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Mes vacances au Congo/Chapitre XVI

La bibliothèque libre.
P. Piette (p. 133-144).


XVI.

Le steamer belge, trait d’union entre la colonie et la métropole. — Controverses coloniales — Un chasseur d’ivoire. — Sur la côte de la Guinée. — Les escales. — L’Escaut et le Congo. — Conclusions.


11 novembre 1922.
En vue de Terneuzen.


Au coup de cloche, l’« Albertville » s’est détaché du quai de Boma. Bien vite il accélère son allure. Et déjà, sur le " beach " dont les proportions se réduisent à vue d’œil, les groupes des coloniaux qui sont venus saluer de leurs adieux le départ du " mail " belge, ne forment plus qu’une seule tache blanche où se devine encore, dominant toutes les autres, la haute stature de M. Maurice Lippens.

Deux heures plus tard, un court arrêt à Banane. Puis les rives s’effacent tout à fait et voici le plein océan. Mais nous y vogons longtemps encore dans le chenal formé par la masse limoneuse des eaux fluviales, la proue pointée vers le soleil qui décline et qui ne tardera pas à plonger brusquement dans les flots, comme un énorme ballon de feu qui tomberait à la mer.

« Partir, c’est mourir un peu » a chanté Haraucourt. À quitter ainsi cette terre congolaise qui nous est déjà devenue presque familière, une nuance de regret se mêle, quoi qu’on en ait, aux souriantes perspectives du retour au foyer. Le souvenir de tout ce qui fut incommode ou difficile s’estompe rapidement. Et la mémoire évoque avec complaisance tant d’incomparables visions définitivement quittées. Certaines impressions se précisent et se classent sur un nouveau plan. Nous comprenons mieux encore ces énergies humaines que nous avons vues aux prises avec cette nature généreuse où rien n’est étriqué ni mesquin. Reverrons-nous jamais ces larges horizons de brousse roussâtre, ces immenses savanes avec leurs aspects de vergers abandonnés, ces forêts ténébreuses, aux parfums et aux bruits mystérieux, où la vie se compose, se décompose et se recompose si vite, ces nuits claires sous la voûte infinie toute criblée de clous d’or, toutes ces races primitives aux mœurs curieuses et aux mentalités d’enfants et surtout cette vie libre et large, où l’individu n’est pas entravé à chaque pas par les contraintes des civilisations raffinées ? Je m’explique qu’on en éprouve promptement l’obsession. Je comprends les vieux coloniaux qui, après avoir maudit l’Afrique lorsqu’ils y étaient, ne l’ont pas plutôt laissée derrière eux qu’ils rêvent d’y retourner. Tels les fameux vétérans de Raffet qui « grognaient, mais marchaient toujours ». Après avoir juré de ne plus s’exposer au risque et à l’aventure, combien en est-il, parmi nos Congolais rentrés au pays natal, qui — après quelques semaines dépensées vainement à essayer de reprendre place dans notre vie bourgeoise tirée au cordeau, — s’en vont rôder aux environs de la rue Brederode en ruminant les tentations d’un nouveau terme ?

On dit que jusqu’à trente kilomètres des côtes, le grand fleuve qui ne veut pas se laisser oublier, prolonge en mer le courant des 80,000 mètres cubes d’eau qu’il déverse à chaque seconde dans l’Océan. Mais ce courant va plus loin encore qu’on ne le croit, et beaucoup de ceux qu’il a portés en subissent encore toute leur vie la force nostalgique…

* * *

Ces paquebots bi-mensuels de notre compagnie maritime sont d’ailleurs d’excellents traits d’union entre la colonie et la métropole. On y est à la fois en Belgique et au Congo. L’ambiance y est bien de chez nous : matelots et stewards y cultivent les savoureux accents de Flandre ou de Wallonie. La bonhomie et la preudhomie, qui sont parmi nos vertus nationales, y dégagent ce parfum de cordialité et de franchise qui valent tous les snobismes du monde. Le confort n’y a rien de guindé ou d’artificiel. Leur table et leur cave éveillent la juste admiration des étrangers, moins exigeants que les Belges ès-choses gastronomiques.

