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Lettre de Catherine de Médicis à Charles IX

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Lettres de Catherine de Médicis
Texte établi par Hector de La FerrièreImprimerie nationale (2p. 90-95).
1563. — 8 septembre.
Copie. Bibl. nat. fonds Clairambault, vol. 354, p. 5805[1] ; Dupuy, vol. 218, p. 1[2]. — Arch. nat. cartons des Rois.
Imprimé dans Le Laboureur, Mémoires de Castelnau, t. II, p. 490. — Mémoires de Condé, t. IV, p. 651. — Le recueil Le Conservateur, janvier 1758, p. 72. — Cimber et Danjou, Archives curieuses, 1re série, t. V, p. 2435. — Jay, Notes de l’Éloge de Montaigne. — Meyer, Galerie philosophique du xvie siècle. — Amaury Duval, Append. de son édition de Montaigne.
Au Roy monsieur mon fils[3].

Monsieur mon fils, vous ayant déjà envoyé ce que j’ai pensé vous satisfaire, avant que d’aller à Gaillon, il m’a semblé qu’il restoit encores ce que j’estime aussi nécessaire pour vous faire obéir à tout vostre royaume, et congnoistre combien désirez le revoir en l’estat auquel il a esté par le passé, durant les règnes des Rois Messeigneurs vos père et grand-père ; et pour y parvenir, je pense qu’il n’y a rien qui vous y serve tant, que de veoir que aimez les choses réglées et ordonnées, et tellement pollicées, que l’on congnoisse les désordres qui ont été jusques ici par la minorité du Roy vostre frère[4], qui empeschoit que l’on ne pouvoit ce que l’on désiroit ; que cela vous a tant desplu, que incontinent qu’avez eu le moyen d’y remédier, et de tout régler par la paix que Dieu vous a donnée[5], que n’avez perdu une seulle heure de temps à restablir toutes choses selon leur ordre et la raison, tant aux choses de l’Église et qui concernent nostre religion, laquelle pour conserver, et par bonne vie et exemple tascher de remetre tout à icelle, comme par la justice conserver les bons et nettoier le royaume des mauvais, et recouvrer par là vostre auctorité et obéissance entière, encore que tout cela serve, et soit le principal pillier et fondement de toutes choses, si est-ce que je cuide que vous voyant réglé en vostre personne et façons de vivre, et vostre court remise avec l’honneur et police que j’y ay veue autrefois, que cela fera ung exemple pour tout vostre royaume, et une recongnoissance à ung chacun du désir et volonté qu’avez de remettre toutes choses selon Dieu et la raison ; et afin que en effet cela soit congneu d’ung chacun, je désirerois que prinssiez une heure certaine de vous lever, et pour contenter vostre noblesse, faire comme faisoit le feu Roy vostre père ; car quand il prenoit sa chemise, et que les habillements entroient, tous les princes, seigneurs, cappitaines, chevalliers de l’ordre, gentilzhommes de la chambre, maistres d’Hostel, gentilzhommes servans entroient lors, et il parloit à eux, et le voioient, ce qui les contentoit beaucoup.

