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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 3.djvu/67

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OU DEUX AMOURS

M. d’Héréville ; d’ailleurs, M. de la Fresnaye avait quitté Bellegarde depuis huit jours. Et comme Marguerite, tout le temps du voyage, était sous la douce influence d’Étienne, elle se dit très-franchement :

M. d’Héréville ?… Eh bien, j’aime mieux ça !



VII.

On arriva à Paris. Étienne courut bien vite voir où en étaient les travaux commencés dans l’appartement qu’il devait habiter avec Marguerite. Tout dépendait pour lui de l’arrangement plus ou moins prochain de ce nouveau logis : son mariage, c’est-à-dire son bonheur. Cet appartement était au premier, dans un des beaux hôtels de la rue d’Anjou ; Étienne monte précipitamment l’escalier… Il veut ouvrir la porte, elle est fermée à clef… Comment ! les ouvriers ne sont donc pas là ? Il commençait à s’impatienter, une idée agréable le calma aussitôt : « Ils ont terminé leurs travaux, pensa-t-il, et l’on m’attend pour donner des ordres aux tapissiers… » Il descend l’escalier rapidement et interroge le portier.

— Vous n’avez plus d’ouvriers ?

— Non, monsieur… Est-ce qu’on peut les tenir, ces êtres-là ! L’architèque a beau les tourmenter tous les jours, ils font semblant de venir, et ils ne l’écoutent pas.

— Comment ! tout n’est donc pas fini là-haut ?

— Fini !… eh ! à peine si c’est commencé.

— Mais les peintres ne viennent donc pas tous les jours ?

— Si, ils viennent chercher leurs couleurs, leurs échelles, leurs pinceaux, et puis ils vont travailler ailleurs. Quelquefois il y en a trois ou quatre qui se mettent à l’ouvrage de bon cœur et en chantant à tue-tête. « Bon, me dis-je, les voilà en train, ça va marcher rondement… » et puis pas du tout, il en arrive deux autres qui leur disent je ne sais quoi, et ils s’en vont tous ensemble.

Le portier avait, en faisant ces dénonciations, un petit air