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Louÿs – Poésies/Chrysis 1

La bibliothèque libre.
Slatkine reprints (p. 115-118).

CHRYSIS



CHRYSIS


Quelle palleur dépourpre ce sein beau
Qui per à per combat avec l’aurore ?

      ronsard


                         I

De l’or crespé couleur coucou
Voit-on que la mer s’exténue
Pour ce frisson d’albe ombre nue
Pantelante et qui se découd ?

Surent jamais les dents jusqu’où
L’experte flamme s’insinue ?
Les ongles d’or l’ont-ils connue
La paix des bras autour du cou ?

Et toutefois sur les pensées
Ô les aurores détressées
En somptueux vols de parfums

La morsure à vierge victoire
Et sous l’ongle jaculatoire
L’éveil de tous les cœurs défunts


                        II

Le soir de soie issu des seins
Palpite un peu de pâle peine
Plainte en pleur dans la palme est pleine
Du deuil des doigts aux durs desseins.

Et l’âme en mal d’amour immole
Un lot de lys lents en lambeaux
Au bout des bras ballants et beaux
Où la mort des mains est moins molle.

Fol effort de feinte en effet !
Nulle nuit de nul nard ne fait
Que la crème en croisse crevée

Et rien n’aura leurré l’erreur
Si le tiers n’étreint ta terreur
Voile vain de valve avivée.