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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/340

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que l’on pût voir sa vaste rotondité, confirma cette heureuse nouvelle.

« Place ! enfants de la joie, s’écria-t-il ; place à votre père spirituel et pour son prisonnier. Oui, oui, célébrez mon arrivée… Me voici, noble chef, comme un aigle, tenant ma proie dans mes serres. » Et au milieu des éclats de rire de ceux qui l’entouraient, il s’avançait, tel qu’un majestueux triomphateur, tenant d’une main son énorme pertuisane, et de l’autre une corde dont l’un des bouts était attaché au cou du malheureux Isaac d’York, qui, courbé par le chagrin autant que par la terreur, marchait derrière le glorieux ermite.

« Où est Allan-a-Dale, continua ce dernier ; n’est-il pas là pour composer une ballade ou un virelai en mon honneur ? Par sainte Hermangild, ce mauvais ménétrier est toujours absent quand il se présente une bonne occasion de célébrer la valeur.

— Joyeux chapelain, lui dit le capitaine, je vois que tu as dit la messe de bonne heure aujourd’hui ; mais ce n’a pas été une messe sèche. Mais, au nom de saint Nicolas ! quel vieux cerf nous amènes-tu là ?

— Un captif que je dois à mon épée et à ma lance, ou plutôt à mon arc et à ma pertuisane. Et cependant, je puis dire que je l’ai tiré d’un esclavage bien plus terrible encore. Parle, Juif, ne t’ai-je pas racheté des griffes de Satan ? ne t’ai-je pas enseigné ton Credo, ton Pater et ton Ave Maria ? n’ai-je pas passé toute la nuit à boire à ta conversion, à t’expliquer les mystères ?

— Pour l’amour de Dieu ! s’écria le pauvre Juif, personne ne me délivrera-t-il des griffes de ce fou,… je veux dire des mains de ce saint homme ?

— Que veux dire ceci, Juif ? » dit l’ermite d’un ton menaçant ; « est-ce que tu te rétractes ? Prends-y garde ; si tu deviens relaps, quoique tu ne sois pas aussi tendre qu’un cochon de lait (et plût à Dieu que j’en eusse un pour mon déjeûner !) tu n’es cependant pas trop dur pour être rôti. Allons, Isaac, sois docile, et répète après moi la salutation angélique. Ave Maria

— Paix ! fou de moine, dit Locksley, point de profanations ! dis-nous plutôt où tu as fait cette capture.

— Par saint Dunstan ! je l’ai trouvé dans un endroit où je cherchais meilleure marchandise. J’étais entré dans la cave pour voir s’il n’y aurait rien à sauver ; car, quoiqu’une coupe de vin chaud mêlé d’épices soit une boisson digne d’un empereur, il me semblait