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Mon encrier, Tome 2/2

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Madame Jules Fournier (2p. 20-34).

RÉPLIQUE À M. AB DER HALDEN[1]



À Monsieur Ch. ab der Halden,
À Monsieur Ch. ab der HCaluire (Rhône).


Monsieur,


J’écrivais ici même, au mois d’août passé, que la littérature canadienne-française n’existe pas et n’existera probablement pas de sitôt. Et j’en donnais pour raison que, chez nous, les esprits les mieux doués pour les lettres sont détournés de cette carrière par l’absence d’un public liseur et par les nécessités matérielles.

En une fort belle lettre — si belle que vous me voyez tout confus, Monsieur, d’avoir à vous répondre — vous me démontrez péremptoirement que je suis au plus profond de l’erreur. Je ne demande pas mieux que de vous croire : cependant, voyons un peu, si vous le voulez bien, en quoi je me suis trompé, et pour cela confrontons successivement avec les objections que vous leur opposez les très-simples faits dont je pensais avoir prouvé la réalité.

Et d’abord, vous affirmez l’existence d’une littérature canadienne-française. Quelle preuve en donnez-vous ? Que Gaspé, Garneau, Crémazie et Buies ont laissé des pages de mérite, et que nous avons encore aujourd’hui des gens de talent.

Je n’ai jamais prétendu autre chose de ma vie, Monsieur. J’ai seulement dit qu’une douzaine de bons ouvrages de troisième ordre ne font pas plus une littérature qu’une hirondelle ne fait le printemps. Et si cela ne vous paraît pas évident, si vous persistez à croire que cela peut se discuter, je suis bien forcé de conclure que vous voulez à toutes forces vous moquer de nous.

J’ai encore écrit que rien, présentement, ne saurait faire présager la naissance prochaine d’une littérature à nous. Me suis-je trompé davantage sur ce point ? Cela supposerait la disparition au moins partielle des deux causes qui nous ont paralysés jusqu’ici et qui sont malheureusement aujourd’hui ce qu’elles étaient hier. Vous me répondez que ni l’une ni l’autre de ces causes n’a l’importance que je lui attribue ; la situation matérielle des littérateurs ne vous semble guère plus défavorable au Canada qu’en France, et vous jugez peu fondées mes plaintes au sujet de la critique, dont vous contestez l’influence heureuse sur le progrès des lettres.

« Les écrivains français ne sont pas tous des nababs. » Sans doute, Monsieur, mais vous m’accorderez que les petites fortunes sont, proportions gardées, beaucoup plus communes chez vous ; qu’une bonne partie de vos auteurs haut cotés en librairie, aujourd’hui, appartiennent à des familles à l’aise, qui leur ont facilité leurs débuts, et qu’enfin il existe en France, pour gagner sa vie dans les lettres, cent et mille moyens inconnus au Canada. Au moins, chez vous, un jeune homme peut toujours, en dernier recours, se faire bohème. Nous autres, nous n’avons même pas cette ressource. New-York est trop près de nous, Monsieur ; la mentalité américaine nous pénètre et nous déborde à notre insu, et la bohème, cette fleur de France, ne saurait s’acclimater sur nos rives. Joignez qu’il est bien plus facile de gagner de l’argent à Montréal qu’à Paris. Un jeune Français pauvre pourra bien se consacrer exclusivement à la littérature, estimant que, quant à jeûner, mieux vaut encore que ce soit dans cette carrière. Le jeune Canadien pauvre, au contraire, malgré son enthousiasme premier, n’attendra pas la trentaine pour briser sa plume ; tandis qu’il jeûne en mâchouillant des vers ou de la prose, il voit s’offrir à lui chaque jour une occasion nouvelle de sortir de la gêne pourvu qu’il veuille bien sacrifier ses rêves de gloire. Doit-on s’étonner s’il cède à la tentation ? Vos Français de France feraient comme lui. Monsieur.

