Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— N’en doute pas, ils se feront entendre, et ils résonneront si haut que l’Écosse n’en ouïra jamais de pareils, avant ceux qui annonceront aux montagnes et aux vallées que le temps va faire place à l’éternité. Jusque là, sois constant et brave, sers Dieu et honore ta souveraine ; sois fidèle à ta religion. Je ne puis, je ne veux, je n’ose te demander la vérité sur les terribles nouvelles que j’ai apprises de ton refroidissement ; n’accomplis pas ce sacrifice maudit ; et même à cette heure, quoique bien tard, tu peux être ce que j’ai espéré pour le fils de mon espoir le plus cher : que dis-je ? le fils de mon espoir ! tu seras l’espérance de l’Écosse, son orgueil et son honneur ! tes désirs les plus insensés, les plus absurdes pourront s’accomplir. J’ai honte de mêler d’indignes motifs au noble prix que je t’offre. J’ai honte, telle que je suis, de parler des passions insensées de la jeunesse, si ce n’est pour les blâmer et les mépriser. Mais il faut, pour faire prendre aux enfants une médecine salutaire, les tenter par l’offre des douceurs. Ainsi il faut exciter les jeunes gens aux actions honorables par la promesse du plaisir. Écoute-moi donc, Roland, les affections de Catherine Seyton ne seront que pour celui qui opérera la délivrance de sa maîtresse ; et crois-moi, il peut être un jour en ton pouvoir de devenir cet heureux préféré. Chasse donc tes craintes et tes doutes ; prépare-toi à faire ce que ta religion réclame, ce que ton pays demande, ce que ton devoir comme sujet et serviteur exige impérieusement de toi : sois sûr que même les souhaits insensés de ton cœur s’accompliront aisément quand tu auras obéi à cet appel. »

Comme elle cessait de parler, un double coup se fit entendre à la porte intérieure. La matrone ajusta promptement son voile, et reprenant son siège près du foyer, elle demanda qui était là.

« Salvete in nomine sancto, » répondit-on du dehors.

« Salvete et vos, » reprit Madeleme Græme.

Et un homme entra, vêtu à la manière des gens qui composaient alors la suite des seigneurs ; il portait à sa ceinture une épée et un bouclier. « Je vous cherchais, dit-il, ma mère, et celui que je vois avec vous. » Puis, s’adressant à Roland Græme, il lui dit : « N’es-tu pas porteur d’un paquet de la part de George Douglas ?

— Oui, » reprit le page, se rappelant tout à coup celui qu’on lui avait confié le matin ; mais je ne puis le délivrer à quiconque n’a pas le droit de me le demander.