Aller au contenu

Lettres à la princesse/Lettre040

La bibliothèque libre.
Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 51-52).

XL


Ce 2 avril.

Princesse, Princesse, permettez-moi un petit mot d’explication, de rectification, que j’ai été un peu bête de ne pas donner de vive voix. Jamais je n’ai voulu dire qu’il me fût désagréable qu’on me parlât, — surtout vous, Princesse, — de ce qui fait mon occupation habituelle et mon sujet de métier de chaque semaine. Je ne suis pas à ce point violette ni sensitive, et je ne me permettrais pas, dussé-je en être quelquefois un peu embarrassé, de couper court ainsi à une veine toute naturelle de conversation. C’était, en ayant l’honneur de vous envoyer d’anciens volumes, réimprimés depuis peu, de Poésies où il y a toutes sortes de choses, confidences, effusions, lamentations, cris du cœur — du cœur d’autrefois, — que je me risquais à vous prier, en voulant bien les recevoir, de ne m’en point parler. C’était de ces anciennes Poésies intimes seulement qu’il s’agissait dans ma pensée. La prose est plus robuste et supporte la discussion, la poignée de main et même un léger coup de poing. Voilà mes principes en telle matière. — Soyez assez bonne pour m’excuser de ne vous avoir dit de vive voix, depuis l’autre mercredi, ce que je vous explique ici. Je ne savais comment débrouiller le quiproquo dont j’étais cause.

Ne me répondez pas, Princesse ; et sachez bien que tout de votre part sera pris par moi comme marque de bonté et d’indulgence ; vous m’avez appris à y compter, et vous daignez compter aussi sur mon respectueux et bien reconnaissant attachement.