Chez vous, un jeune homme a toujours l’espérance, même s’il est pauvre, d’atteindre au succès après plusieurs années d’un travail persévérant : chez nous, le succès dans les lettres est une loterie pour laquelle il ne se vend que de faux billets et à laquelle on perd toujours à coup sûr. Chez vous, il y a, pour faire prendre patience aux travailleurs consciencieux qui tardent à voir venir les gros tirages, des fonctions diverses, des chaires d’université petites ou grosses : chez nous, un homme remplissant les mêmes conditions se décourage après quelques années d’épreuves et de sacrifices, et il devient avocat, médecin… ou épicier ; très-fréquemment il se fera journaliste, et je vous assure, Monsieur, que l’épicerie, en notre pays, est une profession bien plus intellectuelle et, surtout, bien plus propre que le journalisme.

J’ai regretté que la critique n’existât pas au Canada, et selon vous nous sommes, au contraire, bien heureux de n’avoir « ni Sarceys, ni Faguets, ni Doumics ». Et, ayant rappelé le Commentaire de Voltaire sur Corneille, les attaques des classiques de 1830 contre Victor Hugo, vous pensez porter le dernier coup à la critique par cette assertion peu banale, que le meilleur des critiques n’est, après tout, qu’un assassin. — C’est bien ce que vous voulez dire, n’est-ce pas, lorsque vous écrivez : « Le bon Sarcey… a tué Henri Becque. Et c’était un brave homme. Jugez s’il eût été méchant. » — Mais dites donc, Monsieur ; est-ce moi ou vous qui nous livrons sur la critique « à tous les sévices auxquels les Iroquois de jadis se livraient sur leurs prisonniers » ? Et est-ce bien à vous de me reprocher ma cruauté ? Et savez-vous que je vous soupçonne fort d’être au fond, sous votre maquillage moins violent et sous vos attitudes de civilisé, tout aussi peau-rouge que je le suis ? J’ai dénoncé, il est vrai, les comptes-rendus bibliographiques de nos journaux nègres, en lesquels s’incorpore toute notre soi-disant critique. Mais jamais je n’aurais voulu, comme vous, m’attaquer à la critique française. Vous, cependant, Monsieur, vous qui pouvez tout dire « en restant de bonne humeur » ; vous qui excellez à toujours bien observer le « diapason » et qui n’oubliez jamais de mettre une sourdine à vos colères ; vous qui savez également bien habiller de dentelle vos emportements les plus fougueux et ganter de blanc vos railleries les plus noires ; vous, toujours soucieux de voiler, d’envelopper et de capitonner vos pensées trop sévères, trop dures ou trop blessantes, — faut-il que vous lui ayez voué une animosité féroce, un peu, à cette pauvre critique de chez vous, pour l’accabler comme vous faites ? Je ne cherche pas à m’expliquer cette haine, d’autant plus effroyable chez un homme qui sait tout dire « sans se fâcher”, ni si vous n’auriez pas quelque grief personnel contre cette horde d’assassins dont, suivant vous, se compose la critique française. J’aime mieux supposer que vous ne croyez pas un mot de ce que vous dites à ce sujet. Mettons, si vous n’y voyez pas d’objection, que vous avez voulu seulement vérifier votre virtuosité et éprouver votre diapason. Je ne veux rien dire à cela, mais vous n’attendez pas, j’espère bien, que je m’arrête à discuter votre thèse.

