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Lettres à la princesse/Lettre164

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Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 225-226).

CLXIV


Ce 8 juin, vendredi.
Princesse,

J’ai lu avec bien de l’intérêt ce second portrait : il est très-fin, très-bien observé, et il me semble qu’il est juste enfin de rendre les armes à qui sait si bien nous apprécier. Je vous le reporterai samedi soir, je l’espère, et je vous demande la permission d’en prendre copie. Un jour, avec votre permission tacite, nous pourrons publier tout cela : je cherche le moment et le lieu le plus convenable. Mon dernier volume des Lundis, où j’espérais d’abord mettre ce portrait non encore recueilli, ne m’a point paru à propos, en définitive, — à cause d’une Madame d’Albany[1] qui aurait immédiatement précédé et qui n’avait qu’une royauté un peu postiche. J’attends en un mot et je guette le cadre le plus convenable à une telle figure, et je ne veux aucun voisinage qui ne soit en accord ou qui jure.

Je reçois, Princesse, une lettre de Mme Sand ; elle me demande un service ministériel ; elle demande souvent parce qu’elle est bonne ; elle me le demande cette fois directement, sans doute parce qu’elle a déjà beaucoup employé Votre Altesse : mais, comme un bienfait n’est jamais fini, je ne crains pas de mettre sous vos yeux cette lettre. Elle est d’ailleurs charmante, naturelle, et ressemble à sa conversation de nos fins de soirée.

Je suis à vous, Princesse, avec le plus respectueux et le plus tendre attachement.

  1. Articles sur la Comtesse d’Albany, par M. Saint-René Taillandier, Nouveaux Lundis, tome V.