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Page:Émile Nelligan et son œuvre.djvu/175

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PASTELS ET PORCELAINES



LE SAXE DE FAMILLE




Donc, ta voix de bronze est éteinte :
Te voilà muet à jamais !
L’heure plus ne vibre ou ne tinte
Dans la grand’salle que j’aimais,

Où je venais, après l’étude,
Fumer le soir, rythmant des vers,
Où l’abri du monde pervers
Éternisant ma solitude.

Sur le buffet aux tons noircis
De chêne très ancien, ton ombre
Lamente-t-elle, Saxe sombre,
Toute une époque de soucis ?

Serait-ce qu’un chagrin qui tue
T’a harcelé comme un remords,
Ô grande horloge qui t’es tue
Depuis que les parents sont morts ?