Cela fait, s’en alloit à ses affaires, et tous sortoient, hormis ceulx qui en estoient et les quatre secrétaires. Si faisiez de mesme, cela les contenteroit fort, pour estre chose accoutumée de tous temps aux Rois voz père et grand-père ; et, après cela, que donnassiez une heure ou deux à ouïr les dépesches et affaires qui sans vostre présence ne se peuvent dépescher, et ne passer les dix heures pour aller à la messe, que comme on avoit accoustumé au Roys vos père et grand-père, que tous les princes et seigneurs vous accompagnassent, et non comme vous voys aller, que n’avez que voz archers ; et au sortir de la messe, disnez, s’il est tard, ou sinon vous promenez pour votre santé, et ne passez unze heure que ne disniez ; et après disner, pour le moings deux fois la sepmaine, donnez audience, qui est une chose qui contente infiniment vos subjetz ; et après vous retirer et venir chez moy ou chez la Royne[6], affin que l’on congnoisse une façon de court, qui est chose qui plaist infiniment aux François, pour l’avoir accoustumé ; et ayant demeuré demie heure ou une heure en public, vous retirer ou à vostre estude, ou en privé, où bon vous semblera ; et sur les trois heures après midy, vous alliez vous promener à pied ou à cheval, affin de vous monstrer et contenter la noblesse, et passer vostre temps avec ceste dernière à quelque exercice honneste, sinon tous les jours, au moins deux ou trois fois la sepmaine ; cela les contentera tous beaucoup, l’ayant ainsi accoustumé du temps du Roy vostre père, qu’ilz aimoient infiniment ; et après cela soupper avec vostre famille ; et l’après soupper, deux fois la sepmaine, tenir la salle du bal, car j’ay ouy dire au Roy vostre grand-père qu’il falloit deux choses pour vivre en repos avec les François et qu’ils aimassent leur Roy : les tenir joyeux, et occuper à quelque exercice ; pour cest effet, souvent il falloit combattre à cheval et à pied, courre la lance ; et le Roy vostre père aussi, avec des autres exercices honnestes èsquels il s’employoit et les faisoit employer ; car les François ont tant accoustumé, s’il n’est guerre, de s’exercer, que qui ne leur fait faire, ils s’emploient à autres choses plus dangereuses. Et pour cest effet, au temps passé, les garnisons de gens d’armes étoient par les provinces, où toute la noblesse d’allentour s’exerçoit à courre la bague, ou tout autre exercice honneste ; et outre que ils servoient pour la seureté du pays, ils contenoient leurs esprits de pis faire.

Or, pour retourner à la police de la court, du temps du Roy vostre grand-père, il n’y eust eu homme si hardy, d’oser dire dans sa court injure à ung autre, car s’il eut esté ouy, il eut été mené au prévost de l’Hostel. Les cappitaines des gardes se promenoient ordinairement par les salles et dans la court ; quand l’après-disné le Roy estoit retiré en sa chambre, chez la Reyne, ou chez les dames, les archers se tenoient ordinairement aux salles parmy les degrez, et dans la court, pour empescher que les pages et lacquais ne jouassent et tinssent les brelans qu’ils tiennent ordinairement dans le chasteau où vous estes logé, avec blasfèmes et jurements, chose exécrable ; et devez renouveller les anciennes ordonnances, et les vostres mesmes, en faisant faire punition bien exemplaire, afin que chacun s’en abstienne. Aussi les Suisses se promenoient ordinairement à la court et le prévost de l’Hostel, avec ses archiers, dans la basse-court, et parmy les cabaretz et lieux publicqs pour veoir ce que il se fait et empescher les choses mauvaises, et pour punir ceulx qui avoient délinqué ; et sa personne et ses archiers, sans hallebarde, entroient dans la court du chasteau, pour veoir s’il y avoit rien à faire, et lui montoit en hault pour se monstrer au Roy, et sçavoir s’il lui veult rien commander : aussi les portiers ne laissoient entrer personne dans la court du chasteau, si ce n’estoient les enfans du Roy, et les frères et sœurs, en coche, à cheval et littière ; les princes et princesses descendoient dessoubz la porte ; les autres, hors la porte. Tous les soirs, depuis que la nuit venoit, le Grand Maître avoit commandé au maistre d’Hostel de faire allumer des flambeaux par toutes les salles et passages, et aux quatre coins de la court et degrez, des fallotz ; et jamais la porte du chasteau n’estoit ouverte que le Roy ne fust éveillé. et n’y entroit ny sortoit personne, quel qu’il fust ; comme aussi, au soir, dès que le Roy estoit couché, on fermoit les portes, et mettoit-on les clefz soubz le chevet de son lit ; et au matin, quand on alloit couvrir pour son disner et soupper, le gentilhomme qui tranchoit devant lui alloit quérir le couvert, et portoit en sa main la nef et les cousteaux desquelz il devoit trancher : devant luy, l’huissier de salle, et après, les officiers pour couvrir ; comme aussi, quand l’on alloit à la viande, le maistre d’Hostel y alloit en personne et le panetier, et après eulx, c’estoient enfans d’honneur et pages, sans valletailles, ny autres que l’escuyer de cuisine ; et cela estoit plus seur et plus honorable. Aussi l’après-disner et l’après-soupper, quand le Roy demandoit sa collation, ung gentilhomme servant qui portoit en la main la couppe, et après lui venoient les officiers de la panneterie et eschansonnerie. Aussi en la chambre n’entroit jamais personne quand on faisoit son lict ; et si le grand chambellan ou premier gentilhomme de la chambre n’estoient à le veoir faire, y assistoit ung des principaux gentilhommes de ladicte chambre ; et au soir, le Roy se désabilloit en la présence de ceulx qui, au matin, entroient, qu’on portoit les habillemens.

