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Odes (Horace, Leconte de Lisle)/III/21

La bibliothèque libre.
1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
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Ode XXI. — À UNE AMPHORE.


Ô née avec moi, sous Manlius consul, soit que tu contiennes les plaintes, ou les jeux, ou les querelles, ou les amours insensées, ou le sommeil facile, ô pieuse amphore !

Tu n’en gardes pas moins un Massicus choisi, et tu es digne de fêter un jour heureux. Viens, Corvinus l’ordonnant, nous verser ton vieux vin.

Il ne te négligera pas, farouche, bien qu’il soit imbu des maximes Socratiques. On dit que la vertu de Cato l’ancien fut souvent échauffée par le vin.

Tu touches par une douce violence l’esprit le plus rigide ; tu révèles, à l’aide du joyeux Lyæus, les soucis des sages et leur pensée secrète.

Tu rends l’espérance aux âmes anxieuses, tu relèves les forces et la tête du pauvre, et, après toi, il ne craint ni les diadèmes des rois irrités, ni les armes des soldats.

Liber, et Venus, si, propice, elle vient à nous, et les Grâces qui ne rompent point leur nœud te feront durer, à la clarté des lampes, jusqu’à l’heure où Phœbus, revenant, chasse les astres.