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Page:Éléonore ou l’Heureuse personne, 1799.djvu/127

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de la constance ; en partant elle l’avait juré, promis du fond du cœur ; mais elle était si jolie, elle avait tant d’adorateurs, et quand on a goûté de l’inconstance, il est bien difficile d’y renoncer : enfin elle n’avait qu’un an, il fallait en jouir.

Ces jours s’écoulaient rapidement. Au bonheur d’aimer et d’être aimée, elle joignait le plaisir de tromper. Hélas ! il faut l’avouer à la honte de l’humanité, tromper est pour l’homme et la femme une satisfaction dont il est impossible de se défendre. Cent fois maudissant son cœur, sa faiblesse et les circonstances, elle fut sur le point d’avouer ses torts et d’y renoncer ; mais pourquoi chagriner son ami, s’il eut été sage, ne se fût-il pas écrié, pourquoi révéler ce qu’il est si doux d’ignorer. Une aimable erreur vaut mieux qu’une triste vérité ; de si bons mo-