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Monsieur le Marquis de Pontanges/Ch. 46

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Monsieur le Marquis de Pontanges
Œuvres complètes de Delphine de GirardinHenri PlonTome 2 (p. 430).


XIV.

CHANGEMENTS.


En retournant chez lui, Lionel fut effrayé du chemin qu’avaient fait ses sentiments.

La veille, à cette même place, il ne rêvait que Laurence, Laurence et sa beauté, Laurence et sa douleur, si belle, si noble, si touchante ; Laurence qu’il ne devait revoir jamais… C’est elle qu’il invoquait dans ses regrets… c’est elle qui régnait sur sa vie ; c’est à elle que s’adressaient tous ses vœux. Et maintenant, c’est une autre image qu’il rapporte… c’est une autre voix qu’il entend…

Ô misère !

À la même heure, la veille, il méditait de se séparer de Clémentine, de se soustraire, n’importe comment, à son mariage…

Et ce soir… il gémit d’être là, seul, chez lui, quand il est marié à une si jolie femme !

Et il se dit avec impatience : — Demain !…

Et il maudit les tapissiers qui n’ont pas arrangé son appartement…

Et il trouve que Clémentine a été coquette en le renvoyant de si bonne heure…

Et il se rappelle combien elle était jolie, combien elle avait l’air de l’aimer !…

Et il trouvait son mensonge adorable…

Et il oubliait qu’il devait se battre le lendemain avec Ferdinand, parce que Ferdinand l’avait empêché d’abandonner cette même femme dont il rêve avec tant d’amour…

Il se couche et il s’endort en disant : — Clémentine !…

Ô horreur !

C’est pourtant très-naturel.