Aussi bien, si vous voulez parler sérieusement, conviendrons-nous tout de suite que la critique est, pour une littérature, un élément indispensable de progrès. Il est certaines choses, Monsieur, dont on ne sent parfaitement la valeur que lorsqu’on en est privé, — qui ont leur revers, comme toutes les médailles, — qui peuvent, suivant l’usage qu’on en fait, être très bonnes ou très mauvaises, comme les langues du vieil Ésope, — et dont on ne pourra jamais se passer. Elles paraissent parfois banales, ennuyeuses et choquantes, et il semblerait qu’on pût tout aussi bien les mettre de côté. Essayez. Oubliez votre parapluie en partant pour votre cours, recevez un orage sur le dos, et vous connaîtrez que votre parapluie est encore plus utile quand il pleut qu’il n’est encombrant quand il fait beau. Eh bien ! nous autres, Monsieur, au Canada, nous sommes continuellement à la pluie, — sous une averse de toute sorte de productions étranges et monstrueuses, monuments de platitude, d’ignorance et d’enflure, ouvrages piquants à force de fadeur, où le cocasse atteint au sublime, chefs-d’œuvre d’humour inconscient et de sereine absurdité, — livres à faire pleurer, journaux à donner le délire. Je voudrais vous voir, sous ce déluge, pour vous demander votre avis sur l’utilité des parapluies et sur la valeur de la critique. Si vous n’attachez pas plus de prix à ces deux institutions, c’est qu’en France vous n’en avez jamais manqué ; aux maux que vous imposerait leur privation vous pourriez mesurer leur mérite. C’est ce que nous faisons, nous, Monsieur ; “croyez ce que vous ne pouvez voir du point où vous êtes, et ce que nous voyons, nous autres, du point de vue où nous sommes placés”.

Au reste, ce que je regrette surtout chez nous, ce n’est pas tant — et il s’en faut de beaucoup — l’absence d’une critique véritable, que la présence de ce simulacre de critique dénoncé par moi avec une virulence que vous vous déclarez inhabile à comprendre. Et j’ajoute que, cette sorte de critique, je ne la déplore pas autant pour elle-même que pour le triste état d’esprit qu’elle indique chez notre population. Je me suis probablement mal exprimé, mais tout ce que j’ai voulu dire, c’est qu’il n’y aura rien à espérer pour l’avenir de nos lettres tant que des gazettes comme celles dont nous sommes affligés — avec leurs comptes-rendus bibliographiques qu’on dirait fabriqués par des aliénés — vous savez trop bien que je n’exagère pas — pourront trouver des lecteurs jusque parmi nos classes soi-disant instruites. Si je me mets en colère — ce qui est bien inutile, je vous l’accorde, — contre cette prétendue critique, c’est qu’elle me montre, tel un baromètre, le degré d’indifférence de nos gens pour les choses de l’esprit ; c’est qu’elle me fournit une autre preuve — et combien frappante ! — de la stagnation intellectuelle de mes compatriotes.

Voilà le grand mal, Monsieur, et d’où découlent tous les autres. Voilà le grand obstacle à la création d’une littérature canadienne-française. Savez-vous dans quel milieu nous vivons, dans quelle atmosphère ? Je me suis permis déjà de vous dire que vous ne me paraissez pas vous en douter. Nos gens — et je parle des plus passables, de ceux qui ont fait des études secondaires — ne savent pas lire. Ils ignorent tout des auteurs français contemporains. Les sept-huitièmes d’entre eux n’ont jamais lu deux pages de Victor Hugo et ignorent jusqu’au nom de Taine. Ils pourront, à l’occasion, acheter des ouvrages canadiens, mais qu’ils se garderont bien d’ouvrir, non parce qu’ils les jugeront inférieurs mais simplement parce qu’ils n’aiment pas à lire. Ils sont fort occupés par leurs affaires professionnelles ; mais je vous demande si cette excuse, en votre pays, justifierait un homme de leur état de ne pas lire, durant toute une année, une seule page de littérature. Ils n’ont pas de goût. Le sens des choses de l’esprit leur manque. Cela, tous les enfants de France le sucent avec le lait maternel, le respirent avec l’air : or, ce que vous acquérez à votre insu, nous ne pouvons le gagner que par des efforts réfléchis et acharnés. Non-seulement l’expression anglaise nous envahit, mais l’esprit anglais. Nos Canadiens français parlent encore en français, ils pensent déjà en anglais. Ou, du moins, ils ne pensent plus en français. Nous n’avons plus la mentalité française. Nous tenons encore à la France — et beaucoup — par le cœur, mais presque plus par l’intelligence. Nous ne sommes pas encore des Anglais, nous ne sommes plus des Français.

