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Lettres à la princesse/Lettre056

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Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 72-73).
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LVI


Ce lundi, 8.
Princesse,

Je reçois cet aimable mot. Mercredi, en effet, me semble long à venir, et je m’imagine avoir quantité de choses à dire. — En voici une, qui n’est qu’une nouvelle de mon quartier. Savez-vous que, jeudi dernier, à ce qu’on appelle le bal Bullier ou la Closerie des Lilas, le rendez-vous des étudiants, se trouvaient… qui ?… M. de C… et Mme de P… ; vous voyez bien qui. Ils avaient dîné chez Magny ; au sortir de là, ils allèrent à ce bal. C… y est connu des étudiants ; elle fut reconnue elle-même, et c’est aujourd’hui la fable du quartier latin : les étudiants et étudiantes s’abordent depuis trois jours en se disant : « Étiez-vous jeudi à Bullier ? Y avez-vous vu C… et Mme de P… ? » Je vous assure que c’est d’un effet prodigieux, et que ce monde-là trouve que c’est incroyable, car on y a son genre de goût et de bon sens. On y est un peu fou, mais pas de cette folie-là.

J’ai aujourd’hui une queue d’article Vernet, qui sera la vraie fin. J’ai eu de la peine à passer, sans trop donner de coups de coude, entre le beau-père et le gendre ; mais j’ai tenu à y passer afin de marquer un côté sérieux d’Horace.

M. et Mme Lebrun seront bien heureux : ce sont d’aimables gens, je n’en connais pas de plus fidèles en amitié, et M. Lebrun et su garder du caractère sous sa politesse.

J’ai lu l’article de D… ; il est assez piquant en effet. D… n’est pas de nos amis politiques, mais c’est un honnête esprit ; il est fort instruit et, ce me semble, assez tolérant. Il est peut-être du petit nombre, de ce bord, qui mériteraient un appel bienveillant et qui auraient le bon goût d’y répondre. Il a été longtemps en exil à Bruxelles et y a vécu en faisant des cours. Il me paraît gentil et non sauvage.

Je me prends à bavarder et j’aime encore mieux dire à bientôt, à après-demain.

Je vous prie d’agréer, Princesse, l’expression de mon respectueux attachement.