Je vous ay bien voulu mectre tout cecy de la façon que je l’ay vu tenir aux Roys vostre père et grand-père, pour les avoir veux tans aimez et honorez de leur subjectz, et en estoient si contens, que pour le désir que j’ai de vous veoir de mesmes, j’ay pensé que je ne pouvois donner meileur conseil que de vous régler comme eulx.

Monsieur mon fils, après vous avoir parlé de la police de la court, et de ce qu’il fault faire pour rétablir tous ordres en vostre royaume, il me semble qu’une des choses la plus nécessaire pour vous faire aimer de vos subectz, c’est qu’ils congnoissent qu’en toutes choses avez soin d’eulx, aultant de ceulx qui sont près de vostre personne que de ceulx qui en sont loing. Je dis cecy, parce que vous avez veu comme les malins avec leurs meschancetez ont faict entendre partout que ne vous soucyez de leur conservation, aussi que n’aviez agréable de les veoir ; et cela est proceddé des mauvais offices et menteries dont ce sont aidez ceulx qui, pour vous faire haïr, ont pensé s’establir et s’accroistre ; et que pour la multitude des affaires, et négligence de ceulx à qui faisiez les commandemens, bien souvent les dépesches nécessaires, au lieu d’être bientost et diligemment respondues, ne l’ont pas esté, mais au contraire ont demouré quelqueffois ung mois ou six sepmaines, tant que ceulx qui estoient envoiez de ceulx qui estoient enchargez des provinces par vous, ne pouvant obtenir response aucune, s’en sont sans icelles retournez ; qui estoit cause que voiant telle négligence, ils pensoient estre vrai ce que ces malins disoient ; qui me fait vous supplier que doresnavant vous n’obmettiez ung seul jour, prenant l’heure à vostre commodité, que ne voiez toutes les dépesches de quelque part qu’elles viennent, et que preniez la peine d’ouïr ceulx qui vous sont envoyez ; et si ce sont choses de quoy le Conseil vous puisse soulager, les y envoier, et faire ung commandement au chancelier pour jamais que toutes les choses qui concernent les affaires de vostre Estat, qu’avant que les maistres des requestes entrent au Conseil, qu’il aie à donner une heure pour les dépescher, et après faire entrer les maistres des requêtes, et suivre le Conseil pour les parties. C’est la forme que durant les règnes des Roys Messeigneurs vostre père et grand-père tenoit monsieur le connestable, et ceulx qui assistoient audict Conseil ; et les autres choses qui ne deppendent que de vostre volonté, après, comme dessus est dict, les avoir bien entendues, commander les dépesches et responces, selon vostre volonté, aux secrétaires ; et le lendemain, avant que rien veoir de nouveau, vous les faire lire, et commander qu’ilz soient envoiés sans délay ; et en ce faisant, n’en viendra point d’inconvénient à voz affaires, et voz subjetz congnoistront le soing que vous avez d’eulx, et que vous volez estre bien et promptement servy ; cela les fera plus dilligens et soigneux, et congnoistront davantage combien voulez conserver vostre Estat, et le soing que prenez de voz affaires ; et quand il viendra, soit de ceulx qui ont charge de vous ou d’autres, des provinces pour vous veoir, prendre la peine de parler à eulx, leur demander de leurs charges et, s’ilz n’en ont point, du lieu d’où ils viennent : qu’ils congnoissent que vous voulez sçavoir ce qui se faict parmy vostre royaume et leur faire bonne chère, et non pas parler une fois à eulx, mais quand les trouverez en vostre chambre ou ailleurs, leur dire toujours quelque mot.

