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Lettres à la princesse/Lettre017

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Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 25-26).

XVII


Ce 27 novembre.
Princesse,

Il n’est que trop exact (je l’apprends à l’instant), que les Cornu ne s’arrêtent pas en si beau chemin : ils font circuler dans les ateliers une pétition contre le directeur des musées. Il ne faut jamais se fier à la vérité et au droit. Le mieux ne serait-il pas de prendre les devants ? Tout le mal vient de l’incroyable apathie et du silence de là-haut. Hier encore, une note que j’avais remise au Constitutionnel n’a pu passer, parce que, dit-on, « l’empereur ne s’est pas encore prononcé sur cette question. » — L’opinion peut être encore une fois retournée par cette nouvelle levée de boucliers qu’ils organisent à la frontière et ici au cœur des ateliers : il y a mot d’ordre, et tous s’entendent comme larrons en foire. Les timides suivent, et c’est le grand nombre.

Que faire ? mettre le pied sur la mèche, — et faire que le sphinx parle enfin ; car, en toute chose, ce silence donne beau jeu aux intrigants.

Excusez-moi, Princesse, et daignez agréer l’expression de mon respectueux attachement.