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Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 5.djvu/123

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testable qu’impossible dans l’hypothèse) de tout le système selon lequel s’accomplissent, depuis le commencement du monde, le Travail et les Échanges.

Il n’est donc pas de question plus grave. Je la reprendrai au point où la discussion l’a amenée.

Oui, Monsieur, vous avez raison. Comme vous dites, nous ne sommes séparés que par l’épaisseur d’une Équivoque portant sur les mots Usage et Propriété. Mais cette équivoque suffit pour que vous croyiez devoir marcher, plein de confiance, vers l’Occident, tandis que ma foi me pousse vers l’Orient. Entre nous, au point de départ, la distance est imperceptible, mais elle ne tarde pas à devenir un abîme incommensurable.

La première chose à faire, c’est de revenir sur nos pas, jusqu’à ce que nous ayons retrouvé le point de départ sur lequel nous sommes d’accord. Ce terrain qui nous est commun, c’est la mutualité des services.

J’avais dit : Celui qui prête une maison, un sac de blé, un rabot, une pièce de monnaie, un navire, en un mot une valeur, pour un temps déterminé, rend un service. Il doit donc recevoir, outre la restitution de cette valeur à l’échéance, un service équivalent. — Vous convenez qu’il doit, en effet, recevoir quelque chose. C’est un grand pas vers la solution, car c’est ce quelque chose que j’appelle intérêt.

Voyons, Monsieur, nous accordons-nous sur ce point de départ ? Vous me prêtez, pour toute l’année 1849, 1,000 fr. en écus, ou un instrument de travail estimé 1,000 fr., — ou un approvisionnement valant 1,000 fr., — ou une maison valant 1,000 fr. C’est en 1849 que je recueillerai tous les avantages que peut procurer cette valeur créée par votre travail et non par le mien. C’est en 1849 que vous vous priverez volontairement, en ma faveur, de ces avantages que vous pourriez très-légitimement vous réserver. Suffira-t-il, pour que nous soyons quittes, pour que les services aient