C’est comme j’ai veu faire aux Roys vostre père et grand-père, jusques à leur demander, quand ilz ne savoient de quoy les entretenir, de leur mesnage, affin de parler à eulx, et leur faire congnoistre qu’il avoit bien agréable de les veoir ; et en ce faisant, les menteuses inventions qu’on a trouvées pour vous desguiser à voz subjectz seront congneues de tous et en serez d’eulx aimé et honoré, car retournans à leur pays, feront entendre la vérité, si bien que ceulx qui vous ont cuidé nuire seront congneus pour meschans, comme ils sont. Aussi je vous diray que du temps du Roy Louy douziesme vostre aieul, qu’il avoit une façon que je désirerois infiniement que vous voulussiez prendre, pour vous oster toutes importunitez et presses de la court, et pour faire congnoistre à tous qu’il n’y a que vous qui donne les biens et honneurs, vous en serez mieux servy avec plus de fidellité : c’est qu’il avoit ordinairement en la poche le nom de tous ceulx qui avoient charge de luy, fusse près ou loing, grands ou petitz, comme de toutes qualitez, comme aussi il avoit ung autre roolle, où étoient escris tous les offices et bénéfices et autres choses qu’il pouvoit donner, et avoit fait commandement à ung ou deux des principaux officiers en chaque province, que quelque chose qui vaccast ou advint de confiscations, aubènes, amendes et choses pareilles, que nul ne fust adverty, que premièrement ceulx à qui il en avoit donné la charge ne l’en advertissent par lettre expresse, qui ne tombasse ès mains des secrétaires, ny autres que de luy-mesme ; et lors il prenoit son roolle, et regardoit selon la valleur qu’il voioit par iceluy ou qu’on luy mandoit, et, selon le roolle de ceulx qu’il avoit dans sa poche, il donnoit à celuy qui bon lui sembloit, et luy en faisoit faire la dépesche luy-mesme, et sans qu’il en sceust rien il renvoioit à celuy à qui il le donnoit ; et si, de fortune, quelqu’un, en estant adverty après, le luy venoit demander, il le refusoit ; car jamais à ceulx qui demandoient il ne donnoit, affin de leur oster la façon de l’importuner ; et ceulx qui le servoient sans laisser leurs charges, sans le venir presser à la court, et despendre plus que ne vault le don bien souvent, il les récompensoit des services qu’ilz lui faisoient.

Aussi étoit-il le Roy le mieux servy, à ce que j’ay oui dire, qu’il fut jamais, car ils ne recongnoisoient rien que luy, et ne faisoit-on la court à personne, estant le plus aimé qui fut jamais, et prie à Dieu qu’en faciez de mesme ; car tant qu’en ferez autrement aux placets ou autres inventions, croiez que l’on ne tiendra pas le don de vous seul, car j’en oy parler où je suis. Je ne veux pas oublier à vous dire une chose que faisoit le Roy vostre grand-père, qui lui conservoit toutes ses provinces à sa dévotion, c’estoit qu’il avoit le nom de tous ceulx qui estoient de maison dans les provinces, et autres qui avoient autorité parmy les nobles, et du clergé, des villes et du peuple ; et, pour les contenter et qu’ils tinsent la main à ce que tout fust à sa dévotion, et pour estre adverty de tout ce qui se remuoit dedans lesdictes provinces, soit en général ou en particulier, parmy les maisons privées ou villes, ou parmy le clergé, il mectoit peine d’en contenter parmy toutes les provinces une douzaine, ou plus ou moings, de ceulx qui ont plus de moien dans le pays, ainsi que j’ai dict cy-dessus : aulx ungs, il donnoit des compagnies de gens d’armes ; aux autres, quand il vacquoit quelque bénéfice dans le mesme pays, il leur en donnoit, comme aussi des cappitaineries des places de la province, et des offices de judicature, à chacun selon sa qualité ; car il en vouloit de chaque sorte qui lui fussent obligez pour sçavoir comme toutes choses y passoient. Cela les contentoit de telle façon qu’il ne s’y remuoit rien, fust au clergé ou au reste de la province, tant de la noblesse que des villes et du peuple, qu’il ne le sceust ; et, en estant adverty, il y remédioit, selon que son service le portoit, et de si bonne heure qu’il empeschoit qu’il n’advint jamais rien contre son autorité ny obéissance qu’on lui debvoit porter ; et pense que c’est le meilleure remède dont vous pourrez user pour vous faire aisément et promptement bien obéir, et oster et rompre toutes autres ligues, accoinctances et menées, et remectre toutes choses soubz votre seulle puissance. J’ay oublié ung autre poinct, qui est bien nécessaire que mectiez peine, et cela se fera aisément, si le trouvez bon, c’est qu’en toutes les principalles villes de vostre royaume vous y gagniez trois ou quatre des principaulx bourgeois, et qui ont le plus de pouvoir en la ville, et autant des principaulx marchans qui aient bon crédit parmy leurs contitoiens, et que, soubz main, sans que le reste s’en aperçoive ny puisse dire que vous rompiez leurs privillèges, les favorisant tellement par bienfaits ou autres moiens, que les aiez si bien gaignez qu’il ne se fasse ni die rien au corps de ville, ny par les maisons particulières que n’en soiez adverty ; et que, quand ilz viendront à faire leurs eslections pour leurs magistratz particuliers selon leurs privillèges, que ceulx-ci, par leurs amis et praticques, facent tousjours faire ceulx qui seront à vous du tout : qui sera cause que jamais ville n’aura autre volonté que la vostre et n’aurez poinct de peine à vous y faire obéir ; car, en ung mot, vous le serez toujours en ce faisant.

