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Lettres à Sophie Volland/87

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Lettres à Sophie Volland
Lettres à Sophie Volland, Texte établi par J. Assézat et M. TourneuxGarnierXIX (p. 150).


LXXXVI


À Paris, le 20 mai 1765.


Demain, bonne et tendre amie, entre huit et neuf heures, vous aurez un carrosse à votre porte, dont vous, madame votre mère et Mme Le Gendre, pourrez disposer toute la matinée. J’espère que Mme Le Gendre ne me refusera pas à dîner. Après dîner, qu’il fasse beau ou laid, nous irons nous promener à Saint-Cloud, où je vous quitterai pour un quart d’heure. À ce moment-là près, que je regretterai encore, j’aurai le plaisir de passer toute la journée avec celle que j’aime, ce qui n’est pas surprenant, car qui ne l’aimerait pas ? mais que j’aime, après huit ou neuf ans, avec la même passion qu’elle m’inspira le premier jour que je la vis. Nous étions seuls ce jour-là, tous deux appuyés sur la petite table verte. Je me souviens de ce que je vous disais, de ce que vous me répondîtes. Oh ! l’heureux temps que celui de cette table verte ! Bonsoir, bonne amie, mille amitiés et autant de respects.