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Lettres à la princesse/Lettre077

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Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 100-101).

LXXVII


Ce 5 juin, dimanche.
Princesse,

Je reçois avec reconnaissance votre bonne lettre. Je, compte bien aller mercredi à mon ordinaire, et par Enghien ; je ne suis pas très-sûr de l’heure et du train par lequel je partirai. Vraiment il y a tant de facilité à arriver à Saint-Gratien, que je ne voudrais pas que la voiture fît pour moi double course. Je tâcherai d’arriver vers six heures.

Il y aurait bien à dire sur toute cette affaire de Renan, si mal emmanchée dès l’origine : elle va prêter à mille discours en sens inverse. Cette translation ne devait-elle pas, avant d’être annoncée au Moniteur comme faite, être concertée et convenue avec lui ? Vous voyez les Débats de ce matin. Le ministre, dès le premier jour qu’il a pris possession du portefeuille, a posé en principe qu’un professeur ne pouvait être destitué sans procès. Il s’est lié les mains et ne peut révoquer Renan. Celui-ci va donc rester éternellement titulaire d’une chaire idéale et en l’air !

Je suis occupé, comme un forçat, autour de notre aimable Taine[1]. — Je vous envoie, Princesse, l’expression de mon respectueux et reconnaissant attachement ; la maison a gardé de votre passage un redoublement de souvenir et comme un doux parfum.

  1. Nous suivons dans ces Lettres la marche des Nouveaux Lundis. — Voir au tome VIII les articles sur M. Taine.