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Aujourd’hui j’ai conscience de mes illusions

Sur le seuil de l’amour je n’avais que vacances
Et sur la table immense de la vie heureuse
J’accordais les saisons d’une seule mesure
Les formes du plaisir limitaient mes pensées

Le lieu de ma jeunesse m’est inaccessible

J’étais jeune la pluie arrosait mes jardins
La fumée du soleil enivrait mon sommeil
J’étais jeune je jouais comme un rire respire
J’avais pour le présent la passion des naïfs

Je ne suis plus le même l’ombre m’a gagné

Non je ne tenais pas à devenir un homme
Mes mouvements d’espoir étaient involontaires
Aujourd’hui l’avenir ne naît plus dans mon cœur
Je calcule demain à partir de ma mort.

Au bien :

Du premier jour où la bonté
Reprend le pas retrouve terre
Aux jours généreux des victoires
Se définit ma volonté