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Lettres à la princesse/Lettre250

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Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 347-349).

CCL

Ce 20 juin 1868.
Princesse,

Elle est charmante, cette photographie, la physionomie animée, la lèvre parlante, la nuance de la dentelle qui couvre l’épaule est comme de la peinture : il faudrait être Gautier pour rendre cela comme il faut ; la chère image est déjà dans son petit cadre sur ma cheminée.

Je joins ici copie de la lettre écrite à la dame[1] ; la copie est exacte ; il y avait sur l’original un post-scriptum encore, relativement à la personne qui lui avait pu dire que le monsieur disait du mal de ceux qui lui faisaient du bien ; mais la lettre peut s’en passer. À cause de ses très-bonnes et très-aimables sœurs, soyez indulgente, Princesse. M. Giraud est venu hier m’en parler : il la connaît à fond, et nous sommes tombés d’accord.

La réponse de l’empereur à Duruy a été bienveillante, pas décisive. Je crains que ce ne soit toujours la même histoire.

Les chers Goncourt sont venus me dire adieu. Ils m’ont dit un mot de la discussion du dîner : votre lettre, Princesse, me l’explique mieux. Ce n’est pas le talent en effet qui manque aujourd’hui. Que d’essais ! que de tentatives et de fragments ! mais la dispersion est aussi complète que possible, et chacun ne se contente pas de vouloir être soi et original, ce qui serait bien, mais on ne tient nul compte du voisin ; on l’ignore tant qu’on peut. Rien ne se combine.

… J’ai vu le tendre Eudore, très-heureux.

Je voudrais en vain continuer, Princesse, l’encre s’y oppose, ma plume se refuse ; je reprendrai quand l’écritoire sera moins boueuse. En vain mes sentiments coulent de source, la chaleur boit tout ce qui voudrait sortir.

Daignez agréer, Princesse, l’hommage de mon tendre et inviolable attachement.


  1. On vient de la lire, à la suite de l’extrait auquel elle servait de réponse.