En même temps, on y baigne dans le prolongement continu des problèmes coloniaux. Ces vingt jours de traversée réunissent, en une utile rencontre, des fonctionnaires, des magistrats, de nombreux agents des sociétés industrielles et des compagnies commerciales, des missionnaires, des officiers, des planteurs, voire de simples touristes. Voici, en marge de ce groupe principal, quelques Anglais venus de l’Est ou de l’Uganda. Voici des médecins militaires français retour du Darfour. Aux hommes de l’équipage se mêlent des nègres de types divers. Et il n’est pas jusqu’aux singes et aux perroquets, emportés par les passagers, qui n’apportent à bord leur note africaine.

Les ponts des paquebots sont, on le sait, les derniers salons où l’on cause.

Le thermomètre oscille entre « vers à soie » et « serres chaudes ». La mer est de plomb, comme accablée. N’importe. Les grandes toiles tendues servent de parasol. Dans les conversations un peu nonchalantes d’abord, les langues et les sentiments ont bientôt fait de se délier. Les propos des vieux coloniaux révèlent, en général, des appréciations et des opinions pratiques, mûries par l’expérience des réalités plutôt que par le goût des théories.

Ils s’accordent volontiers à dauber l’administration et l’esprit constipé des bureaux. Sur le ton plaisant ou sévère, ils critiquent surtout l’élévation des prix de transport, la complication des formalités requises pour l’obtention d’une concession ou d’un titre de propriété. Chacun a sa petite histoire : Un médecin qui s’est établi comme colon s’est vu refuser le matériel et les remèdes pour traiter les indigènes d’un poste important parce qu’il n’accepte pas de donner ses soins — contre argent comptant — à toute la population de la région circonvoisine. Un botaniste, — et quel botaniste ! le fameux Frère Gillet, — sollicite en vain depuis plusieurs années l’autorisation d’utiliser un alambic pour ses expériences d’essences à parfums. Les bureaux lui opposent qu’un particulier n’a pas le droit de distiller. « La fôôrme » disait Bridoison. Quant à la magistrature, on lui reproche de vivre dans les textes. Dois-je ajouter que les interpellés se défendent, tout comme en un parlement. Grandes controverses entre les partisans de l’assimilation progressive des indigènes et ceux qui tiennent pour la nouvelle thèse à la mode : l’évolution du noir dans les cadres de sa vie traditionnelle et de son droit coutumier. Dans quelle mesure convient-il de développer les droits politiques des petits chefs locaux, dont l’autorité est souvent problématique ? L’administration, très férue de ce système, vient d’adopter, à leur intention, un nouvel uniforme dont plus d’un écuyer de cirque sera jaloux : tunique jaune à brandebourgs et parements rouges. Un fanion y ajoutera son prestige. Ce commerçant raille la « circularomanie » à jet continu. Ce fonctionnaire fin-de-terme se plaint en revanche que les services rendus par l’administration ne soient point reconnus à leur valeur et n’assurent pas aux agents de l’État une vieillesse honorable.

Décidément, nous sommes bien en Belgique, puisqu’il est avéré depuis longtemps que « le Belge est un homme qui se plaint ». Mais quoi ! Le progrès ne veut-il pas toujours une certaine dose de mécontentement ?

* * *

Tandis que s’égrènent les doléances, — coupées souvent de souvenirs et d’anecdotes pittoresques, — le navire file ses 320 milles par jour vers le Nord. Il ne s’éloigne guère de la côte, où s’échelonnent des colonies pauvres ou un peu somnolentes auxquelles les grandes lignes de navigation mesurent avarement l’aumône d’une escale. Plusieurs sont moins des colonies véritables que des comptoirs achalandés ou délaissés suivant les à-coups de la politique ou du commerce. Excellente leçon d’histoire et de géographie qu’un tel voyage au large de l’ex-Cameroun, du Rio de Oro, de la Nigérie, du Lagos, du Dahomey, du Togo, de la Côte d’Or, du Pays des Ashantis.

