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Lettres d’Augusta Holmès à Camille Saint-Saëns/Lettre du 9 Juin 1895

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9 Juin 1895
Mon cher ami,

Combien j’ai eu de joie à apprendre par notre belle interprète, Madame Héglon, que vous approuviez et que vous aimiez ma « Montagne Noire », pour laquelle on m’a attachée au poteau, et criblée de flèches et de boue, comme pour l’Ode Triomphale.

Mais à ce poteau, j’ai continué de sourire et de chanter, ainsi que convient de faire les gens de notre sorte, en face des manants et des escarres dont le grand chemin de l’art est infesté.

Votre suffrage, à vous, le Maître impeccable, efface tout outrage et toute injustice. Merci !

Je vais vous envoyer la partition.

Je voudrais bien vous voir, mais je viens d’être très malade d’une terrible crise hépatique, et voilà 19 jours que je suis clouée chez moi, très faible encore, n’ayant rien pris que du lait. Si vous pouviez venir, vous, demain ou après-demain, vers 1 h ½ ? C’est cela qui serait gentil ! Vous me feriez un bien immense.

Au revoir, mon cher camarade, mon très illustre ami, je vous embrasse fraternellement.

Augusta Holmès


40, Rue Juliette Lamber