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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 3.djvu/412

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LE PALAIS DE LA VANITÉ

leurs diadèmes, étaient éblouissants. Le jeune voyageur, que nous appellerons désormais Alméric, en était ravi.

Les hommes ne le cédaient point en parure aux femmes, dans ce salon : ils portaient des habits de velours brodés en diamants, et sur leur tête une toque surmontée de quatre plumes dignes d’orner le chapeau d’une reine.

— Quels sont ces grands personnages ? demanda Alméric au mendiant.

— Ce sont les domestiques de la maison, répondit-il.

En effet, dès que ces princes virent entrer les deux voyageurs, ils vinrent prendre leurs ordres et leur demander s’ils désiraient visiter le palais.

— Peste ! dit Alméric en lui-même, voilà des gens bien tenus !

Cependant la crainte d’être indiscret lui fit dire : — Peut-être allons-nous déranger les habitants de ce palais en les visitant à cette heure ; peut-être…

— Déranger les habitants du palais de la Vanité ! s’écria le mendiant avec ironie ; ah ! jeune homme, je vous en défie ! ils ne sont ici que pour se faire voir, on ne les gêne pas en venant les admirer : c’est comme si vous aviez peur de déranger les acteurs en allant les voir au théâtre !

Le jeune étranger ne put s’empêcher de rire de cette réflexion.


— Montrez-nous les merveilles de ce palais, dit le vieillard. Voici un voyageur qui désire l’habiter ; mais avant de former un vœu, il lui faut connaître qui vous êtes ; passez devant, et conduisez-nous.

Le voyageur fut très-surpris des manières sans façon que le mendiant prenait avec ces valets si superbes, et de leur docilité à lui obéir ; il ignorait que la vanité de la philosophie doit avoir le pas sur toutes les autres. Tant de choses le surprenaient, qu’il n’osait plus faire de questions.

Une grosse femme, d’un âge mûr, qui remplissait les fonctions de femme de charge, s’avança aussitôt pour remettre les clefs du palais au valet qui devait conduire les deux hôtes ; Alméric vit alors derrière elle deux petits pages qui portaient