Nous abordons la Côte d’Ivoire. C’est un rivage de sable, tout plat, derrière lequel l’œil découvre, en perspective lointaine, des lagunes marécageuses. Le port de Grand-Bassam s’y annonce par une rangée de bâtiments et de baraquements, — au type d’entrepôts ou de casernes. Un phare d’un côté. Une installation de T. S. F. de l’autre. Au milieu, un « wharf » en construction. Pour animer le tout, un petit train dont on voit courir la fumée, et — dans la rade, — quatre ou cinq bateaux à l’ancre. L’« Albertville » mouille à 1000 mètres de terre. Il embarque des sacs de noix de cola dont les Sénégalais sont friands. Quant aux passagers, pour monter à bord, ils sont hissés à la grue dans une sorte de nacelle en bois assez semblable à ces petites voitures de nos carroussels forains, où les enfants apprennent le goût et les dangers des voyages circulaires. Un de ces passagers, en costume de « capitula », fait sensation. Il arrive de l’Oubanghi-Chari avec 4 1/2 tonnes d’ivoire frais. Il confesse avoir abattu de son rifle plus de deux cents éléphants. Comme on le félicite : « Peuh ! fait-il d’un ton à la fois dégagé et modeste. Simple chasse commerciale ! » En effet…

Tandis qu’on étale sur un pont d’arrière le trésor de ses pointes et de ses escarvelles, le steamer reprend sa route. Il dépasse tour à tour la république noire de Liberia où se poursuit, depuis cent ans, une expérience médiocrement encourageante de l’« Afrique aux Africains », puis Sierra-Leone, chère aux philathélistes. Et voici, sur les côtes de la Guinée, — où chante, dans nos mémoires, la complainte du Petit navire, — l’escale de Konakry. Aux dernières heures du jour, en plein orage, l’« Albertville » y fait halte, dans un prestigieux cadre d’îles montagneuses, que les éclairs, tels des feux de projecteurs, font brusquement et tour à tour sortir de l’ombre.

Plus haut vers le Nord, c’est la Gambie anglaise, puis le Sénégal et l’arrêt classique à Dakar, port animé, ville prospère et non sans élégance, où la colonisation française révèle sa singulière emprise sur les indigènes. Spectacle amusant et instructif à la fois de ces noirs mi-civilisés, bons citoyens et bons soldats de la République, très à l’aise dans cette sorte de préfecture africaine où les modes parisiennes voisinent avec les amples gandourahs de toile bleue des trafiquants de Mauritanie et avec les burnous des fils du Désert qui passent sur leurs chameaux efflanqués.

À ce point précis, la proximité de l’Europe se fait sentir. Encore deux ou trois jours de navigation, le soleil apaisera ses ardeurs. Les casques et les vêtements blancs disparaissent

