE JOSEPH
DESENNE,
dessinateur.
sa famille,
et
ses amis.

Sur la face opposée :

né a paris,
le i janvier m.dcc.lxxxv,
mort
le xxx janvier m.dccc.xxvii.