Page:Éluard - Une leçon de morale, 1949.djvu/152

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Et les mots doux des amoureux et les berceuses
Et les travaux font un silence à tout casser
Les hirondelles de la vue se sont fermées
Un petit feu violet a désossé Marie
Un souffle excrémentiel effacé Max et Pierre

L’enfer défunt sèche à la pointe des clochers
Une auréole d’ombre étrangle tous les fronts
Un héros baigne dans le sang d’un criminel

L’heure se fige sur l’égout et sur la vague
Une lèpre d’azur mange les derniers arbres
Il pleut il ne pleut pas et le beau temps grimace
Peut-être n’y a-t-il jamais rien eu sur terre
Puisque la mort s’affiche comme une naissance

Tout est détruit je vois d’avance les chantiers
Où tout est terminé la charrue et la faulx
Ont saisi de leur bec des pelotes de nerfs

Le miroir du génie coquet coquin cocasse
Reflète dans sa lave une arme ridicule
A-t-on comparé l’aube au premier des désirs
A-t-on jamais su lire au flanc d’un ventre plein
L’homme était-il de pierre et la femme de cendres