* * *

Ténérife est à peine africaine. C’est plutôt un coin de l’Espagne andalouse, avec d’admirables vues de terre et de mer, sous un climat exquis. De loin, le pic de Téide se dévoile dans l’aube nacrée. Le port de Santa-Cruz, où nous débarquons de bonne heure, est déjà tout animé de trafic. La petite capitale des Canaries s’éveille à la voix claire de ses campaniles. Mais dans les faubourgs, les cottages qui s’accrochent aux flancs de la montagne, prolongent encore leur sommeil, sous leur robe d’oléandres, de clématites et de liserons. L’île, que nous parcourons en auto, nous révèle, en une randonnée de quelques heures, ses richesses et ses beautés. San Cristofo de la Laguna, Tacoronte, Orotava datent des premières années de la conquête sur les Guanches. Dans des rues étroites et sombres, la surprise est grande de découvrir de superbes maisons patriciennes, aux hautaines façades de pierre où saillent des grilles ouvragées et des écussons compliqués. Et dans les églises du xvie siècle, qui semblent sœurs de certaines de nos églises west-flamandes, les dévotions populaires illuminent, parmi les ex-votos, les broderies et les pierreries, d’émouvantes images du Christ et de la Vierge, — chargées de lourds vêtements. On nous montre au passage un somptueux mausolée qui s’élève au milieu d’un jardin antique et silencieux. Et l’histoire de ce monument vaudrait d’être contée par un Mérimée ou un Barbey d’Aurevilly. C’est la revanche d’une mère qui se vit refuser naguère par le clergé de l’île des funérailles religieuses pour son fils, auquel son affiliation aux sociétés secrètes avait valu l’excommunication. Puisque son cher mort était tenu pour indigne de reposer en terre bénite et au cimetière commun, la fière matrone voulut du moins apaiser par ce monument royal les tourments de son amour maternel et de son aristocratique orgueil. Elle y dépensa, dit-on, le plus clair de son bien. L’Espagne mystique et chevaleresque côtoie, d’ailleurs, ici une vie très moderne et élégante, où les résidents anglais prennent une large part. C’est surtout la vallée de l’Orotava qui les attire. Dominée par le Pic, et dominant elle-même un beau panorama maritime, elle est tapissée d’immenses cultures fruitières. Sa beauté justifie l’admiration qu’éprouvait pour elle le grand voyageur Humbold, qui la célébra avec lyrisme.

À Ténériffe le pavillon belge est depuis longtemps familier. Il le devient peu à peu à Casablanca, où nos bateaux du Congo stationnent désormais, à l’aller et au retour. Excellente initiative qui — entre autres profits, — met à la portée de nos coloniaux la leçon des merveilles que la France, sous l’impulsion du maréchal Lyautey, a fait surgir au Maroc depuis dix ans. Casablanca, cité toute neuve et d’une vie intense, révèle et résume, de façon saisissante, la grande puissance agricole et commerciale qui se substitue graduellement au mystérieux Moghreb-el-Aksa. Ce vieil empire chérifien, immobile comme l’Islam, on en retrouve le décor à Marrakech, à Fez, voire à Tanger. Ici, c’est à peine si quelques teintes et reflets d’Orient se mêlent au tableau que forment les bâtiments battant neuf, les grands magasins à l’européenne et les maisons de rapport. On croirait débarquer dans un petit Marseille, où les « Teurs » seraient plus nombreux que dans le grand. Pour couper la « barre » qui rend si difficile d’accès tous les ports de la côte occidentale d’Afrique, une superbe jetée s’allonge déjà à 1,600 mètres en mer. À proximité du port, aboutissent les voies ferrées et les services d’auto-cars, dont Casablanca constitue le nœud vital. Autour de la ville, la plaine est unie et s’étend à perte de vue. D’un champ d’atterrissage, voici un avion qui s’élève dans le ciel bleu et prend le chemin d’Europe. Demain soir, il sera à Toulouse, narguant les Colonnes d’Hercule et les Pyrénées.

* * *

Nous voici maintenant presque au terme du périple entrepris.

Il y a deux heures à peine, au coup de midi, l’« Albertville » a arrêté ses machines pour s’associer à la cérémonie pieuse qui unissait, au même moment, tous les cœurs belges dans l’hommage au Soldat Inconnu. Nous stoppions à peu près à la hauteur de Nieuport, face à ce lambeau du sol sacre où, quatre années durant, la Belgique s’accrocha héroïquement, dans sa volonté de vivre et de vaincre. L’air était radieux et comme poudré des rayons de la victoire. Et voici que tout à coup, — telle la paix après l’armistice, — à l’entrée même de l’Escaut, un impitoyable brouillard s’est abattu sur l’estuaire, nous enveloppant et nous bloquant dans sa ouate humide et mélancolique. Le moment et le symbole sont propices pour ramasser en quelques conclusions générales tant d’impressions cueillies au cours de cette passionnante randonnée de trente mille kilomètres.

