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Lettres à la princesse/Lettre045

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Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 57-58).

XLV


Ce jeudi.
Princesse,

Me permettez-vous un petit supplément de conversation ? Il est bien exact, n’est-ce pas ? qu’un soir, chez l’impératrice, Horace Vernet s’amusa à faire avec de la cire un casque, et que l’empereur trouvant le modèle à son gré, le fit adopter pour une partie de la cavalerie ? — Il me semble bien avoir retenu exactement le récit que vous avez bien voulu me faire[1].

M. Giraud m’a, hier, emmené pour me montrer la Préface dans sa dernière forme : aucune indication, rien qui puisse désigner la personne à laquelle il adresse sa dissertation critique ; une dernière phrase seulement, dans laquelle il revient sur l’éloge, pourrait donner à penser et piquer le lecteur de l’envie de deviner : mais il m’a semblé, encore une fois, qu’il n’y avait nul inconvénient possible. Vous pourriez, Princesse, si vous aviez doute, lui demander de vous envoyer les pages mêmes ; je ne crois pourtant pas la chose nécessaire.

J’ai repensé à l’idée Magny ; elle est charmante. Et pourtant… Il y a un de nos amis qui manquait hier au dîner et qui aura là-dessus un avis juste, ce me semble.

Daignez agréer, Princesse, l’expression de mon respectueux attachement.


  1. M. Sainte-Beuve travaillait en ce moment-là à ses articles sur Horace Vernet (Nouveaux Lundis, tome V), et l’on a là, dans ce supplément de conversation qu’il demande, une marque de ce besoin d’exactitude qui le poursuivait partout et le préoccupait sans cesse.