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Les sports de la neige/2

La bibliothèque libre.
Traduction par René Auscher.
Hachette & Cie (p. 1-4).


TAILING.

COMMENT SE DÉPLACER
SUR LA NEIGE ?



Les moyens de communication ont pris, surtout de nos jours, autant d’importance en hiver qu’en été. Les villages des montagnes ne ressemblent plus à ces marmottes dont la vie parait s’enfuir presque totalement pendant la saison froide et qui attendent le printemps pour manifester leur vitalité. Dans ceux qui sont les plus éloignés de tout centre, les habitants veulent rester constamment reliés au monde extérieur, et c’est pourquoi, dans les pays que la neige recouvre périodiquement d’une couche épaisse, l’homme doit recourir à des procédés spéciaux pour se déplacer : en effet, la force sustentatrice de la neige est faible et la résistance qu’elle offre varie essentiellement avec son état. Il ne faut pas oublier d’ailleurs, qu’en supposant aux pieds une surface de 6 décimètres carrés, l’unité de surface subit, pour un individu de poids moyen (70 kilogrammes par exemple), une pression de plus de 10 kilogrammes et qu’à moins d’avoir été gelée ou tassée, la neige ne le supportera pas.

Par suite, il a dû venir de bonne heure à l’esprit de l’homme l’idée d’augmenter sa surface portante et c’est de là que sont nés les divers systèmes permettant les déplacements sur la neige. Nous les classerons d’après la nature du moteur employé : moteur humain, moteur pesanteur, moteur animal, moteur mécanique.


MOTEUR HUMAIN


Le ski. Avec ses propres forces l’homme utilise la raquette ou les skis. En ce qui concerne ces derniers, nous laisserons le soin de leur étude à la plume alerte de M. Fendrich, dont la science se tempère agréablement d’une spirituelle fantaisie. Nous dirons seulement que le ski est
RAQUETTES
(Cliché Gruyer.)
un long patin de bois d’une surface d’environ 48 décimètres carrés et dont l’unité de surface supporte par conséquent, dans le cas envisagé plus haut, un peu moins de 2 kgs. Il permet donc de se déplacer très facilement sur de la neige même molle, et il est l’outil parfait, tant pour le sport que pour le tourisme et les besoins journaliers en pays de neige.

La Raquette — La raquette a été connue en France — bien avant le ski ; on l’employait exclusivement, il y a une dizaine d’années, soit dans l’armée, soit dans les populations des Alpes.

Une raquette se compose d’un cadre de bois de forme variable avec les régions, et supportant un réseau de cordes sur lequel le pied se pose et se fixe. Le poids du corps est alors réparti sur une surface assez grande mais discontinue. La neige peut arriver à le supporter après s’être quelque peu tassée.

On enfonce donc, la marche s’effectue les jambes écartées et avec de si sérieux efforts que, dans une excursion en raquettes sur de la neige molle, l’homme de tête doit être relayé presque tous les cent mètres. De plus, on avance très lentement et, par un temps de bourrasque, il devient à peu près impossible de continuer sa route.


RAQUETTES CANADIENNES.
(Cliché Neurdein frères)



La neige pénètre dans les yeux, on ne peut distinguer aucun point de repère au milieu des tourbillons blancs et même on devient incapable de se rendre compte, à la vue, du sens de la pente sur laquelle on se trouve. En ski, du moins, on possède toujours, en pareil cas, un guide précieux : la pesanteur, qui vous entraîne en une glissade légère, continue et sans aucun effort dans le sens de la pente.

On voit déjà les avantages importants du ski sur la raquette : rapidité, économie des forces, sécurité plus grande.

Il nous est arrivé un jour de rencontrer en montagne un chasseur alpin en raquettes qui remontait rejoindre son poste. Nous étions cinq skieurs le précédant. Bien que n’enfonçant nullement, nous faisions tous nos efforts pour tasser la neige et diminuer ainsi l’effort de notre compagnon de route. Ce fut inutile ; il enfonçait malgré tout jusqu’aux genoux et, pressés que nous étions, nous dûmes le dépasser au bout de peu de temps.

L’équipement nécessaire pour la raquette est en somme le même que pour le ski ; cependant une seule canne suffit, à condition d’être assez résistante.

Il ne faut pas conclure de tout ce qui précède que la raquette doive être absolument rejetée. Elle peut avoir encore son utilité, même concurremment avec le ski, dans certains passages difficiles ou l’encombrement des patins de bois devient un véritable danger. Nous verrons aussi, dans un autre chapitre, qu’au point de vue militaire leur emploi n’est pas non plus à dédaigner.

Dans certaines régions, on a adopté la raquette canadienne, variante de la précédente. Elle en diffère en ce qu’elle est placée sur un ski très petit. Cette disposition a pour but de rendre possibles de petites glissades en terrain favorable. Ces raquettes ont été longtemps employées par l’armée allemande, mais les progrès du ski les ont fait presque totalement disparaître.