Je rentre du Congo avec une foi profonde et ardente dans les possibilités en quelque sorte infinies que nous assure notre colonie, réservoir inépuisable de matières premières et marché immense ouvert à nos industries. Aucun des obstacles que rencontre sa mise en valeur : insuffisance des transports, risques sanitaires, organisation de la main d’œuvre n’est au-dessus de nos forces. Là-bas, comme ici, comme partout, la vie ne se livre pas toute seule. Il faut la conquérir et la mériter. Mais nulle part sans doute la générosité de la nature ne répondra mieux à l’effort de l’homme. Cet effort en terrain vierge a donné déjà d’admirables résultats. N’oublions pas que la reconnaissance de l’État indépendant date de 37 ans et que la prise de possession par la Belgique remonte à quatorze années seulement.

En ce court « œvi spadium », quel pays, placé devant une tâche aussi titanesque, eût fait plus et mieux que la petite Belgique ? Dans l’ordre politique, un tel effort a grandi son prestige. Il lui permet, en un temps où les intérêts internationaux ne se débattent plus sur le seul échiquier européen, mais sur la carte du monde, de revendiquer une place que n’eussent point justifiée, à elles seules, ses étroites frontières. Dans l’ordre économique, au moment où les barrières douanières se dressent partout plus hautes, où maints débouchés d’avant-guerre sont fermés pour nous, où le déficit de nos exportations compromet nos conditions d’existence matérielle, cet empire colonial est un argument et un exutoire d’activité qui peut nous sauver, si nous le voulons. Dans l’ordre intellectuel et moral, c’est une incomparable école d’initiative, d’ingéniosité, de volonté, où notre nation doit élargir et élargit déjà ses conceptions et ses responsabilités. Mais si la moisson est immense, les ouvriers sont trop peu nombreux…

Il ne suffit pas que nous développions l’outillage de la colonie, en utilisant à cette fin les réparations de l’Allemagne ou les remplois de nos indemnités de guerre, voire en engageant davantage l’avenir financier de la métropole déjà grevé de tant de charges. Certes, il faut y construire de nouveaux railways et commencer par le plus urgent d’entre eux, celui du B. C. K. qui n’a que trop tardé ! Certes, il faut encourager l’industrialisation de nos exploitations coloniales et développer la formation professionnelle des indigènes. Mais il importe surtout que les Européens, — et les Belges les premiers, — apprennent à mieux connaître et à mieux suivre le chemin du Congo.

Voilà ce que j’ai éprouvé moi-même et ce que je souhaite pouvoir faire comprendre par d’autres.

Il faut que nos universités envoient chaque année là-bas, en voyage d’études et d’informations, l’élite de leurs facultés.

Il faut que nos innombrables groupements, — sociétés industrielles, commerciales, financières, charitables, philanthropiques, — et même nos sociétés d’art, de sport ou de tourisme aient à cœur de prolonger là-bas, — par la création de quelque succursale ou filiale, en s’intéressant à quelque effort pour le progrès moral ou matériel de notre colonie, — une activité ou un dévouement auxquels la colonie ouvre un champ immense.

Il faut que nos journaux fassent de même, — et que chacun d’eux tienne ses lecteurs au courant de notre vie nationale d’Afrique.

Il faut que cet Escaut, où j’écris ces lignes, « s’embouque », ainsi que disent les marins dans leur langage, à ce Congo que la Providence a dessiné pour draîner vers lui toutes les richesses de l’Afrique Centrale.

Il faut que notre colonie, dans nos écoles, dans nos réunions publiques, dans nos méditations et nos plans d’avenir, soit étudiée, soit comprise, soit aimée, soit servie comme une dixième province du Royaume.

Il faut que cet admirable Empire qui est nôtre par le don génial de Léopold II, par les sacrifices de nos explorateurs, de nos pionniers, de nos missionnaires, par les efforts que déploient en ce moment même, avec une vaillance de tous les jours, tant d’enfants de notre sol, devienne vraiment belge dans l’intimité de nos cœurs et de nos intelligences, par une coopération active et constante de toutes les forces vives d’une Nation décidée à prospérer et à grandir.