Cela explique que nous ayons pour journaux des feuilles qui ne vivraient pas deux jours en France, et une critique à l’avenant. Et c’est pourquoi nos jeunes gens un peu doués ne se sentent guère tentés, les premières illusions passées, de persévérer dans une carrière où ils sont sûrs de ne rencontrer que les pire déboires et d’où ils n’ont qu’à s’évader pour échapper à la gêne et même arriver à l’aisance.

Malgré tout, vous voulez nous trouver des raisons d’espérer. Vous nous en donnez d’exquises. “Vous ne souffrez pas, dites-vous, de cette surproduction qui nous accable.” C’est vrai, Monsieur ; et vous auriez pu ajouter que ce rare avantage, il n’y a, pour le partager avec nous dans les mêmes proportions, que le Groënland, la Terre de Feu, la Côte d’Ivoire, et quelques autres contrées également très connues par leur littérature.

Vous voyez que je vous accorde beaucoup. Puis-je, en retour, vous demander une concession ? Franchement, tenez-vous beaucoup au titre de votre ouvrage “sur la littérature canadienne-française” ? Voulez-vous que je vous dise ? à votre place j’y renoncerais. Voyez-vous, la qualité première de votre langue est la clarté, par conséquent la précision, et ce serait vraiment dommage qu’un aussi beau livre commençât par une faute de français. Or, vous savez très bien que nous n’avons pas de littérature, et vous n’aviez pas besoin de moi pour vous l’apprendre. Ne craignez pas de nous blesser en énonçant une vérité que nul esprit sérieux, même chez nous, ne songerait à nier, et soyez sûr que votre franchise nous plaira plus que vos compliments, évidemment excessifs. Parce qu’un Moscovite aurait fait un livre français qui ne serait pas trop mal, vous croiriez-vous en droit, même si pareil accident se répétait à sept ou huit reprises, de parler de la littérature russo-française ? Quand le viconte Joseph de Maistre fit les Soirées de Saint-Pétersbourg, pensez-vous qu’il posât les bases d’une nouvelle littérature ?

Vous parlez d’une littérature canadienne ; mais pouvez-vous prétendre que Nelligan et Lozeau — nos deux seuls poètes un peu remarquables — soient des écrivains canadiens ? Qu’y a-t-il de canadien dans leurs oeuvres ? Nelligan et Lozeau sont de notre pays, mais je vous défie bien de me montrer chez eux plus de préoccupation des choses de chez nous que vous n’en trouverez chez Verlaine, chez M. Henri de Régnier ou chez M. de Montesquiou-Fezensac. Vos compatriotes ne reconnaîtront chez eux rien d’exotique, et rien, sauf certaines faiblesses explicables seulement par l’influence d’un autre milieu, ne saurait trahir leur origine. Ils sont, comme la plupart de vos jeunes d’aujourd’hui, les bâtards de tous les poètes morbides et laborieux de ces vingt dernières années. Ils sont inspirés par la même muse neurasthénique et savante, parlent la même langue, usent des mêmes rythmes. Toutes leurs qualités, et presque tous leurs défauts, sont les mêmes. Enfin, ils traitent les mêmes sujets. Je vous demande un peu sur quoi vous pouvez bien vous fonder, après cela, pour classer Nelligan et Lozeau parmi les auteurs canadiens et non point parmi les auteurs français. Et, même si j’omets cette objection, il me reste toujours que vous ne pouvez trouver parmi toutes nos productions, prose comme vers, plus de douze ouvrages de troisième ordre, — et encore suis-je bien généreux.

Si j’avais un conseil à vous donner, je vous dirais : — “Cessez, Monsieur, de parler de notre littérature. Cela pourrait venir à vous faire tort auprès de nos rares Canadiens qui se donnent la peine de couper les feuillets des livres qu’ils achètent. On finirait — encore que vous déclariez très-expressément ne rien attendre de mes compatriotes — par prendre pour de la flatterie ce qui n’est que de la bienveillance très grande et très sincère.”

