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Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/218

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Tandis qu’il parlait, Stellus, saisissant à pleins poings la resplendissante crinière, entonnait un chant d’allégresse : « Hippogriffe, hippogriffe libérateur, emporte-moi plus haut que le ciel. Pour obéir au divin vieillard nous irons, ô monstre, par delà les portes de l’horizon. Je chevaucherai au-dessus des villes, au-dessus des campagnes où j’ai souffert. Si nul ne nous attend au-dessus des mondes, errons à jamais dans le désert des constellations. Tu feras jaillir vers la terre à travers la nuit de joyeuses étincelles. Et moi je serai délivré ; je n’aurai plus à subir les hommes, je n’aurai plus à aimer les hommes et je connaîtrai enfin librement parmi les étoiles muettes la volupté d’être né solitaire. Mais si j’ai mérité, ô monstre sauveur, de retrouver ceux qui sont de ma race, emporte-moi vers eux. Cheval ailé, destrier digne d’un cavalier noble, emporte-moi enfin vers qui sont vraiment mes frères. Hippogriffe, hippogriffe libérateur ! comme un roi qui revient de la bataille, je rentrerai des pays de la vie vers ma haute demeure sidérale. »

Stellus caressait de la main l’encolure du cheval ailé. Les voûtes astrales s’ouvraient