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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 5.djvu/119

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LETTRES PARISIENNES (1841).

Que cette obole de votre âme
M’enrichisse au trésor de Dieu !

L’Orient sous son ciel de fête,
Prenant les astres pour autel,
Sur les minarets du Prophète
Fait prier la voix du mortel.

Le chrétien, dans ses basiliques,
Réveillant l’écho souterrain,
Fait gémir ses graves cantiques
Par la cloche aux fibres d’airain.

Moi, j’emprunte une voix de femme
Pour porter au ciel mes accents ;
Mon hymne, en passant par son âme,
Prend plus de pleurs et plus d’encens.

Ces vers valent mieux que le récit du bal de M. B…, n’est-ce pas ? mais nous vous le donnerons samedi, car désormais nous ne manquerons plus volontairement un seul feuilleton. Nous avons encore tant de choses à dire avant que Paris soit fortifié, pétrifié, mortifié et bêtifié !


LETTRE CINQUIÈME.

Les bals. — Le bal grandiose. — Le bal de vanité. — Le bal indigène.
Le bal de garçon. — Le bal de cour. — Le bal forcé.
21 février 1841.

Nous avons promis le récit du bal américain donné la semaine dernière ; ce récit sera moins brillant qu’on ne devait l’espérer. C’est ce qu’on appelle un bal manqué, parce qu’il n’y avait point d’harmonie, et que c’est l’harmonie qui fait la grâce et la beauté de toute chose. Pour être complète, il faut qu’une fête ait un caractère qui la dessine, un cachet que l’on reconnaisse, une signification qui soit comprise facilement. Il y a des fêtes, même dans le grand monde, de genres très-différents, et chacun a son mérite et son charme particulier ; c’est pourquoi il n’est pas permis de donner un bal qui n’ait aucune phy-