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Notice sur la chapelle de Saint-Maurice d’Orzilhac

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NOTICE
sur la
CHAPELLE DE SAINT-MAURICE D’ORZILHAC



À deux lieues environ de la ville du Puy, entre Brives et Coubon, se dresse, isolée au milieu de la plaine, une montagne dont la forme étrange excite l’étonnement du promeneur. Au milieu des bois taillis qui recouvrent ses flancs, apparaissent des roches bizarrement contournées et un long et étroit plateau la couronne. Du sommet, la vue embrasse un admirable paysage. Au midi, la vallée de Coubon et le château de Bouzols ; à l’ouest, les collines du Bouchet et la ligne sombre des bois de Séneujols ; au nord, les maisons blanches de Brives, éparpillées sur les bords de la Loire ; à l’est, enfin, dominant le Mégal et la chaîne des Cévennes, la crête noire et nue du mont Mezenc.

À l’extrémité ouest du plateau, sur une petite éminence, l’on aperçoit quelques pans de mur couverts d’un lichen rougeâtre qui leur donne une teinte de rouille. Après un examen attentif, l’on parvient à reconnaître les traces d’une ancienne habitation. Là, en effet, dit la tradition, fut le prieuré de Saint-Maurice-de-Manhaure.

Nous avons eu la fantaisie de recueillir quelques renseignements sur ce petit ermitage perdu au sommet d’une montagne et dont le nom n’a jamais été prononcé dans les annales de notre pays. Grâce à l’aide bienveillante de M. le bibliothécaire de la ville et de M. l’archiviste du département, nous sommes parvenu à rassembler quelques documents. Mais notre curiosité a été déçue ; aucun fait réellement intéressant ne se rattache au prieuré de Saint-Maurice et cette courte étude ne sera qu’une sèche nomenclature de ventes et de donations.

La chapelle de Saint-Maurice est mentionnée pour la première fois dans une bulle du pape Alexandre III (1er avril 1179) qui énumère les différents bénéfices dépendants du Monastier. On y lit :

Ecclesiam de Cubono, capellam de Bosoli, ecclesiam sancti Mauricii, ecclesiam de Lantriaco.

Dans une bulle du pape Clément IV, du 3 mai 1272, nous voyons également citée une ecclesia sancti Mauricii, proche de Coubon et de Lantriac.

Nous trouvons dans un inventaire de Saint-Pierre-le-Monastier les titres de plusieurs actes se rapportant à la chapelle de Saint-Maurice et datant du XIVe et du XVe siècle.

De ces différents actes, il résulte que le prieuré de Saint-Maurice-de-Manhaure dépendait du couvent de Saint-Pierre-le-Monastier du Puy. Nous lisons, en effet, dans l’inventaire les mentions suivantes : « Titre par lequel il appert que le prieuré de Saint-Maurice, proche d’Orzilhac, est de la dépendance du couvent de Saint-Pierre-le-Monastier et qu’on y avait vu tenir les assises et audiences par les officiers dudit couvent de Saint-Pierre où sont insérées les lettres de sauvegarde du roi qui maintiennent ledit couvent en leurs droits et privilèges, le tout comme est dans un parchemin de l’an 1332 : « Sauvegarde accordée par le roi portant maintenue pour le couvent de Saint-Pierre-le-Monastier pour les droits qu’il a au prieuré de Saint-Maurice-d’Orzilhac, de l’an 1333, signé Besson, en parchemin. »

« Donation et rémission faite par frère Jacques Reynoard religieux en faveur du prieur de Saint-Pierre-le-Monastier du Puy de tout le droit, action et prétention qu’il pouvait avoir et disait lui appartenir sur le prieuré de Saint-Maurice, proche Orzilhac, mandement de Bouzols, annexé avec le prieuré dudit Saint-Pierre-le-Monastier, de l’an 1332. »

Les habitants du village d’Orzilhac semblent avoir été sous la dépendance féodale du prieur de Saint-Maurice. Nous lisons, en effet, dans le même inventaire de Saint-Pierre-le-Monastier :

« Vente passée par Jean Reynald et sa femme en faveur de Guillaume Valansson d’une dîme sur le terroir de la Payral, au village des Eyrauds, dans laquelle M. le prieur de Saint-Maurice, comme seigneur, quitte des lods sous la réserve de 2 cartons seigle, mesure d’Orzilhac, pour censive à lui due. Reçu Depautet notaire, de l’an 1312.

Reconnaissance en féodale de 2 champs à Orzilhac par Jean Esgalenc, en faveur du prieur de Saint-Maurice de Coubon, au cens de 2 cartons froment portables à Orzilhac, à laquelle censive a été abonné le droit qu’il avait de prendre le tiers des récoltes et sans préjudice des cens précédents desdites 2 pièces, en parchemin du 3 mai 1359, signé Bessières notaire. »

En 1484, un sieur André Descombes, religieux franciscain, fait donation d’une vigne au prieur de Saint-Maurice, Jacques Aulanhier, à la condition qu’une messe sera célébrée, chaque quinzaine, dans la chapelle du prieuré. Cette vigne était située dans le vignoble de Manhaure qui existe encore actuellement.

La date de la destruction du prieuré nous est aussi inconnue que celle de sa naissance. Il est probable qu’au commencement du XVIIe siècle, ou à la fin du xvie, après les guerres religieuses peut-être, le prieuré fut abandonné par les moines bénédictins. En 1664 en effet, le prieur et les religieux de Saint-Pierre-le-Monastier, agissant comme prieurs de Coubon, donnèrent permission au frère Jacques Eino, ermite de l’ordre de Saint-Antoine « d’habiter pendant sa vie dans leur ermitage de Saint-Maurice et de jouir de certains fonds incultes, qui sont autour dudit ermitage pour y faire un jardin. » L’ermitage de Saint-Maurice de Manhaure devint probablement désert à la mort du frère Jacques Eino.

Henri BLANC.