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INTRODUCTION

loppe le talent et perfectionne le goût », mais dont l’ouvrage était « rempli de vues saines et de traits d’un talent heureux et vrai ». Lacretelle s’attachait particulièrement aux ouvrages qui font bien penser de l’écrivain. Comme il avait démêlé dans le discours de Robespierre une très réelle valeur, pleine « d’espérances », il l’écrivit dans un journal de la capitale. L’académicien d’Arras dut en éprouver quelque légitime orgueil.

Dans les deux ouvrages couronnés par l’Académie de Metz, on trouve un grand nombre d’idées semblables. Lacretelle le remarqua. « Cela est au point, écrivait-il, qu’on ne manquerait pas de croire que l’un a été fait d’après l’autre, s’ils n’avaient été écrits dans le même tems, et par des hommes qui ne se connaissaient pas. On rencontre assez souvent cette singularité, qui est moins réelle qu’elle ne le paraît. Et cela doit tenir en garde les esprits justes et droits, sur l’inculpation de plagiat qu’on prodigue si aisément ». Cela prouve tout simplement que Lacretelle et Robespierre ont écrit d’après l’esprit de leur temps ; ils avaient lu les productions des philosophes, des historiens, des criminalistes. Leur originalité n’était pas dans les idées, mais dans la façon d’assimiler les idées communes, exposées avant eux.

Il est certain que Robespierre est le disciple fervent et fidèle de Montesquieu, qu’il cite d’ailleurs. C’est dans l’Esprit des Lois qu’il a puisé sa théorie de l’honneur, âme du gouvernement monarchique ; car on sent, comme disait Montaigne, qu’il a réduit ce livre en sang et en nourriture ; mais il s’est inspiré également d’ouvrages qui n’ont pas eu la même célébrité. En 1765, un certain Denesle avait écrit trois volumes sur l’Honneur[1], où l’on trouve des conceptions analogues mêlées à beaucoup de rhétorique stérile et vul-

  1. Les Préjugés du public sur l’Honneur avec des observations critiques, morales et historiques. À Paris, chez H.C. de Hansy, libraire, rue Saint-Jacques, près les Mathurins.