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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/398

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médecin qui puisse nous dire quels sont les ingrédients qui entrent dans la composition de cet onguent mystique.

Deux soi-disant médecins, l’un moine et l’autre barbier, s’avancèrent et déclarèrent qu’ils ne connaissaient pas les drogues qui entraient dans la composition de ce remède, mais qu’ils y trouvaient une odeur de myrrhe et de camphre, qui, disaient-ils, sont des herbes orientales. Mais, avec cette haine que les gens de leur profession montrent souvent contre celui qui, sans y être autorisé, obtient des succès dans l’exercice de leur art, ils insinuèrent que puisque la composition de ce remède leur était inconnue, il ne pouvait sortir que d’une pharmacie satanique ; car eux-mêmes, qui n’étaient nullement sorciers, connaissaient parfaitement toutes les branches de leur art, en tant qu’elles étaient compatibles avec la croyance d’un chrétien. Lorsque cette enquête médicale fut terminée, le paysan saxon demanda humblement qu’on lui rendît le remède qu’il avait trouvé si salutaire ; mais le grand-maître, fronçant le sourcil et le regardant d’un air sévère, lui dit : « Misérable ! quel est ton nom ?

— Higg, fils de Snell, répondit le paysan.

— Eh bien ! Higg, fils de Snell, sache qu’il vaut mieux être paralytique que de devoir sa guérison aux remèdes des infidèles, à qui le démon a donné le pouvoir de dire aussi : Lève-toi et marche ; qu’il vaut mieux dépouiller de vive force les infidèles de leurs trésors, que d’accepter les dons de leur bienveillance ou de se mettre à leur service pour des gages. Va, et profite de cette leçon.

— Hélas ! dit le paysan, n’en déplaise à Votre Révérence, cette leçon vient trop tard pour moi, car je suis incapable de rien faire ; mais je dirai à mes deux frères, qui sont au service du riche rabbin Nathan-Ben-Samuel, que Votre Grand’maîtrise dit qu’il est plus légitime de le voler que de le servir fidèlement.

— Qu’on fasse retirer ce misérable bavard ! » s’écria Beaumanoir qui ne s’attendait nullement à cette application pratique de sa maxime générale.

Higg, fils de Snell, à l’aide de ses béquilles, rentra dans la foule ; mais s’intéressant au sort de sa bienfaitrice, il resta dans la salle pour voir ce qui allait se passer, au risque de rencontrer de nouveau les regards de ce juge sévère, qui lui inspirait une si grande terreur que tout son corps en frissonnait.

Le grand-maître ordonna à Rébecca d’ôter son voile. Ouvrant