Et j’ajouterais :

“Continuez quand même, Monsieur, de parler de nous. Procurez quand même à nos rares écrivains la satisfaction douce et précieuse, et que rien ne remplace, de constater que quelqu’un d’intelligent s’occupe d’eux. Soyez-leur indulgent, et épargnez-leur non-seulement la raillerie mais aussi les jugements sévères. Ne perdez pas de vue le côté difficile et pénible de leur situation. N’oubliez pas que seulement pour apprendre à écrire le français avec correction ils sont tenus à des efforts énormes. Songez que l’anglicisme est répandu partout comme un brouillard devant nos idées. Pensez que nous avons pour voisin un peuple de quatre-vingts millions d’hommes dont la civilisation ardemment positive, les conceptions toutes prosaïques et les préoccupations exclusivement matérielles sont la négation de l’idéal français, — un peuple d’une vie et d’une activité effrayantes, à cause de cela attirant comme un gouffre, et qui projette sur nous, jour et nuit, la monstrueuse fumée de ses usines ou l’ombre colossale de ses sky-scrapers. Rappelez-vous que même au Canada les deux-tiers des gens parlent l’anglais : que, un peu par notre faute, beaucoup à cause de circonstances contre lesquelles nous ne pouvons rien, nous sommes inférieurs à nos concitoyens d’autre origine sous le rapport de la richesse et sous le rapport de l’influence, — et que, malgré tout, nous subissons l’ambiance, nettement et fortement américaine. L’état d’écrivain chez nous n’a donc rien de très enviable. Le Canada est le paradis de l’homme d’affaires, c’est l’enfer de l’homme de lettres.


“Pour toutes ces raisons, vous devez une large bienveillance à ceux de nos gens qui ont du talent et le courage de l’exercer. Mais suivant moi vous leur avez jusqu’ici prodigué beaucoup trop de fleurs. Surtout, vous ne me paraissez point avoir fait la différence assez grande entre les meilleurs et les pires. Il faut bien croire que “tout est affaire de diapason”, puisque vous le dites, mais ayez garde, Monsieur, que tout le monde, ici, ne comprendra pas cela. Il y a même grand danger que notre public prenne vos écrits tout à fait au pied de la lettre ; il ne saisit que très-difficilement les sous-entendus et il ne sait pas du tout lire entre les lignes. Donc, n’essayez point de vous faire entendre à demi-mot, et, si vous voulez sourire là où nous ririons, du moins que votre sourire soit pleinement ébauché.”

C’est à cette condition que vous nous serez vraiment utile. Ainsi vous pourrez encourager nos travailleurs de mérite, à qui vous renverrez un écho de leurs œuvres. Ainsi vous pourrez les protéger, en élevant au-dessus de leurs têtes — et des nôtres — ce parapluie dont je vous parlais tout à l’heure et dont ils ont si grand besoin.

Quant à votre littérature canadienne-française, c’est un beau rêve, Monsieur, dont on pourra, peut-être, entrevoir la réalisation dans une cinquantaine d’années, — une magnifique découverte dans l’avenir. Et, à moins que notre race ne soit destinée à disparaître de ce continent, vous aurez plus tard l’honneur d’être connu comme le précurseur de la critique canadienne. Vous l’aurez d’autant mieux mérité que votre foi robuste n’aura pas peu contribué, sans doute, à faire naître cette littérature dont vous affirmez dès aujourd’hui l’existence, en dépit de la réalité contraire.

En croyant à des fleurs, souvent on les fait naître.

Il faudra, pour cette frêle tigé que vous voulez transplanter aux bords du Saint-Laurent, quelques rayons du soleil des Gaules : vous nous les enverrez, Monsieur, par-delà les mers, et quand vous aurez fait ce miracle, peut-être verrons-nous la fleur pousser.

En attendant, croyez bien, Monsieur, à l’assurance de mes sentiments très sympathiques.

  1. Lettre publiée dans la Revue Canadienne de février 1907 et faisant suite à l’article intitulé : Comme Préface.