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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/115

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« Par ma foi, dit le page, cette bête à cornes est mieux logée que le reste des habitants du couvent.

— Vous devriez rester près d’elle, reprit Catherine, et remplacer par vos attentions filiales la progéniture qu’elle a eu le malheur de perdre.

— J’y resterai au moins pour vous aider à préparer ce dont elle a besoin pour la nuit, jolie Catherine, » dit Roland en saisissant une fourche.

« Non sans doute ; car, outre que vous ne connaissez rien à ce genre de service, vous me vaudriez quelque semonce, et j’en ai bien assez dans le cours ordinaire des choses.

— Quoi ! dans cette occasion vulgaire, pour accepter mon assistance, quand je dois être votre confédéré dans une affaire de haute importance ? Cela serait tout à fait sans raison ; et maintenant que j’y pense, pouvez-vous me dire quelle est cette grande entreprise à laquelle je suis destiné ?

— Il s’agit de dénicher des oiseaux, je présume, à en juger par le champion qu’on a choisi.

— Par ma foi, celui qui a enlevé un nid de faucons sur les roches de Polmoodie a fait quelque chose dont il peut se vanter. Mais laissons cela ; au diable les faucons et leur nid ! car c’est pour avoir voulu nourrir à ma guise ces maudits oiseaux que j’ai été embarqué dans cette équipée. Le bonheur de vous avoir rencontrée, ma jolie sœur, m’empêche seul de ronger mon poignard, de dépit de ma propre sottise. Mais puisque nous allons être compagnons de voyage…

— Compagnons de voyage ! non, dites plutôt compagnons de travaux ; car sachez, pour votre bien, que l’abbesse et moi nous partirons demain avant vous et votre respectable aïeule ; et si je souffre maintenant votre présence ici, c’est en partie parce qu’il se passera peut-être bien du temps avant que nous nous rencontrions de nouveau.

— Par saint André ! il n’en sera point ainsi ; je ne chasserai pas, si nous ne chassons de compagnie.

— Je suppose qu’en cela, comme dans tout le reste, il nous faudra faire ce qu’on nous ordonnera. Mais, écoutez ! J’entends la voix de ma tante. »

La vieille dame entra en effet, et lança un regard sévère à sa nièce, tandis que Roland saisit promptement le licou de la vache.