(De sa main.) Monsieur mon filz, vous en prendrez la francise, de quoy je le vous envoye, et le bon chemin, et ne trouverez mauvais que l’aye faict escrire à Montagne[7] : car c’est afin que le puissiez mieulx lire ; c’est comment voz prédécesseurs faisoient.

  1. La copie de ce fonds est la plus ancienne de toutes ; elle est d’une écriture du xvie siècle et porte en tête : « Copie d’une lettre escrite par la feue Royne mère au feu Roy Charles peu après son advènement à la couronne. »
  2. La copie du fonds Dupuy porte également : « Avis donnés par la Reine mère peu après la majorité de Charles IX. »
  3. M. Grun, dans un livre estimé, La vie publique de Montaigne, a soutenu cette opinion (chapitre VI) que les avis donnés par Catherine à son fils et que nous imprimons après tant d’autres, étaient destinés par elle à Henri III et non à Charles IX. À l’appui de cette assertion, il prétend qu’il n’a pas trouvé la preuve du séjour de la cour à Gaillon en 1563. De nombreux documents attestent le contraire : la cour arriva à Gaillon le 5 juillet (Calendar of state papers, 1563, p. 444) ; une lettre de Catherine est datée de Gaillon, le 8 juillet ; Charles IX y tint le même jour une séance de son conseil privé (Bibl. nat. fonds français, no 15878, p. 71). Les lettres patentes de déclaration de la guerre aux Anglais, imprimées à Rouen chez Le Mégissier, sont datées de Gaillon, 1563. La lettre précédente est datée de Gaillon, le 7 septembre ; c’est durant ce dernier séjour que Catherine a dû dicter ses conseils à Charles IX, qui venait d’être déclaré majeur, pour lui tracer la règle d’une vie royale.
  4. Pour soutenir sa thèse M. Grun cite cette phrase : Les desordres qui ont esté jusques icy par la minorité de vostre frère, phrase qui, selon lui, ne peut s’appliquer à un roi majeur. Cet argument n’a rien de concluant, car tous les auteurs du temps, eu égard à la jeunesse de François II, le traitaient de mineur. Le plus autorisé, La Pepelinière, le dit en propres termes : « Les malcontens debatoient l’administration du royaume illégitime, veu que le Roi estoit mineur. » (Hist. de France, 1581, livre VI, p. 153 vo).
  5. Catherine fait évidemment allusion à la paix d’Amboise.
  6. Charles IX n’était pas marié à cette époque : il n’avait pas quatorze ans accomplis ; mais déjà Catherine pensait à le marier et déjà le cardinal de Lorraine avait demandé pour lui l’une des filles du roi des Romains. Une lettre à M. de Rennes qui suit (14 septembre) en fait mention.
  7. M. Grun n’a pas eu de peine à prouver que ce n’est point Michel Montaigne, l’illustre auteur des Essais, auquel Catherine a dicté ces conseils à son fils ; il s’agit ici en effet, non de Michel, mais de François Montaigne qui était secrétaire de Catherine, et qui est qualifié en divers titres datés de 1572 de secrétaire ordinaire de la chambre du Roi et de la Reine mère. M. Lucas Montigny possédait dans sa collection une lettre de 1574 où sa signature est au-dessous de celle de Catherine de Médicis et un acte notarié postérieur de six ans. Enfin dans un epièce signée de sa propre main, Catherine le désigne sous ce titre : François Montaigne nostre secretaire, et dans une annotation autographe, elle recommande que Montagne signe l’acte en question (Docteur Payen, Recherches sur Montaigne, no 4, Paris, Techener, 1856.)