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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/27

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tes choses un degré d’intérêt que peuvent à peine concevoir ceux qui sont habitués à des scènes plus gaies et plus actives. Le jeune Roland était pour la dame Avenel ce que la fleur placée sur la fenêtre d’un prisonnier solitaire est pour le pauvre malheureux qui la soigné et la cultive, quelque chose qui réclamait et qui récompensait ses soins ; et en donnant à cet enfant des marques de tendresse, elle se sentait, pour ainsi dire, reconnaissante envers lui pour l’avoir tirée de ce triste état d’apathie où elle se laissait aller d’habitude pendant l’absence de sir Halbert Glendinning.

Cependant les charmes même du beau favori ne pouvaient bannir les inquiétudes toujours renaissantes que donnait à lady Avenel l’absence prolongée de son mari. Peu de temps après l’installation de Roland Græme au château, un domestique, dépêché par sir Halbert, était venu annoncer que des affaires d’importance retenaient encore le chevalier à la cour de Holy-Rood[1]. L’époque la plus éloignée fixée par le messager pour le retour de son maître se passa ; l’été fit place à l’automne, l’automne était au moment de fuir devant l’hiver, et cependant sir Halbert n’arrivait point.


CHAPITRE III.

le retour.


La lune de la moisson, sur son déclin, luisait encore large et brillante ; le cor de la sentinelle se fit entendre au milieu de la nuit ; et tandis que les deux battants de la porte s’ouvraient, les pieds des chevaux faisaient retentir le pavé.
Leyden.


« Et vous aussi, Roland, vous voudriez être soldat ? » dit à son jeune pupille la dame d’Avenel, qui, assise sur un banc de pierre à l’une des extrémités de la plate-forme de la tour, voyait l’enfant essayer, avec un long bâton, d’imiter les mouvements de la sentinelle, tour à tour portant, présentant ou baissant sa lance.

  1. Ancien palais des rois d’Écosse, aujourd’hui encore maison royale. C’est un des anciens édifices d’Édimbourg, près duquel sont les ruines du pavillon où Darnley époux de Marie Stuart, sauta en l’air. a. m.