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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/272

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Marie et ses dames refusèrent de le voir ou de l’entendre rendit un tel projet, s’il le nourrissait, tout à fait impraticable.

Cependant l’occasion d’augmenter les connaissances religieuses de Roland Græme, et de lui faire concevoir un sentiment convenable de ses devoirs envers le ciel, fut considérée par le bon homme comme une porte ouverte par la Providence pour le salut d’un pécheur. Il ne songeait pas, à la vérité, qu’il convertissait un papiste ; mais telle était l’ignorance que Roland montrait sur les points principaux de la doctrine réformée, que maître Henderson, tout en louant sa docilité en présence de lady Lochleven et de son petit-fils, manquait rarement d’ajouter que son vénérable frère, Henri Warden, devait être maintenant bien déchu en force et en esprit, puisqu’il trouvait un de ses catéchumènes si mal instruit sur les principes de sa croyance. Roland Græme, il est vrai, ne pensait pas qu’il fût nécessaire de lui donner le véritable motif de cette ignorance, à savoir, qu’il s’était fait un point d’honneur d’oublier tout ce que Henri Warden lui avait enseigné, aussitôt qu’il n’avait plus été obligé de le répéter comme une leçon apprise par routine. Les leçons de son nouvel instructeur, si elles n’étaient pas données avec autant d’autorité, étaient reçues d’une oreille plus docile, et avec un plus grand désir d’instruction : la solitude du château de Lochleven était d’ailleurs bien favorable à ces pensées plus graves que toutes celles que le page avait eues jusqu’ici. Il hésitait cependant encore comme une personne à demi persuadée. Mais son attention aux instructions du chapelain lui avait déjà gagné les faveurs mêmes de la vieille et sévère châtelaine : on lui permit une fois ou deux, mais avec de grandes précautions, d’aller au village voisin de Kinross, situé sur la terre ferme, pour remplir quelques commissions peu importantes dont l’avait chargé son infortunée maîtresse.

Pendant quelque temps, Roland Græme put être considéré comme neutre entre les deux partis qui habitaient la tour de Lochleven. Mais à mesure qu’il faisait des progrès dans l’opinion de la maîtresse du château et de son chapelain, il s’apercevait, à son grand chagrin, qu’il perdait du terrain dans celle de Marie et de ses femmes.

Il en vint par degrés à penser qu’il était regardé comme un espion de leurs discours : au lieu de l’aisance avec laquelle ces dames parlaient auparavant en sa présence, sans retenir aucun sentiment naturel de colère ou de chagrin, ou de joie, maintenant