Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naître des archers, les salutations, les marques de respect et d’affection remplacèrent ces préparatifs hostiles. Dès lors toute crainte d’un mauvais accueil s’évanouit.

« Où est Miller ? » fut la première question de Locksley.

« Sur la route de Rotherham.

— Avec combien d’hommes ?

— Avec six, et bon espoir de butin, s’il plaît à saint Nicolas.

— Bien parlé. Où est Allan-a-Dale ?

— Du côté de Watling, guettant le prieur de Jorvaulx.

— C’est bien pensé. Et le moine ?

— Dans sa cellule.

— Je vais aller le chercher. Vous autres, dispersez-vous, et rassemblez vos compagnons en aussi grand nombre que possible ; car il y a du gibier à chasser, et celui-là ne prendra pas la fuite. Trouvez-vous ici avant le point du jour. Attendez, ajouta-t-il, j’ai oublié le plus essentiel ; que deux de vous prennent la route du château de Front-de-Bœuf. Une bande de braves gens qui se sont déguisés sous notre costume, y conduisent des prisonniers, et il est de notre honneur de les en punir. Suivez-les de près ; car lors même qu’ils atteindraient Torquilstone avant que nous ayons réuni nos forces, nous devrons nous venger de leur audace en délivrant les prisonniers qu’ils ont faits. Suivez-les de près, vous dis-je, et que l’un de vous, le meilleur marcheur, m’apporte promptement des nouvelles de ces nouveaux yeomen. »

Ils partirent sur-le-champ dans diverses directions, pendant que leur chef et ses deux compagnons, qui le regardaient avec une crainte respectueuse, prirent le chemin de la chapelle de Copmanhurst.

Dès qu’ils furent arrivés à la petite clairière que blanchissaient les pâles rayons de la lune, et où l’on voyait la vénérable chapelle en ruine et le rustique ermitage, si bien placé pour un moine ascétique, Wamba dit tout bas à Gurth : « Si cette habitation est celle d’un voleur, elle rend très applicable ce vieux proverbe : « Plus on est près de l’église, plus on est loin de Dieu[1]. Par mes sonnettes ! ajouta-t-il, je crois qu’il en est ainsi : écoute seulement le psaume que l’on chante dans la cellule. » En effet, le cénobite et son hôte chantaient à plein gosier et de toute la force de leurs poumons une vieille chanson bachique dont voici le refrain :

  1. The nearer the Church the farther from God, dit le texte.